Il y a six mois, Priscillia Marival a fondé Un p’tit bout d’Asie, une association devenue aujourd ’hui entreprise. Son idée ? Créer des événements culturels en lien avec un pays d’Extrême-Orient. La Thaïlande ouvrira le bal.
Priscillia Marival est née à Bondy. Après avoir décroché un bac technologique en hôtellerie-restauration, elle se spécialise en réception, trouve du travail dans une chaîne hôtelière, devient coach formatrice. Elle s’installe à La Courneuve. Parcours impeccable, harmonieusement balisé.
Mais il n’y a pas que des balises dans la vie. Il y a tout le reste. De sa sphère familiale, Priscillia a gardé la dimension solaire, le goût des épices et des danses traditionnelles. De la Seine-Saint-Denis où elle a grandi, elle a puisé l’énergie créatrice, le contact enjoué. Elle est curieuse aussi, et passionnée... notamment par les séries asiatiques. « Je suis tombée amoureuse d’une série coréenne, explique-t-elle. Je me suis depuis ouverte à cette culture qui pratique le respect des aînés, qui a une vraie tradition culinaire... »
« L’idée est de mettre en contact des peintres, des auteurs, des photographes, des réalisateurs et des producteurs venant d’Asie avec le public français. »
C’est le point de départ de l’aventure. Malgré un emploi du temps professionnel chargé et des déplacements en province, elle prend des cours de coréen, se lance dans l’apprentissage de la langue thaïe. « On ne le sait pas mais énormément de Français s’intéressent à des artistes asiatiques très connus dans leur propre pays et, à travers ces artistes, à leur mode de vie », poursuit-elle.
Elle trouve que c’est dommage, mais très vite, poussée par son entourage, elle se dit que ce vide ne demande qu’à être comblé et c’est ainsi qu’elle crée, le 5 mars 2021, l’association Un petit bout d’Asie, avec la ferme intention d’organiser des concerts, des spectacles, des expositions et des fan meetings. Des fan meetings ? « Ce sont des événements qui permettent à des fans de rencontrer leurs artistes préférés, précise-t-elle. L’idée d’Un p’tit bout d’Asie est de mettre en contact des peintres, des auteurs, des photographes, des réalisateurs et des producteurs qui viennent d’Asie avec le public français. »
Chaque année, un pays sera mis à l’honneur : en 2022, ce sera la Thaïlande, en 2023 la Corée, en 2024 le Japon. « Autour d’une initiative centrale, des cours de langue, de danse, de sport, des ateliers de création de tenues traditionnelles, etc. seront proposés.
Des professeurs assureront la promotion de ces activités tout au long de l’année, annonce-t-elle. Nous permettrons aussi à nos invités de découvrir la culture française. »
Le multiculturalisme est une chance
Elle mesure l’ampleur du projet, décide alors que l’association doit devenir une entreprise et qu’elle doit s’y consacrer entièrement pour en assurer le succès. Elle se rend à l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), est sélectionnée pour participer au récent concours de pitchs organisé à la Maison pour tous Cesária-Évora dans le but d’aider les jeunes entrepreneur-euse-s de Plaine Commune. Elle n’est pas lauréate, mais saisit l’occasion pour échanger avec le représentant d’une banque qui assiste à l’initiative : « Il m’a dit : “Je pense que votre projet peut être un très beau projet, venez nous voir avec votre business plan.” »
Encouragée par la présence d’une communauté de fans importante qu’elle sait prête à la suivre, elle s’entoure alors d’une équipe de quatre femmes et programme le premier grand événement de la structure : la venue en France le 9 juillet prochain de Jeff Satur, acteur thaï pop, compositeur et musicien, et de Gameplay, cuisinier et acteur, qui resteront une semaine sur le territoire.
À travers ces propositions récréatives et festives qui mettent l’Asie à l’honneur, Priscillia espère faire de belles rencontres, associatives et humaines. « Je suis une enfant du monde. Le multiculturalisme est une chance, résume-t-elle. C’est important d’ouvrir son esprit, de développer sa curiosité, de se rendre compte que d’autres univers existent... »
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Léa Desjours