Jusque dans les années 1850, La Courneuve est un village exclusivement agricole dont l’activité est dominée par la culture des légumes, vendus aux halles de Paris. A partir de 1850, des industries chimiques s’installent et la ville prend un caractère vraiment industriel, avec la métallurgie, au cours de la Première Guerre Mondiale.
Les ouvriers affluent massivement durant les années 1920 et construisent leurs pavillons. De vastes terrains laissés libres par l’agriculture et l’industrie accueillent des grands ensembles (4000) dans les années 60 ainsi que le parc départemental. La ville garde de nombreuses traces de son histoire rurale et industrielle. Des bâtiments industriels réhabilités accueillent actuellement des services municipaux.
Quelques clefs de lecture du territoire et de l’histoire
L’histoire de la ville, son implantation, l’organisation de son réseau viaire et les activités qui s’y sont développées, agricoles puis industrielles, sont intimement liées à l’eau.
Sans entrer dans les détails, les premières traces d’occupation du territoire de la ville nous font remonter 1000 ans avant notre ère, à la fin de l’âge du Bronze, où la plaine inondable au nord de Paris offrait peu de lieux de franchissements.
C’est dans une zone moins marécageuse que le cheval de Saint Lucien aurait découvert, au IVe siècle après Jésus-Christ, une source miraculeuse, devenue dès lors, un lieu de culte. La Fontaine Saint Lucien est attestée jusque dans les années 1960. Elle se trouve aujourd’hui sous les HLM, au 48 rue Roger Salengro.
Aux origines du peuplement
Le premier foyer de peuplement du territoire était situé près de la source à l’emplacement de l’église Saint Lucien, où des sépultures chrétiennes du VIIe siècle ont été retrouvées. Il s’agit aujourd’hui du carrefour des Six-Routes. Le deuxième foyer a été institué par l’abbé Suger au XIIe siècle, c’est la Curia nova ou curtis nova, soit la «cour neuve».
Il s’agissait d’un petit manoir seigneurial de forme ronde, où le prévôt rendait sa justice et autour duquel les maisons paysannes se sont peu à peu agrégées. Il s’agit aujourd’hui des rues Chabrol, Villot et Edgar Quinet. Le village s’est essentiellement développé dans ces rues au Moyen-âge et à l’époque moderne.
Un troisième foyer de peuplement s’est constitué certainement au XIVe siècle entre Aubervilliers et La Courneuve, près du franchissement du ru du Montfort, au lieu-dit Crèvecœur. Un hameau s’est construit autour de quelques demeures de bourgeois Parisiens ou de Saint-Denis et le parcellaire a servi de trame au développement du quartier.
Un village agricole de trois hameaux
Ces trois foyers sont situés essentiellement, au sud et à l’ouest du territoire.
Les fermes de Marville, de Champtourterelle, de la Courtille et de Saint-Honoré exploitaient les terres adjacentes. Les trois hameaux et les fermes sont parfaitement visibles sur le cadastre de 181.
C’est autour de la Prévôté et de Crèvecœur que se sont construites, dans la première moitié du XIXe siècle, quelques maisons de culture nouvelles, rue de l’Abreuvoir et rue des Francs-tireurs. Car l’activité essentielle du territoire et de ses villageois, était jusqu’au XIXe, l’agriculture et depuis le XVIIe siècle, la culture des légumes «à la charrue» destinés à l’alimentation de la capitale. Le village a compté 400 à 500 habitants au XVIIIe siècle et jusqu’au milieu du XIXe siècle.
L’arrivée des maraîchers et des premières industries au XIXe siècle
Au milieu du XIXe siècle, des maraîchers parisiens, repoussés de la capitale par l’urbanisation et attirés par des terrains bon marché, s’installent dans les communes de banlieue et quelques dizaines viennent aménager des exploitations à La Courneuve. Ils trouvent de l’eau en abondance, dans le sous-sol.
Ils creusent des puits, installent des pompes, puis des citernes. Des industries chimiques de retraitement suivent le même chemin et sont attirées par les mêmes raisons : de l’eau, des espaces et la proximité des abattoirs de La Villette et d’Aubervilliers. Ce sont des fabriques d’engrais ou des boyauderies qui s’implantent principalement au sud de la ville non loin d’Aubervilliers ou de Saint-Denis. L’usine Witt et Lettelier est le plus ancien site industriel conservé.
La naissance d’une ville industrielle
En 1886, la gare ferroviaire d’Aubervilliers-La Courneuve est ouverte et marque le début de la deuxième industrialisation de la ville. La Compagnie de chemin de fer industrielle assure le transport des matières premières et permet l’arrivée des entreprises de métallurgie.
Sohier s’installe en 1887, Babcock en 1898, Johnson en 1907, Lemerle-Haumont en 1909, Corpet-Louvet en 1912, Mécano en 1914, etc. Les usines s’installent le long de la voie de chemin de fer et forment une vaste écharpe jusqu’au Bourget.
La véritable expansion démographique de la ville est étroitement liée à cette seconde phase. La ville acquiert son statut de ville industrielle au moment de la Première Guerre Mondiale lorsque toutes les entreprises travaillent à la fabrication de matériel militaire. L’industrialisation de la commune a duré près de 70 ans...
De la ville industrielle à la ville ouvrière
Ville industrielle, La Courneuve n’est pas encore une ville ouvrière après la Première Guerre. Une nouvelle mairie est construite près de la gare et du boulevard Pasteur. Autour, un nouveau quartier sort de terre.
Des équipements collectifs, marché alimentaire, lavoir, bains publics, et dispensaire sont construits dans l’actuelle rue Gabriel-Péri, ainsi qu’une nouvelle école (collège Poincaré) et des HBM, avenue de la République. Le tissu urbain se densifie entre ces trois noyaux primitifs de peuplement. Les villes de la banlieue alentour sont le théâtre d’opérations de lotissement de grande envergure et voient exploser leur population.
En raison du plan des embellissements de la ville, de la forte densité industrielle et de vitalité tardive de l’agriculture, La Courneuve est relativement épargnée par ce phénomène, hormis dans le quartier de la Route de Flandre, la Route Nationale 2, actuel quartier des Quatre-Routes.
Une quinzaine d’opérations de lotissement donnent naissance à un nouveau quartier populaire et pavillonnaire autour du carrefour des Quatre-Routes.
La population est essentiellement composée, dans un premier temps, de familles nombreuses, venant du 19e arrondissement parisien, d’ouvriers qui viennent s’employer dans les usines puis d’immigrés italiens, espagnols, polonais, etc. Des équipements collectifs, à commencer par une école, puis un lavoir, des bains publics, une «goutte de lait», un marché alimentaire, sont construits par la municipalité dans les années 1925-35.
L’église Saint-Yves est édifiée en 1933 ainsi que l’ensemble des HBM du «8-mai-1945», construit sur les plans de Georges Ferrant. Plus d’un millier de pavillons et des dizaines d’immeubles sont construits dans les années 20. Mais la Crise de 1929 donne un coup d’arrêt à l’élan de construction privée. Seule la municipalité poursuit des programmes collectifs.
À la veille de la Seconde guerre mondiale, La Courneuve est réellement devenue une ville ouvrière. Sa population est gravement touchée par le chômage de ces années de crise politique et économique.
Un destin industriel
La Seconde Guerre Mondiale a consacré le destin industriel de la ville et l’appareil de production a été mis à profit par la machine de guerre allemande.
En 1944, les alliés évitent soigneusement de bombarder les usines afin de préparer la reconstruction de la France. Durant les «Trente Glorieuses», les usines de La Courneuve tournent à plein régime.
Au début des années 1950, les conditions de logement sont précaires et des habitants en témoignent aujourd’hui: «nous n’étions pas pauvres et pourtant nous étions mal-logés».
La construction de grands ensembles de logements collectifs est décidée au niveau de l’état, en 1953. L’office des HLM de la ville entreprend la construction de grands ensembles. Il réalise 240 appartements à Barbusse en 1957, 190 à Anatole France et 190 Cité de Dugny en 1958. Ces HLM apportent une première réponse aux problèmes de logement d’une population qui vit dans des conditions difficiles et, depuis 1957, dans les baraques du bidonville de la Campa.
Les grands ensembles et les infrastructures
C’est le 11 février 1957 que le conseil municipal de La Courneuve ratifie la convention passée avec l’office des HLM de la ville de Paris en vue de construire 4234 logements à l’ouest de la ville. 38 hectares de terrains sont acquis dès 1958 et les maquettes des futures barres sont exposées au Grand Palais, au printemps 1961.
Le programme prévoit la construction de cinq appartements par jour en privilégiant une «préfabrication lourde». À partir de 1962, les milliers de logements sont livrés et très rapidement des malfaçons sont constatées. Les équipements collectifs prévus ne sont pas aménagés par l’office des HLM de la ville de Paris.
Construits pour 15 000 personnes, ce sont plus de 20 000 qui habitent les 4000, en 1975. Des nuisances sonores s’ajoutent à cette surpopulation. L’autoroute A1 passe à quelques mètres des 4000 Nord.
La municipalité et les habitants se mobilisent contre le tracé de l’A86 qui est finalement modifié. L’espace est cloisonné par ces infrastructures routières. Le projet de prolongation de l’A16 jusqu’à Paris est définitivement arrêté en raison de l’opposition des habitants et des élus.
La politique de la ville
Les 4000 deviennent le site pilote d’une politique de la ville en gestation.
L’ Etat veut y établir des infrastructures routières de desserte de dimension nationale ou internationale : A1, A86 et A16. Le département de la Seine veut des espaces verts et aménage le parc ; il souhaite des logements et l’office des HLM de la ville de Paris construit les 4000. Si nous ajoutons les logiques propres aux grands groupes industriels, celles des populations migrantes et celles des formations politiques, nous obtenons une ville kaléidoscope, bouillonnante, riche de sa diversité et fière de son histoire, une ville qui mérite d’être découverte, loin des clichés.
La municipalité présente en 1981 un programme de rénovation du quartier et obtient sa dévolution, en 1984. Le 18 février 1986, l’implosion de la barre Debussy est retransmise en direct lors du journal télévisé. Suivrons dès lors, d’autres démolitions, Ravel Presov, Renoir et Balzac.
La politique de renouvellement urbain ne résout cependant pas tous les problèmes des quartiers dits difficiles, notamment lorsque les médias les associent systématiquement au malaise des banlieues. L’ampleur des difficultés rencontrées quotidiennement par les habitants est à la hauteur du désengagement de l’état.
La collectivité a porté plainte devant la Halde en 2009 contre l’état français, pour discrimination territoriale. Car ce territoire est le lieu d’affrontement séculaire entre plusieurs logiques institutionnelles souvent contradictoires.
Pour plus de renseignements, s’adresser au service documentation/archives de la ville, 59 rue du Général-Schramm.
Tél.: 01 49 92 62 78
Plaine Commune, villes d'art et d'histoire : un label prestigieux
Neuf villes de la banlieue nord de Paris se partagent le vaste plateau de la Plaine : Aubervilliers, Epinay-sur-Seine, La Courneuve, L’Île-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, Stains et Villetaneuse. Longé par la Seine propice aux échanges, le territoire a bénéficié de l’attractivité de la capitale tout en développant au fil des siècles des activités spécifiques qui ont contribué à forger son identité.
Domaine de l’une des plus puissantes abbayes et carrefour commercial au Moyen Âge, cette terre fertile, nourricière, a été transformée au XIXe siècle par la révolution industrielle.
Cette histoire se traduit par un patrimoine d’une grande diversité : depuis les richesses archéologiques à l’architecture contemporaine, des cités-jardins aux grands ensembles, le patrimoine industriel, les parcs, le canal de Saint-Denis, la Seine et ses berges, ou encore les traditions maraîchères. Forte de son passé ouvrier, marqué par des luttes sociales et des vagues successives d’immigration, l’agglomération est aujourd’hui une banlieue populaire ouverte aux cultures du monde. Un terreau d’acteurs culturels, d’artistes et d’artisans, historiquement implantés sur le territoire, offre un fort potentiel à Plaine Commune, identifié comme « Territoire de la culture et de la création ». Plaine Commune a obtenu en 2014, le label « Villes d’art et d’histoire », décerné par le ministère de la Culture et de la Communication, pour la richesse de son patrimoine et le travail de transmission, valorisation, médiation, mis en œuvre et à venir auprès de tous les publics (habitants, visiteurs, salariés, étudiants, …).
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Les Jumelages
Dans un monde où les rapports entre les peuples sont généralement guidés par la volonté de domination, La Courneuve a fait le choix de se mobiliser pour la paix, de favoriser la coopération, la mutualisation, loin de la concurrence et de l'isolement. La ville entretient des liens étroits avec les villes de Vitulazio (Italie), Koimbani (Comores), le camp palestinien de Burj el-Shemali au Liban, Ocotal (Nicaragua) et Yako (Burkina Faso).
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