Depuis la rentrée 2024, les archives municipales de la Ville de La Courneuve rendent accessibles les fonds iconographiques, l'inventaire des archives ainsi que les collections artistiques et ethnographiques de la Ville sur un site dédié. À cela s'ajoute des ressources documentaires et cartographiques afin de mieux appréhender l'histoire de La Courneuve.
Pour vous renseigner sur les archives de La Courneuve, c'est ici.
Une mine d'informations sur la ville
Peu connu du grand public, le service des archives municipales abrite la mémoire patrimoniale de la ville. On peut y découvrir l’histoire de La Courneuve sous bien des aspects, en textes et en images.
Les archives municipales s’ouvrent de plain-pied sur une vaste salle dont les murs s’ornent de reproductions de cartes postales anciennes. « Nous en conservons 453 que nous avons fait numériser en 2000 et renumériser en haute définition cette année », explique Laurent Magré, archiviste depuis mars 2004. C’est lui qui veille sur le lieu, classe actes et dossiers, informatise certains d’entre eux, en assure le prêt au public qu’il reçoit. Car les archives municipales désignent tout à la fois les documents officiels de la collectivité, le service qui les conserve et les communique au public et le bâtiment qui les abrite.
2 000 mètres linéaires de documents
La pièce où sont entreposés les documents officiels fait la part belle à l’urbanisme – permis de construire, de démolir, déclarations de travaux, certificats et dossiers d’urbanisme. On y trouve également les registres des arrêtés, les délibérations et décisions municipales, les dossiers individuels du personnel. « Le plus ancien registre de délibérations municipales date de 1817, précise Laurent Magré. Nous avons un passeport qui date de 1803, des registres paroissiaux dont les plus anciens remontent à 1583. Nous avons inventorié environ 1 500 affiches, nous avons le cadastre ancien et le cadastre rénové de 1952, ainsi que des plans de la ville des années 20 et 30. Ici, des conditions d’hygrométrie particulières sont respectées car le papier n’aime pas la lumière, ni les écarts de température. »
Les documents et objets les plus précieux au regard de l’histoire de la ville sont d’ailleurs rangés dans deux armoires ignifugées. Ce sont les registres paroissiaux et d’état civil de 1792 à 1905, les registres des arrêtés municipaux et des délibérations du conseil municipal. Ainsi qu’un coussin sur lequel est brodé le blason de La Courneuve. « Le 15 mars 1918, un dépôt de munitions a explosé rue Maurice-Berteaux, raconte l’archiviste. De nombreux bâtiments ont été détruits, il y a eu une trentaine de morts, beaucoup de blessés. La municipalité a fait des efforts énormes pour se reconstruire entre 1918 et 1923 et, pour la féliciter, les autorités lui ont décerné la croix de guerre en 1923. » La croix de guerre a disparu, reste le coussin... La légende dit qu’elle aurait été volée par les Allemands qui l’auraient fondue pour récupérer le métal.
Au total, les versements d’archives que le service reçoit de la part des services municipaux représentent 30 mètres linéaires par an. La capacité d’accueil totale est d’environ 2 400 mètres linéaires. Or, presque 2 000 mètres linéaires sont occupés à l’heure actuelle. Le calcul est vite fait : à moyen terme, le magasin de conservation arrivera à saturation...
4 000 photos numérisées
Côté presse, les archives conservent sous format papier la collection reliée du Journal d’Aubervilliers depuis 1960 (qui s’est appelé 93 Actualités dans les années 80, puis 93 Hebdo dans les années 90) ainsi que tous les numéros de Regards depuis 1986. « Nous avons aussi une partie d’un fonds d’ouvrages, d’études, de mémoires d’étudiants et de thèses dont l’intégralité se trouve dans les anciens locaux du service Documentation, et beaucoup de textes sur l’histoire locale », ajoute Laurent Magré. Cette année, le fonds photos de Regards a été numérisé par grandes thématiques : les mouvements sociaux dans les années 60-70, les seniors, les colonies de vacances, les classes de neige, les 4 000, le site Babcock, etc., soit un peu plus de 4 000 photos dont les négatifs, tirages papier et planches-contacts se trouvent au sous-sol de la Maison de la citoyenneté James-Marson. Dans « le magasin des éliminables » sont stockés les documents destinés à une élimination future. « On ne peut pas tout garder, confie Laurent Magré. Il y a des circulaires qui nous autorisent à éliminer des documents au bout d’un certain délai de conservation. Ce magasin d’archivage intermédiaire connaît beaucoup de mouvement. »
Une partie de ces milliers de documents est consultable, entre autres les permis de construire, les autorisations d’urbanisme, les arrêtés municipaux, les délibérations du conseil municipal. « La crise sanitaire a profondément modifié le rythme de la venue des gens, déplore Laurent Magré. Beaucoup d’étudiants de différentes écoles d’architecture de Paris et de la région parisienne se déplaçaient pour accéder à des dossiers d’urbanisme concernant les anciennes usines de la ville. »
Récemment, les archives municipales se sont engagées dans un projet de portail numérique des collections patrimoniales qui nécessite un important travail de titrage et de légendage de photos. Bientôt, tout le monde pourra avoir accès à ce nouvel outil qui facilitera le prêt de collections, notamment pour les expositions en partenariat avec des institutions de la région.
Textes : Joëlle Cuvilliez ; photos : Léa Desjours
Un siècle de pratique sportive
Urbanisme, sport, sociologie, passé industriel... : les thèmes proposés par les ouvrages que l’on peut consulter sur place donnent un aperçu inédit et passionnant de la ville.
Mémoire d’usine, Rateau, histoire d’une entreprise ; La Courneuve, bibliographie des 4 000 ; La Courneuve, bibliographie, Histoire locale ; La Courneuve, des origines à 1900, d’Anne Lombard-Jourdan ; Rencontres à La Courneuve, d’Émile Breton : voilà quelques-uns des ouvrages que l’on peut consulter aux archives municipales. On y trouve aussi Un siècle de pratiques sportives (1906-2009), écrit par Jean-Michel Roy, docteur en histoire, attaché de conservation du patrimoine. C’est la brochure qui a accompagné une exposition conçue pour les Journées européennes du patrimoine de 2009. Elle fourmille d’informations étonnantes.
On y apprend que la plus ancienne photographie de sportifs à La Courneuve montre les joueurs du Red Star Club courneuvien, en 1907. Qu’un millier de Courneuvien-ne-s pratiquaient une activité sportive à la veille de la Seconde Guerre mondiale (entre 6 et 7 % de la population), 6 000 en 2003, soit 16 % de la population (plus de la moitié étant des jeunes pratiquant dans le cadre scolaire).
En 1911, les usines Babcock et Wilcox déclarent leur équipe de foot ; en 1936 sont créés le club Rateau et l’Union sportive courneuvienne. L’Office municipal des sports voit quant à lui le jour en février 1937. On y découvre que, plus près de nous, le club de canoë-kayak, meilleur club français dans les années 80, a donné trois champions de France. En 1984, Thierry Cossu et Fabrice Boissard relient Marseille à Alger en canoë. Dans un tout autre domaine, en 1985, Robert Laponce et Dominique Valadon, membres du Moto Sports courneuvien, participent au Paris-Dakar. Et, en 1996 et 1998, Jean-Baptiste Mendy, dit le « diamant noir », est sacré champion du monde de boxe WBC et WBA (deux des quatre grandes fédérations mondiales).
Autre brochure, autre porte d’entrée pour comprendre la ville : Bidonvilles, histoire et représentations, édité par ce qu’on appelait à l’époque le conseil général de la Seine-Saint-Denis, rappelle l’existence à La Courneuve d’un des plus grands bidonvilles de la région parisienne, La Campa, situé à l’emplacement de l’actuel parc départemental. Ce fut l’un des derniers à être rasé, en 1971.