L’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) et la Maison de l’initiative économique locale (Miel) ont organisé à la Maison pour tous Cesária-Évora un concours de pitchs à destination de jeunes entrepreneur-se-s. Parmi les quatre finalistes figurent Les Engagées courneuviennes…
Jeudi 9 septembre, la Maison pour tous Cesária-Évora a été le théâtre d’une finale d’un genre bien particulier. Quatorze jeunes entrepreneur-se-s face public devaient présenter à tour de rôle leur projet. Ils et elles disposaient de deux minutes montre en main pour convaincre les sept membres du jury chargés de les départager. Un enjeu de taille avec seulement quatre finalistes et… un chèque de 1 000 euros.
L’événement a été initiée par l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), en partenariat avec la Maison de l’initiative économique locale (Miel) afin de donner un coup de pouce financier aux micro-entrepreneur-euse-s résidant sur le territoire de Plaine Commune. « L’Adie a pensé organiser un concours de pitchs pour toucher les habitants des quartiers, explique Bérangère Marais, directrice territoriale de Seine-Saint-Denis à l’Adie. Nous avons choisi d’unir nos forces avec la Miel. »
« Nous avons recueilli une soixantaine de candidatures entre avril et juin et présélectionné quinze d’entre eux, précise Sylvie Saget, la directrice de la Miel. Un seul est absent aujourd’hui. »
La tension est palpable lors de chaque présentation de pitch. Il y a d’abord Les Engagées, avec le projet « Mieux manger à la taille de son porte-monnaie », Marie Audoux, qui souhaite ouvrir la première fromagerie d’Aubervilliers. Evans Mangena a créé une collection de vêtements écoresponsables vendue en ligne, Anne-Laure Giraudeau, Loi & Moi, une association qui permet de faire appel aux services d’avocat-e-s expérimentés pour désamorcer des situations litigieuses à petits prix.
Des projets très divers et solidaires
Ghislain Kuete Tad Zong défend Klivar, un outil destiné à protéger les données, tandis qu’Imoni Romba a besoin d’un apport pour convaincre les banques que ses confitures de bissap et d’ananas peuvent être lancées sur le marché. Jean-Luc Alexis Nouck, avec Numerividéo, veut aider les jeunes entreprises à réaliser leur vidéo. Wahidulla Safi Saidullah vient d’Afghanistan ; après un accident du travail, il aimerait bénéficier d’un accompagnement pour créer son propre emploi de livreur. Elyess Bakri est le fondateur d’Informatique solidaire qui propose des formations et la création de sites Internet à prix… solidaires. Fan meeting, de Priscilla Marival, organise de grands événements avec des artistes venus de pays asiatiques pour leur permettre de rencontrer leurs fans français. Philippe Bait a présenté sa première collection de bonnets et d’écharpes design tricotés avec des matières recyclées sous le label The Good Faith. Gali Moutou, 21 ans, étudiant en marketing, a monté Logiciels Kids pour aider les enfants à se réconcilier avec les maths. Habi Cissokho aimerait commercialiser le beurre de karité fourni par une coopérative de femmes. Enfin, Mamadou Sacko, avec Seraphin Paris, espère créer une marque de vêtements avec des matières naturelles – bois, algues, fleur de lotus, ananas et bananes, etc.
Le jury part délibérer. Et puis le verdict tombe et les lauréat-e-s laissent éclater leur joie : les confitures de Nini, Informatique solidaire, Les Engagées et Loi & Moi peuvent désormais faire confiance à leur créativité.
Textes : Joëlle Cuvilliez ; photos : Léa Desjours
Une entreprise courneuvienne récompensée
« Le projet est né avec la crise sanitaire, explique Sarra au nom des Engagées, le groupe des huit femmes courneuviennes primées. Nous avons constaté des besoins et nous avons voulu agir parce que nous avons tous le droit de bien manger. Action numéro 1, nous avons ramené des fruits, préparé des compotes et des confitures et nous les avons distribuées aux familles. Action numéro 2, nous avons organisé des commandes groupées de produits locaux, bio, adaptés à la taille du porte-monnaie des gens du quartier – fromage, miel, œufs, fruits et légumes. Les habitants s’inscrivent à la Maison pour tous et viennent récupérer leur panier la semaine suivante. Les commandes en grande quantité permettent d’obtenir des prix de gros. Nous envisageons maintenant d’ouvrir une boutique dans le quartier pour améliorer le quotidien des habitants. »