
Inoubliable interprète de Mon amie la rose en 1999, la chanteuse sera présente sur la grande scène du festival Courneuve Square le samedi 21 juin à 19h.
Le monde lui paraît semblable au film Hunger Games, cette dystopie cruelle où des adolescent·es s’entretuent au cours d’une émission télévisée pour mater tout désir de changement. Et s’il pouvait en être autrement ? espère Natacha Atlas. « “Et si ?” : c’est vraiment l’idée de base derrière l’album Parallel Universe », explique l’artiste, passant de l’anglais au français.
Accompagnée du violoniste égypto-britannique Samy Bishai, la chanteuse se réinvente libre dans un futur imaginaire plus apaisé. Elle vise, sans détour, le génocide en cours dans la bande à Gaza : « Il y a une chanson pour la Palestine : c’est un acte résolu de résistance. Il y a certains sujets qui peuvent faire l’objet de débat, pas celui-ci », insiste Natacha Atlas.
« Mes chansons sont capables d’exprimer une dualité sans jugement. Cela a donné beaucoup de force aux gens. »
Depuis ses débuts dans le monde artistique, l’artiste ne fait pas de compromis. Née en Belgique en 1964 d’une mère britannique et d’un père juif égyptien, elle fait le choix de ne pas choisir. Elle commence sa carrière en tant que danseuse du ventre dans des cabarets belges avant de rejoindre la scène alternative en Angleterre. Outre-Manche, elle mêle sonorité électronique et musique orientale au sein du collectif Transglobal Underground. « Je me suis toujours sentie comme une hybride », explique l’artiste.
Icône des diasporas
Dès son premier album solo en 1995, chanté en anglais et en arabe, elle devient une icône pour les diasporas : « Cela s’est fait naturellement, je ne l’ai pas calculé », jure la chanteuse. Le public français lui ouvre son cœur en 1999 avec sa reprise orientalisante de Mon amie la rose, préc demment interprétée par Françoise Hardy, qui lui vaudra une Victoire de la musique.
« Mes chansons sont capables d’exprimer une dualité sans jugement. Cela a donné beaucoup de force aux gens », constate-t-elle, lucide.
Face à l’état du monde, là aussi, elle ne sait quoi choisir. « J’essaie de garder espoir, mais il est vrai que l’on a beaucoup d’obstacles à surmonter », souffle-t-elle. Natacha Atlas a toujours mené ses combats à bras-le-corps, d’un concert en 2001 sous l’égide des Nations unies à son opposition à la politique israélienne. « Quand je peux, je vais dans la rue manifester. Sinon, je mets tout en musique, cela a toujours été là », insiste-t-elle.
Elle tient de sa mère – « une hippie qui [lui] parlait du capitalisme et de corruption » – son « côté un petit peu punk ». « Je deviens de plus en plus comme elle », admet la chanteuse, qui continue de partager sa vie entre le sud-ouest de la France, Le Caire et l’Angleterre. En musique, elle continue de se renouveler, s’essayant pour la première fois à l’autotune. Le message, lui, reste le même : « On a besoin de révolution. »
Texte : Méline Escrihuela ; photo : Samir Bahrir