Nafissa Hamadi : « J’agis sur l’environnement et le collectif »

Publiée le 18 févr. 2025

Nafissa Hamadi : « J’agis sur l’environnement et le collectif »

Nafissa Hamadi

Nafissa Hamadi est sociologue, cofondatrice et coordinatrice  de projet à l’association Orphanco. Depuis dix ans, à travers son travail associatif, la Courneuvienne cherche à ouvrir le champ des possibles pour  les habitant·es.

L’engagement ? Elle est née « dedans ». « Chez mes parents, c’était le siège de l’Association comorienne des Mdjoieziens en France. Ils faisaient les réunions dans notre salon, ils pouvaient être quarante ! Au début, j’aidais ma mère à les recevoir : j’installais les chaises pliantes et, comme j’étais une fille, j’allais aux fourneaux », sourit celle qui se présente comme une « féministe 2.0 ». Si la fillette profite surtout de ces occasions pour s’amuser avec les autres enfants, elle en perçoit le sens ensuite, en grandissant. « Je voyais des adultes qui faisaient des efforts, qui se déplaçaient d’un peu partout en Île-de-France, qui cotisaient… pour des projets en commun. » 

Alors, Nafissa Hamadi s’investit à son tour, en prenant des notes, en faisant du secrétariat. Et pour « récupérer le salon », elle installe la structure dans la Maison des associations du quartier. « Je voulais aussi qu’elle sorte du cadre familial, de la confidentialité, qu’elle ait un ancrage dans la vie. » L’engagement associatif de la diaspora comorienne devient même le sujet de son mémoire de maîtrise en sociologie. Quelques années plus tard, elle participe à la fondation de l’association de codéveloppement Orphanco (Orphelins et handicapés des Comores), « un peu par hasard ». « J’étais sur d’autres préoccupations, j’étais une jeune maman. Je m’en suis souvenue et j’ai repris la main après une déception professionnelle. » 

« Maintenant,  je mène  les projets que je veux »

Son premier « poste non alimentaire », le « poste de sa vie », n’a pas rempli ses promesses. Chargée de mission pour le programme de développement France-Comores à l’association Grdr Migration-Citoyenneté-Développement, elle se rend sur le terrain au mauvais moment, celui de la départementalisation de Mayotte. « J’ai morflé, j’étais considérée comme la vendue de service. » Elle manque aussi de liberté. « Je n’aime pas les cadres », glisse-t-elle avec malice. Après ce contrat, elle crée donc sa propre structure pour accompagner d’autres associations, sans trouver le bon modèle économique. Nafissa Hamadi reprend un travail alimentaire, mais consacre de plus en plus d’énergie à Orphanco. Elle s’engage finalement comme bénévole à temps plein, puis devient salariée. « Maintenant, je mène les projets que je veux, avec qui je veux, comme je veux ! » 

Sous son impulsion, l’association passe du codéveloppement à la médiation socioculturelle à l’échelle internationale. Accès aux droits et à la culture, accompagnement à l’insertion et à la parentalité… « Le but, c’est de donner un maximum de billes aux individus afin qu’ils puissent atteindre leur potentiel. Pour changer le quotidien, je fais un zoom arrière, j’agis sur l’environnement et le collectif. C’est mon côté sociologue, c’est complémentaire avec le travail de ma collègue psychologue. » Après les ateliers d’éveil aux langues, pour montrer aux petit·es et aux grand·es l’importance de la langue maternelle, elle s’implique désormais à fond dans les séjours de répit maternel. « C’est génial de sortir ce qu’il y a dans ma tête et de le partager. »  

Texte : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours

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