On ne les arrête plus. Après une heure et demie de poterie ce 21 mars à la Maison pour tous Aoua-Keïta, Houria et Ouarda n’en finissent pas de peaufiner leur tasse en argile. « C’est la première fois que j’en fais, ça détend vraiment », se réjouit la première. « Depuis que je suis arrivée en France, je n’ai plus le temps de faire des activités manuelles, avant je faisais de la couture, de la broderie… » commente la seconde.
Avec d’autres habitantes, elles profitent de l’atelier animé par Zineb Benzekri, de l’association La Zankà Cie, en résidence dans le quartier pour accompagner artistiquement la démolition du mail de Fontenay. « Je ne savais pas que ça s’appelait comme ça, je disais les 4 000 », rigole Houria, qui réside dans la rue Honoré-de-Balzac. Quel visage lui donner en argile ? « Celui d’un homme, parce qu’il est costaud ! » répond-elle. « Un homme vieux et fatigué, qui prend sa retraite », complète Ouarda. Les tasses serviront le 30 mai pour la grande fête des voisins organisée par La Zankà Cie devant La Poste. Ouarda et Mkirija habitent toutes les deux au Mail mais se connaissaient seulement « de visage », avant. « C’est bien, vous pouvez échanger vos prénoms maintenant », lance Zineb Benzekri. Les bâtiments se défont mais des liens se font.
Texte : Olivia Moulin ; photo : Roberta Valerio