Inquiétude pour le site Orangina

Publiée le 12 juin 2025

Inquiétude pour le site Orangina

Orangina

Le retrait d’un important commanditaire va faire perdre un tiers de sa production au site courneuvien du géant des boissons Suntory Beverage & Food (Orangina). Craignant la fermeture de leur usine, les salarié·es sont mobilisés et avancent des solutions.

Orangina à La Courneuve, c’est bientôt fini ? L’usine d’embouteillage, présente dans la ville depuis 1970, est l’un des quatre sites français du géant mondial des sodas Suntory Beverage & Food (Orangina), dont le siège est basé au Japon. Chaque année, le site embouteille des centaines de millions de litres de boissons bien connues : Oasis, Schweppes, Pulco, Maytena, Champomy et Orangina.
Mais une autre compagnie, PepsiCo, y sous-traite aussi la fabrication et le conditionnement d’une partie de sa production. Or, celle-ci vient d’an- noncer son retrait, soit un tiers des volumes du site, au profit d’une usine belge.

Devant l’inquiétude des 110 salarié·es en CDI, auxquels s’ajoutent une bonne quinzaine d’intérimaires, « la direction centrale de l’entreprise nous a déclaré, le jeudi 5 juin, que toutes les options étaient sur la table, y compris la fermeture du site », déplore Youen Le Noxaïc, délégué Force Ouvrière de l’usine.

Selon la direction des opérations, il faudra attendre octobre pour connaître la décision mais celle-ci affirme déjà qu’un nouvel investissement est écarté. Pourtant, selon l’élu syndical, « un petit accroissement de la capacité de stockage pourrait compenser la perte de Pepsi par une hausse de la production dans les marques Oasis et Schweppes Indian Tonic ».

Les salarié·es ont appris avec inquiétude que des investissements sont intervenus dans d’autres sites français du groupe, ce qui laisse craindre un rapatriement là-bas. « On a su que sur le site de Donnery, près d’Orléans, où travaillent 150 salariés en CDI, se construisaient 300 vestiaires supplémentaires », explique Youen Le Noxaïc. Or, pour les employé·es, ce serait un non-sens économique et environnemental, le site du 93 étant bien placé pour approvisionner la région parisienne et le nord de la France.

Ce serait même un gâchis, dans la mesure où le groupe a investi près de 30 millions d’euros en 2019 pour rajeunir le site, passant de 35 000 canettes à l’heure à près de 75 000. Le maire et les élu·es, qui ont rencontré les délégué·es syndicaux le 3 juin, soutiennent les salarié·es, mettant en avant l’enjeu de l’emploi local mais aussi l’absurdité de faire rouler des camions depuis des sites lointains pour alimenter les distributeurs franciliens. Est-ce qu’ils et elles seront entendus ? Après échange avec les délégué·es syndicaux centraux du groupe, le 18 juin, la décision sera prise d’organiser ou non une grève sur le site. 

Texte : Nicolas Liébault ; photo : Léa Desjours