Frédéric Robouant : « L’art permet de sortir du cadre »

Publiée le 14 mai 2025

Frédéric Robouant : « L’art permet de sortir du cadre »

Frédéric Robouant

Le Courneuvien de 36 ans, professeur de technique vocale et de formation musicale et musicien intervenant au Conservatoire à rayonnement régional Aubervilliers–La Courneuve, multiplie les projets auprès d’enfants, de jeunes et d’adultes pour qu’elles et ils puissent s’exprimer à travers la musique. 

Il parle surtout « d’émotions », de « respiration », de « vibrations »... Un rappel que l’apprentissage et l’enseignement de la musique ne sont pas seulement affaire de technicité. « J’ai eu des profs très durs, je jouais des morceaux de piano sans qu’on m’explique pourquoi on avait choisi ces pièces », raconte Frédéric Robouant. Depuis qu’il a commencé à travailler au Conservatoire à rayonnement régional Aubervilliers–La Courneuve (CRR 93), en 2011, il s’emploie donc à faire cours comme il aurait aimé qu’on lui fasse cours, « avec bienveillance, sensibilité et compréhension ».

Né à Saint-Denis avant de grandir à La Courneuve, cour des Maraîchers puis cité des Fleurs où il vit toujours, Frédéric Robouant est « tombé dans la musique par hasard ». Après sa scolarité à l’école Anatole-France, il intègre la CHAM (classe à horaires aménagés musique) « Chant choral et arts de la scène » du collège Gabriel-Péri à Aubervilliers, proposée par le CRR 93 et l’Éducation nationale. C’est une révélation. « Je ne me souviens plus si c’était en 4e ou en 3e, mais je suis allé voir la cheffe de chœur pour lui dire que je voulais faire le même métier qu’elle. Quand j’étais petit, je faisais semblant de diriger mes peluches en écoutant des CD de musique classique que ma grand-mère m’avait donnés, j’adorais les mener à la baguette et faire des gestes grandioses ! »

« Il faut composer avec les différences et se donner à fond. J’ai toujours eu une passion pour la transmission »

Une fois au lycée Jacques-Brel, il suit en parallèle des cours de piano et de chant lyrique au CRR 93 puis, le bac en poche, rejoint le Centre de formation des musicien·nes intervenant·es d’Orsay. Le diplôme permet d’enseigner dans des établissements scolaires, des centres de loisirs, des maisons de quartier... dans le cadre de projets d’éducation artistique et culturelle, comme la chorale inter-écoles qu’il dirige cette année avec des élèves de CM1 et de CM2 de Joliot-Curie, de Charlie-Chaplin et de Robespierre. « Ce n’est pas facile de chanter pour soi ou pour du monde, on est mis à nu. Il y a des enfants très inhibés, des enfants avec de petites voix... Il faut composer avec les différences et se donner à fond. J’ai toujours eu une passion pour la transmission », sourit Frédéric Robouant.

Alors il enchaîne les cours et les interventions, avec ou sans le CRR 93. Et plus les publics sont variés, plus il s’éclate. Il a dirigé la chorale d’adultes du CASC (comité d’activités sociales et culturelles) de la Ville, il voudrait travailler avec les seniors de la Maison Marcel-Paul et avec des détenu·es, il a appris le braille, le macaton –une forme de langage composée de signes et de pictogrammes– et s’est formé pour enseigner à des personnes en situation de handicap. « Je suis très sensible aux différents handicaps », explique celui qui est touché par un mouvement rythmique involontaire des yeux appelé nystagmus. « Je n’aime pas les normes, les codes, les cases. La musique, l’art en général, permet de sortir du cadre et de s’ouvrir à ses rêves et à son imaginaire. »

Textes : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours ; vidéo : Isabelle Meurisse