Une journée à l’heure de la Palestine et de l’Italie

Publiée le 26 juil. 2024

Une journée à l’heure de la Palestine et de l’Italie

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Le jeudi 25 juillet, deux délégations, palestinienne et italienne, étaient reçues par la Ville, avec au programme des échanges entre jeunes, des moments conviviaux, des activités sportives et… le passage de la flamme olympique.

On ne pouvait faire mieux : le jour même du passage de la flamme, la mairie de La Courneuve accueillait plusieurs délégations étrangères dont une vingtaine de sportives habitant dans six camps différents de réfugiés en Cisjordanie et une délégation d’Italiens provenant de Vitulazio avec laquelle la Ville est jumelée. La journée a commencé dans la salle des pas perdus de la mairie, où Gilles Poux a insisté sur l’esprit d’accueil de la ville et l’affrontement pacifique que représentent les Jeux. Puis, à la Maison de la citoyenneté (MDC) James-Marson, les jeunes palestiniennes ont pu répondre aux multiples questions des Courneuviens et Italiens. Participait notamment Ayoub Aaidane, du Conseil local de la jeunesse (CLJ), qui s'est rendu en Palestine en juillet 2023 dans le cadre du projet Jer'Est 2. Plusieurs vidéos tournées par les jeunes palestiniennes ont été projetées, décrivant les incursions meurtrières de l’armée israélienne dans le camp d'Askar, près de Naplouse. 

« On a tout perdu mais on va rester et on continue le combat »

Les questions des jeunes ont permis aux Palestiniennes de détailler leurs conditions de vie. Rien que pour parvenir jusqu’à la France, une jeune fille provenant du camp de Tulkarem a témoigné des pressions et humiliations de l’armée aux checkpoints, allant jusqu’à obliger les femmes de se déshabiller. Une jeune du camp de Djénine a évoqué la mort quotidienne dans les camps, les attaques contre sa maison, mais aussi la détermination des Palestiniens : « On a tout perdu mais on va rester et on continue le combat ». À la question d’une Courneuvienne : « Comment les jeunes femmes voient-elles leur avenir ? », la réponse a été à la fois : « On ne pense pas à l'avenir » et : « On a des projets, on aime la vie ». La couverture médiatique déformée de la situation à Gaza, par exemple l’omission des bombardements sur les distributions humanitaires, a été ensuite pointée.

Après un repas pris sur le site de La Courneuve Plage, les jeunes ont pratiqué, en équipes mixtes des différents pays, des jeux et activités sportives comme le ping-pong, le beachvolley à 4x4 et le basketball 4x4. Puis les discussions de la matinée ont repris à la MDC, où les jeunes ont notamment conclu que « les Palestiniens ont moins besoin d'aides humanitaires que d’un cessez-le-feu et de l'arrêt de l'occupation israélienne ». Contrastant avec le caractère dramatique des témoignages, tout le monde a pu assister par la suite au passage de la flamme olympique. Était notamment présent Miguel Angel Moratinos, haut représentant de l'Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC), partenaire de la Ville dans l’opération Les Médias C’est Nous. Après quoi la journée s’est terminée au parc départemental Georges-Valbon, avec l’allumage du chaudron symbolique par la flamme et le concert d’ouverture. Une riche journée pour les participants.

Textes : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours

Ansam Alazah, 20 ans, étudiante à l’université de Bir Zeit (Cisjordanie)

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Texte

« J’habite dans le camp d’Aida* à deux kilomètres au nord de Bethleem en Cisjordanie. Les conditions de vie y sont extrêmement difficiles. Les maisons sont collées les unes aux autres, il n’y a pas d’espace et la superficie du camp est très petite. Le camp est entouré de six tours de postes militaires israéliens et se trouve près de deux colonies. Je pratique le football depuis mon enfance. Pour moi, la musique, le sport, la culture sont des moyens de résister. Par la pratique sportive, on arrive à atteindre notre objectif, à dire qu’on existe, qu’on est comme les autres. Dans le camp d’Aida, il y a des associations qui proposent des activités sportives aux enfants, mais le fait que le camp soit assiégé par les militaires rend la pratique très difficile. Par exemple, nous jouons près du mur de séparation dans un endroit très petit et, quand les Israéliens nous voient jouer, ils viennent gâcher nos parties en nous lançant des gaz lacrymogènes. 

Personnellement, je suis favorable à interdire Israël de participer aux Jeux olympiques car un génocide est en cours et le sport n’est pas au-dessus de tout cela. Chaque enfant tué avait un rêve comme celui de faire du sport : on ne doit pas les oublier. »

*Camp de réfugiés créé par les Nations unies en 1950 face à l’exode de plus de 700 000 palestiniens suite à la guerre israélo-arabe de 1948 (NDLR)

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