Se mettre au diapason les un·e·s des autres

Publiée le 15 janv. 2024

Se mettre au diapason les un·e·s des autres

Harmonie municipale

Véritable lieu de convivialité, l’Orchestre d’harmonie de La Courneuve multiplie les projets et cherche de nouvelles recrues pour faire résonner ses notes encore plus fort.

C’est l’endroit idéal pour apprendre à faire ensemble. Ce 8 janvier, comme chaque lundi soir de période scolaire, les musicien-ne-s de l’Orchestre d’harmonie de La Courneuve se réunissent dans l’auditorium du lycée Denis-Papin pour répéter. Ici, on s’écoute, on se conseille et on se synchronise, on ne se vole pas la vedette. « Robert a un petit solo, il ne faut pas l’écraser », glisse ainsi le chef d’orchestre et directeur musical Yannick Thépault avant de lancer la lecture d’un morceau de musique klezmer. Passionné et spécialiste de cette musique traditionnelle, jouée lors des fêtes et des deuils par les juifs ashkénazes à travers toute l’Europe de l’Est avant la Seconde Guerre mondiale, le clarinettiste professionnel en a fait la signature de la formation. Mais elle offre un répertoire très varié : musique de film, classique, variété, jazz, musique traditionnelle africaine…

Contrairement à un orchestre symphonique, un orchestre d’harmonie (ou harmonie) ne comporte pas d’instruments à cordes – exception faite de la contrebasse –, remplacés par des clarinettes, des saxophones, des flûtes et des hautbois. Pour retracer l’histoire de celui de La Courneuve, il faut remonter au moins à 1875. « On n’a pas la date de création exacte », précise Yannick Thépault. D’abord baptisée Fanfare municipale, puis Harmonie municipale, la formation adopte le nom d’Orchestre d’harmonie de La Courneuve quand il en prend la direction en 1989. « Ça faisait déjà des années que j’y étais, j’y suis entré tout petiot, à 10-12 ans », sourit celui qui a maintenant 61 ans. Comme lui, plusieurs musicien-ne-s ont vécu à La Courneuve. Et comme lui aussi, plusieurs d’entre elles et eux ont profité ou profitent de la dimension intergénérationnelle et familiale de l’harmonie. « À un moment, mon beau-père et mon fils étaient dans l’orchestre ! »

Des spectacles associent musique et sport

Ce soir, les musicien-ne-s préparent notamment leur concert du 3 février au centre culturel Jean-Houdremont, avec la chorale des parents de l’école élémentaire Robespierre. Le chef d’orchestre, qui étrenne une tablette pour lire les partitions, veut « essayer un truc » sur le morceau « Armstrong » de Claude Nougaro, en doublant l’intro. « Il se la pète depuis qu’il a une tablette », rigole Robert, au hautbois. En plus de participer à des commémorations et à des événements comme la Fête de la musique, l’harmonie noue de nombreuses collaborations pour se faire entendre. Elle travaille régulièrement avec les établissements scolaires de la ville. Elle propose des spectacles associant musique et sport avec le club Tenchi Budokan, section capoeira, et avec des clubs de nanbudo (un autre art martial, né au Japon celui-ci) de Paris et de Bagneux. Elle accompagne à l’occasion une chorale d’hommes camerounaise.

Pour chaque projet, Yannick Thépault écrit les arrangements et les orchestrations lui-même. Du sur-mesure. « C’est vraiment fait par rapport à la personne qui joue de l’instrument », confirme la dernière venue dans l’orchestre, à la trompette, Oriane. « Au départ, je cherchais plutôt à rejoindre une fanfare, mais je trouve ça très sympa. On a des morceaux intéressants et il y a une bonne ambiance », poursuit la Courneuvienne. Le chef d’orchestre aimerait que cette arrivée soit suivie par d’autres. « Vingt-cinq, ce n’est pas assez, on a besoin de cuivres notamment. Et on n’a pas d’enfants ni de jeunes. Tous les musiciens sont les bienvenus, qu’ils aient une petite ou une grande expérience. » La musique, c’est mieux à plusieurs.

Textes : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours


Vous voulez plus d’informations ou rejoindre l’orchestre ? Contactez le 06 64 31 52 80.

Harmonie municipale

L’harmonie, un symbole de culture populaire

Si les premiers orchestres d’harmonie, apparus au XVIIe siècle, sont exclusivement militaires, ils prennent une autre dimension après la Révolution. Sous l’influence du mouvement orphéonique (des sociétés de chant puis de musique initiées par le compositeur Guillaume-Louis Bocquillon) notamment, il s’agit de diffuser la culture musicale dans le peuple, en donnant les moyens aux ouvrier-ère-s et aux employé-e-s de pratiquer un instrument et de découvrir les airs du patrimoine « savant ». À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, de nombreux orchestres d’harmonie sont ainsi créés dans les usines et dans les mines.

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