Un petit film réalisé par la classe de CM1B de l’école Saint-Exupéry a été sélectionné, ainsi que vingt-trois autres œuvres, comme lauréat du concours « Nous Autres » initié par l’ancien footballeur Lilian Thuram. La remise de prix a eu lieu le mardi 14 mai au musée du quai Branly – Jacques-Chirac. Le fruit d’un travail collectif mené par tous les élèves de la classe.
En quelques mois, les élèves de CM1B de l’école élémentaire Saint-Exupéry ont réalisé une œuvre cinématographique dans le cadre du projet « Nous Autres » imaginé par l’ancien footballeur Lilian Thuram à travers sa fondation contre le racisme qui porte son nom. Leur enseignante, Imène Bouras, a opté d’emblée pour le support de la vidéo alors que d’autres moyens auraient pu être choisis, comme créer des personnages en pâte à modeler ou réaliser des dessins.
De parfaits acteur-trice-s !
« J’ai tenté l’aventure du côté acting. Quatre figures de la lutte contre le racisme – Nelson Mandela, Rosa Parks, Martin Luther King et Angela Davis – ont alors été désignés, chacun étant incarné tout à tour à l’écran par un élève lors de discours célèbres ou de situations de vie. La vidéo se termine par une poésie récitée en chœur par tous les élèves. » Le titre de leur œuvre : Tous égaux.
La professeure explique : « On a étudié des personnages, puis on a parlé de racisme en enseignement moral et civique. Nous avons ensuite regardé des vidéos d’époque, comme le fameux discours “I have a dream” du grand défenseur américain des droits civiques Martin Luther King, pour comprendre la posture au-delà de la langue. »
La vie de Nelson Mandela, devenu président de l’Afrique du Sud après l’apartheid, a aussi été racontée en classe, afin de mieux faire comprendre aux élèves qui il était, pourquoi il est resté en prison, en consultant quelques photos d’époque, par exemple de Noirs chassés par des Blancs.
L’épisode Rosa Parks, femme noire qui a refusé de se lever pour laisser sa place à un Blanc dans un bus à Montgomery dans l’Alabama, a aussi fait l’objet d’une petite scène : « On s’est rendus à l’entrepôt de bus pour la jouer grâce à l’entremise de la mairie », précise Imène Bouras. Quant à Angela Davis, militante afro-américaine lors de la guerre du Vietnam, « elle est encore vivante, ce qui a surpris les élèves ». Des acteur-trice-s ont été choisis dans la classe après un casting, même si d’autres élèves étaient prêts à servir de doublures, comme Sengou, Seydou ou Nathan. « Des élèves en grand retard d’apprentissage se sont révélés : une prouesse. Ils ont tout appris par cœur, ce sont de parfaits acteurs ! » se réjouit Imène Bouras.
Travailler sur le racisme
Charlie Nguyen Dai, étudiant en licence de cinéma, est venu filmer et faire les prises de vues aux côtés de futurs ingénieurs du son, disposant de leur propre matériel, d’où la qualité exceptionnelle de la partie technique. Le choix a été de tourner les scènes en noir et blanc, à l’exception de la lecture de la poésie à la fin. On leur a montré comment fonctionne une caméra au passage. Quant à la poésie récitée à la fin du film, elle est le fruit d’un travail collectif : « Chaque groupe d’enfants, deux par
deux, a élaboré deux phrases qui riment sur la base de mots dégagés autour du racisme et de l’étude des personnages historiques », décrit l’enseignante, qui se réjouit de voir les élèves « à fond dedans ! ». En parallèle, elles et ils ont appris la chanson Lili de Pierre Perret. Le 14 mai, les enfants ont reçu leur prix au musée du quai Branly – Jacques-Chirac personnellement de Lilian Thuram. Très chaleureux, le champion du monde 1998 a notamment déclaré aux jeunes Courneuvien-ne-s : « Toute votre vie, vous allez apprendre à être la meilleure personne possible ! » Puis le jeudi 16 mai, au cinéma L’Étoile, après un pot sympathique avec les parents, a eu lieu la projection de la version longue de la vidéo, d’une durée de six ou sept minutes, sur la base du montage opéré par Charlie Nguyen Dai (la version en lice pour le Quai Branly était en effet tenue à se limiter à trois minutes maximum).
La suite ? « On va continuer à travailler sur le racisme. On a déjà réalisé des acrostiches sur le thème. Les élèves préparent actuellement une petite pièce de théâtre où chacun aura un rôle et pourra entrer dans le personnage… et pourquoi pas créer sa propre scène ? On aimerait faire une représentation pour la kermesse », anticipe avec joie Imène Bouras. La professeure des écoles est d’autant plus incitée à donner suite qu’elle a décelé « un véritable côté artistique chez les enfants. » L’aventure continue.
Textes : Nicolas Liébault ; photo : Jeanne Frank
Un concours artistique
Depuis 2014, le concours « Nous Autres », soutenu par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, est organisé par la MGEN, la CASDEN Banque Populaire et la Fondation Lilian Thuram. Son objectif est de faire réfléchir les élèves en classe sur la thématique du racisme sur un mode ludique et pédagogique. Il est ouvert à toutes les classes de France métropolitaine et DOM de la maternelle à la sixième. Les enseignant-e-s inscrivent leur classe sur le site, reçoivent un lien vers des ressources pédagogiques et conçoivent avec leurs élèves une production artistique. Cela peut être : lecture, poésie, texte, histoire, conte, chanson, mime, théâtre ; peinture, sculpture ; ou vidéo artistique (hors documentaire).
Le but est d’illustrer la déconstruction du racisme. Les enseignant-e-s déposent la production artistique de leurs élèves, sur la base de laquelle un jury désigne 24 lauréat-e-s. En 2024, sur 50 inscrits nationalement, la classe CM1B de l’école Saint-Exupéry a fait partie de ces 24 lauréat-e-s, avec notamment une classe de Pierrefitte et une de Saint-Denis. Les jeunes Courneuvien-ne-s ont alors été accueillies le mardi 14 mai au musée du quai Branly – Jacques-Chirac à Paris, en présence de Lilian Thuram. Cela a été aussi l’occasion pour les enfants de présenter leurs créations et de découvrir la collection permanente du musée. Chaque élève a gagné une carte « L’Afrique au centre, changeons nos imaginaires », un Chèque Lire d’un montant de 100 euros, un abonnement au Petit Quotidien, un diplôme du jeune citoyen et une photo dédicacée par le champion. La classe s’est aussi fait remettre une bande dessinée Notre Histoire coécrite par Lilian Thuram.