L’année qui vient de s’achever a été caractérisée par de mauvaises nouvelles tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur avec les guerres en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient. Quel bilan tirez-vous de 2023 ?
Les mauvaises nouvelles sont l’adoption d’une réforme des retraites imposée contre l’avis de la population ou une loi sur l’immigration qui fracture notre République. Mais ce qui se passe sur la planète rejaillit aussi sur le cœur de notre Ville-Monde. En même temps, je vois la réémergence du peuple, des luttes, malgré cette situation peu enthousiasmante. La volonté portée par la collectivité de dialogue direct entre les élu-e-s et la population permet de préserver une certaine cohésion, comme le montre le dernier Mois de la solidarité. Les rencontres de l’UNAOC avec des villes du monde laissent penser que les gens d’en bas peuvent peser sur les gens d’en haut. Mon vœu pour 2024 est que les citoyens pèsent plus sur le cours du monde !
L’année 2024 sera une année électorale avec les élections européennes en juin prochain. Or, on a l’impression que la confiance dans le politique est aujourd’hui très abîmée. Comment, d’après vous, retisser ce lien ?
Quand le président de la République dit, lors du second tour de la présidentielle, que faire barrage au Rassemblement national « l’oblige » et qu’aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, il coopère et reprend les revendications de l’extrême droite, cela nuit à la crédibilité de l’action politique, car les gens en ont assez de l’écart entre les promesses et les actes. De ce point de vue, l’année 2023 n’a pas nourri pas la confiance. Mais la gauche ne cesse de se déchirer plutôt que de porter un projet qui redonne espoir. Pour les européennes, l’explosion de la gauche risque de faire caracoler l’extrême droite en tête, ce qui pourrait constituer les prémices d’une dérive comme en Italie.
L’inflation repart à la hausse avec des habitants qui ont du mal parfois à se soigner. Les habitants vont avoir un accès facilité à une mutuelle de santé. Qu’est-ce qu’elle va leur apporter et quelles seront les étapes de sa mise en œuvre ?
La population courneuvienne connaît une situation sociale difficile avec plus de 40 % de personnes sous le seuil de pauvreté et 90 % avec des revenus inférieurs à la moyenne de l’Île-de-France. Chez le boucher, on demande parfois de couper un steak à 70/80 grammes, parce que celui de 90/120 grammes est devenu un luxe. Or, par souci d’économie, on ne se soigne alors pas suffisamment tôt, ce qui mène à des pathologies plus graves qu’ailleurs. C’est pourquoi, dans le programme municipal conforté par le référendum courneuvien, nous avions proposé la création d’une mutuelle qui, grâce à un coût minoré, serait accessible. Nous avons signé un accord avec la Mutuelle Familiale. Nous populariserons l’adhésion à cette mutuelle dans la collectivité. Nous nous adresserons aux personnes âgées et aux étudiants qui constituent les publics les plus fragiles.
2024 sera aussi une année sportive avec les Jeux olympiques et paralympiques. Le sport populaire est particulièrement développé à La Courneuve avec de nombreux clubs. Les Jeux sont-ils un tremplin pour favoriser encore plus cette pratique ?
Ces Jeux vont être une fête. On peut émettre des avis contrastés mais, pour autant, l’événement va nous faire rêver. Nous allons faire en sorte que la pratique du sport soit plus largement partagée, notamment en lien avec les écoles, avec une grande initiative fin mai-début juin. Le fait de disposer d’une piscine de plus à Marville va nous fournir de nouvelles marges de progression. Cette année, La Courneuve Plage sera teintée de ce moment-là. La Ville a aussi acheté des milliers de places pour que les Courneuviennes et Courneuviens puissent voir de leurs yeux ce moment. Les places seront distribuées au premier semestre 2024. Nous disposons d’environ une place pour dix habitants.
Au-delà de ces événements de grande ampleur, quels sont les autres axes prioritaires de la municipalité pour l’année 2024 ?
Premièrement, nous voulons que le 8 mars constitue un moment fort, en multipliant les rencontres pour magnifier cette exigence d’égalité entre les femmes et les hommes. Une multitude d’initiatives vont être organisés, en transformant ce 8 mars en « mois de mars » de mobilisation. Deuxièmement, nous continuerons à cultiver notre capacité à être une Ville-Monde, afin que chacune et chacun s’enrichisse de l’autre. Troisièmement, nous allons continuer à aménager la ville, comme le parvis de la gare RER. L’ampleur des investissements est symbolisée par la reconstruction de l’école Joliot-Curie, qui ouvrira ses portes avant la fin de l’année 2024.
Quel message personnel souhaitez-vous faire passer à chaque habitant en particulier pour 2024 ?
J’invite les Courneuviennes et les Courneuviens à prendre l’année 2024 à bras-le-corps, avec confiance malgré les difficultés et les épreuves. Qu’ils continuent à avoir la tête haute pour retrouver dans cet engagement collectif la force de faire entendre les exigences. J’ai une pensée personnelle pour chacune et chacun, leur souhaitant le meilleur, et tout particulièrement la santé. Je compte sur eux pour qu’ils attachent toute son importance à la question de la paix. Car on s’habitue trop aujourd’hui au terme de guerre et on parle de moins en moins de paix. Il y a là un vrai défi à relever. Je sais l’attachement des Courneuviennes et Courneuviens à cette aspiration à la paix et à la fraternité.
Propos recueillis par Nicolas Liébault ; photo : Meyer