Ilyes, Samuel et Tristhan : « Le e-sport permet de se créer des souvenirs »

Publiée le 3 juin 2024

Ilyes, Samuel et Tristhan : « Le e-sport permet de se créer des souvenirs »

Esport

L’un vient du quartier Robespierre, les deux autres des 4 000. Tous les trois ont lancé le premier tournoi de jeu vidéo du 93 à l’espace jeunesse Guy-Môquet, accompagnés par le service Jeunesse dans le cadre d’un contrat courneuvien de réussite (CCR).

Ciel d’apocalypse, éclairs, tonnerre, pluie torrentielle : une vraie ambiance de jeu vidéo nous enveloppe ce jour-là devant le lycée Jacques-Brel. Ilyes Bouadjel, Samuel Bertus et Tristhan Schrott nous ont donné rendez-vous devant leur ancien établissement sans imaginer que nous serions plongés dans un décor digne de The Legend of Zelda. Après avoir trouvé refuge dans un café tout près de l’un des plus gros data centers de France, les trois jeunes hommes racontent comment ils viennent de lancer le premier tournoi d’e-sport du 93.

« Beaucoup attendaient ça comme le messie », se réjouit Tristhan, mi-sérieux, mi-amusé. « La première édition a eu lieu le 18 mai et a rassemblé vingt-cinq joueurs. On a eu que des retours positifs », poursuit le gamer. Le prochain rendez-vous est pris pour le 8 juin, à l’espace jeunesse Guy-Môquet. L’inscription n’est que de 5 euros quand les prix s’envolent parfois, même en dehors du Smash Summit où s’affrontent les seize meilleurs joueurs mondiaux de Super Smash Bros Ultimate.

Tous les trois gardent un regard lucide sur le danger de la surexposition pour les enfants

C’est à ce jeu vidéo créé en 1999 que les trois amis invitent chacun-e à venir s’affronter tous les quinze jours environ. Ils ont créé leur propre association CLC le 29 février dernier pour que les gamers se retrouvent. « C’est aussi pour que les gens se rencontrent, qu’ils se créent des souvenirs et progressent. C’est plus dur de s’améliorer en jouant seulement en ligne », complète IIyes. Comme lors des grosses compétitions, des spectateur-rice-s peuvent assister aux combats en streaming.

Super Smash Bros Ultimate est un jeu de « baston » entre des personnages phares nés dans d’autres jeux vidéo de chez Nintendo. On y trouve Mario, Pikachu, Donkey Kong, Yoshi… et les héros choisis par notre trio : Fox, Samus et Ness. Respectivement, un renard ultra rapide, une chasseuse de primes athlétique à l’armure très puissante et un garçonnet aux pouvoirs psychiques incroyables. Dans leur avatar se niche un peu de leur personnalité. C’est d’ailleurs ce qui plaît à Tristhan : analyser le caractère des joueur-se-s en fonction de leurs tactiques. « Le gagnant de notre tournoi, par exemple, jouait de manière assez agressive, il était un peu pareil dans la vraie vie », résume le jeune homme, qui est tombé dans la potion magique à 4-5 ans. Un vrai bébé Mario ! « J’ai deux frères ainés qui jouaient beaucoup, comme mon père qui allait dans les salles d’arcade. Petit déjà, j’ai essayé de réinitialiser mon ordinateur Oui-Oui ! » Sourire d’Ilyes et Samuel qui eux aussi ont commencé alors qu’ils savaient à peine lire. « Mes parents m’ont offert une Nintendo DS sur laquelle j’avais Smash Bros, enchaîne le premier. Adolescent, je me suis diversifié : aujourd’hui, j’adore les jeux narratifs, avec une préférence pour Zelda et Dark Souls. J’ai l’impression d’être dans un film interactif. J’aime être plongé dans une histoire dans laquelle c’est de notre faute si on fait les mauvais choix. En même temps, ça provoque beaucoup d’émotions. »

« Ça n’a pas fait de nous des monstres sanguinaires ! »

À 19 ans, tous les trois gardent malgré tout un regard lucide sur le danger de la surexposition pour les enfants : « Nous avions des couvre-feux dans chacune de nos familles. Pas question d’être sur un écran le soir, poursuit Ilyes. Moi, j’avais des garde-fous en plus : en parallèle je jouais au foot en club. Et je devais forcément rapporter des bonnes notes à la maison ! »

Le trio s’est connu en seconde au lycée Jacques-Brel grâce à une passion commune pour Super Smash Bros. Dès cette époque, ils avaient l’idée d’organiser un tournoi. Et au collège, ils s’imaginaient travailler dans le jeu vidéo. Depuis, Samuel poursuit des études de bureautique et communication multimédia à l’université Paris-Est Créteil. « Je préfère garder le jeu vidéo comme loisir. J’aime découvrir d’autres domaines. » Ilyes, lui, est en première année de licence d’économie et gestion à l’université Paris-Cité quand Tristhan fait son service civique à l’école maternelle Raymond-Poincaré tout en entrainant trois personnes à Super Smash Bros Ultimate. « Je réalise aussi du montage vidéo, j’aime bien rester tranquille chez moi, décrypter mon jeu et ceux des autres, bricoler les manettes pour éviter de se blesser à la main. » Car, comme dans le vrai sport, les gamers font trop travailler certaines parties de leur corps. Glutonny par exemple, onzième joueur mondial sur Smash Bros, s’est récemment fait une tendinite au pouce. En tant que fils de formateur à la RATP, Tristhan se verrait bien développeur-programmeur de jeux vidéo (son frère a un master 2 en cybercriminalité). Les trois Courneuviens soulignent que jouer a amélioré leur capacité d’attention. « En tout cas, ça n’a pas fait de nous des monstres sanguinaires ! » concluent-ils presque en chœur.

Texte : Marie Bernard ; photo : Nicolas Vieira


Tournoi « Super Smash Bros Ultimate » le samedi 8 juin à partir de 14h30 à l’espace jeunesse Guy-Môquet, 119, avenue Paul-Vaillant-Couturier. Entrée : 5 €. À partir de 12 ans (avec un adulte pour les moins de 15 ans, une autorisation parentale pour les moins de 18 ans). Venir avec sa manette Nintendo Switch.