Fabienne Parmentier : « On travaille pour les élèves et pas pour les autres. C’est grâce à eux qu’on est là. »

Publiée le 22 févr. 2024

Fabienne Parmentier : « On travaille pour les élèves et pas pour les autres. C’est grâce à eux qu’on est là. »

Fabienne Parmentier

Née à Cognac en Charente, Fabienne Parmentier, âgée de 58 ans, a consacré trente et un ans de sa vie au lycée général et technologique Jacques-Brel, la plupart du temps à en tenir la loge. Immersion dans la vie d’une agente d’accueil passionnée par son métier.

Mon père était contrôleur SNCF, il nous a emmenés en Île-de-France quand j’avais 8 ans. » Petite fille, Fabienne Parmentier habite Groslay avec sa famille. Plus tard, elle devient vendeuse dans plusieurs boulangeries, notamment à Enghien, Drancy, mais aussi aux Six-Routes de La Courneuve. Pourtant lorsque que son premier enfant vient au monde en 1987, Fabienne décide qu’elle a besoin de changement : « Mon travail me prenait beaucoup de temps, surtout les week-ends. »

C’est en 1991 qu’elle intègre le lycée Jacques-Brel en tant qu’agente d’entretien avant d’être nommée par le rectorat, en 1993, agente d’accueil. « J’ai tout fait pour entrer dans l’Éducation nationale, je voulais un travail stable. » À l’époque, elle ne se doutait pas encore qu’elle y consacrerait trente et un ans de loyaux services.

Une journée type pour Fabienne ne consiste pas seulement en l’accueil des élèves et en l’ouverture et la fermeture des locaux. Elle reçoit et composte le courrier, prend les appels, accueille les personnes extérieures à l’établissement, s’occupe de l’affichage des tableaux lumineux et surveille même les douze caméras du lycée. En d’autres termes, Fabienne s’occupe des petites choses du quotidien qui font tourner l’établissement. « Je ne finis pas ma journée tant que je ne finis pas mon travail. » Minutieuse, elle met un point d’honneur à donner à tout-e nouvel-le arrivant-e dans le corps éducatif un petit livret d’accueil contenant un calendrier des semaines de cours et des vacances ainsi que d’autres documents nécessaires à son intégration. « J’aime beaucoup mon travail. Je suis fière de ce que je fais et ça prend du temps. » Son bureau, certes bien organisé, est rempli de piles de dossiers. « Ça peut être un métier difficile pour certaines personnes, car on doit penser à tellement de choses. Il y a tant à faire. Je suis vraiment très investie dans cet établissement. »

« On me dit souvent que je n’ai pas changé. Je suis fidèle au poste »

Fabienne aide souvent les élèves à organiser des petits déjeuners afin de récolter des fonds pour des voyages à l’étranger. Elle a également convié en fin d’année le personnel du lycée à des barbecues. Ce qu’elle préfère dans son métier, c’est avant tout rencontrer du monde. Au cours de sa carrière, elle a pu former quinze stagiaires et estime que c’est un travail qui l’a fait évoluer. « J’ai beaucoup appris grâce à ce métier. Que ce soit en matière d’organisation ou de ponctualité, je continue d’apprendre tous les jours. » Personne n’a formé Fabienne à son arrivée au lycée, elle a appris sur le tas et a fini par trouver son propre rythme.

« Je ne pourrais pas travailler ailleurs. Je m’y sens comme chez moi. » Et chez elle, elle y est, et pas seulement au sens figuré. « C’est ma cuisine là-derrière », rit-elle en montrant une porte du doigt. Cette porte, c’est celle qui la sépare de son logement où elle habite avec son mari et ses enfants depuis ses débuts au lycée. Une porte qu’elle franchit chaque matin pour aller travailler.

Nadège, la benjamine de la famille Parmentier, a fréquenté le lycée Jacques-Brel, « mais pas question de passer par la porte du bureau, explique Fabienne d’un ton strict. On ne mélangeait pas les torchons et les serviettes. Il fallait avoir du respect entre nous. » Lors de réunions d’anciens élèves, beaucoup s’étonnent de la voir encore derrière son bureau. « On me dit souvent que je n’ai pas changé. Je suis fidèle au poste. »

Fabienne a la joie de vivre et adore son travail. Mais en dehors de la vie scolaire, son échappatoire, c’est la cuisine et, surtout, le Loto. Elle gagne souvent « un peu, beaucoup et passionnément », avoue-t-elle avec un grand sourire. Fabienne attend les week-ends avec impatience pour se réunir avec des groupes de joueur-euse-s. Cela ne l’empêche pas d’y jouer, même en ligne, le soir après le travail. « Ça doit bien faire quinze ou vingt ans que j’y joue, je suis une grande fan. C’est mon petit plaisir à moi. »

Elle qui fait pratiquement partie des murs du lycée Jacques-Brel a déjà tout prévu pour sa retraite. Être trésorière d’un club pour personnes âgées en Vendée pour suivre les pas de son beau-père « J’aime la vie, je veux profiter et, pourquoi pas, jouer au Loto. »

Texte : Maeva Lasmar Ansel ; photo : Léa Desjours ; vidéo Isabelle Meurisse