Vendredi 13 janvier, un groupe de l’antenne Jeunesse de la Maison pour tous Youri-Gagarine et un autre d’usager-ère-s de la médiathèque Aimé-Césaire sont allés à « La Nuit des Choses », une nocturne étonnant organisée au Louvre.
Sadjema a 13 ans. Elle est au collège Jean-Vilar. Vendredi 13, c’était la première fois qu’elle entrait au Louvre, impressionnée. Venue avec ses camarades pour découvrir l’exposition « Les choses, une histoire de la nature morte », elle a insisté pour voir d’abord les grands classiques, La Joconde, la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo… Les animateurs encadrants et les deux étudiants en architecte, membres de l’association Tepop (Territoire à énergie populaire) qui les accompagnaient, ont accepté sans hésiter. Depuis deux ans, Tepop travaille avec les jeunes de la MPT Youri-Gagarine sur les pratiques sportives informelles dans l’espace public ou la question du genre dans le sport et, ensemble, ils conçoivent des maquettes d’équipements sportifs. De leur côté, Salma et Inès, toutes deux au lycée, avaient déjà vu Le Radeau de la Méduse, de Géricault, et La Liberté guidant le peuple, de Delacroix. Mais elles n’ont pas boudé leur plaisir et ont guidé leurs camarades avec enthousiasme jusqu’au département d’égyptologie où ils ont pu prendre la mesure du génie archéologique des Égyptiens de l’Antiquité.
Pendant ce temps, le groupe des usager-ère-s de la médiathèque Aimé-Césaire visitait l’exposition « Les choses, une histoire de la nature morte », qui invite les visiteurs « dans le sillage des artistes, à prendre les choses au sérieux » en les plongeant dans un étonnant univers conçu pour « imaginer, croire, douter, rêver et agir ». Pas moins de 170 œuvres, de la Préhistoire au XXIe siècle !
Devant le tableau La Chambre de Van Gogh à Arles, Guy, qui fait partie du groupe peinture à la Maison Marcel-Paul, n’a pas caché sa joie : « Un tableau de Van Gogh ! C’est très agréable d’être là ! Nous avons de la chance… ». Nadège intervient : « C’est très dense. Ou peut-être que ça nous paraît dense parce que juste avant, on est allés voir l’exposition “Splendeurs des oasis d’Ouzbékistan”. Une merveille ! Mais dans cette expo sur les choses, j’aime bien la diversité des propositions… »
Un minimusée en circulation
Salma, Inès, Sadjema, Guy, Nadège et les autres ont en fait bénéficié du dispositif « Une saison avec le Louvre ». Entre septembre 2022 et l’été 2023, le musée le plus visité au monde propose en effet des activités et des interventions à La Courneuve. Minimusée de reproductions, le « Louvre en boîte » est par exemple actuellement à la médiathèque John-Lennon. Il passera ensuite à la Maison de la citoyenneté James-Marson, puis dans les Maisons pour tous Youri-Gagarine et Cesária-Évora. L’exposition « Chefs-d’œuvre du Louvre », aujourd’hui à la Boutique de quartier, permet une première découverte des tableaux. Une exposition itinérante de reproductions circule aussi dans des établissements scolaires. « Des médiatrices sont venues animer des ateliers l’an passé et on va pouvoir reproduire des activités et des jeux qu’elles nous ont montrés », a précisé Thomas, animateur à la médiathèque Aimé-Césaire.
De nombreux acteurs de la ville, comme Le Flash ou Les Compagnons bâtisseurs, ont répondu à l’invitation de participer à cette saison culturelle très particulière. Trois classes de grande section de la maternelle Joliot-Curie suivent également un parcours intitulé « La classe, l’œuvre », qui sensibilise les élèves à une œuvre du musée.
Au sortir de l’exposition, une surprise attendait les deux groupes de Courneuvien-ne-s. Dans le hall du Louvre, sous la pyramide, le phénomène de l’electro française, le producteur et compositeur Thylacine, campé derrière ses machines, avait lancé samples et loops face à un public compact. Histoire que les corps longtemps figés devant les œuvres magistrales se déploient grâce à la musique, avant de rentrer chez soi.
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Léa Desjours.