Après le week-end d’intégration à Trilbardou et les premiers ateliers, l’équipe de la vingtaine de jeunes de la seconde édition des Médias C’est Nous a entamé des activités visant à impulser une dynamique de groupe. Les ateliers des 7 et 14 juin derniers, organisés à l’Espace jeunesse Guy-Môquet, participent de cet objectif.
Invariablement, les ateliers des Médias C’est Nous commencent par un rappel des règles : s’écouter, travailler en équipe, ne pas juger, faire preuve de motivation, avoir envie de créer des liens, développer la confiance en soi et envers les autres.
Ces deux jours, les facilitatrices proposent un jeu de rôle très particulier : « Vous êtes maire de La Courneuve et vous avez quatre dossiers sur votre bureau : qu’êtes-vous amenés à mettre en place ? » Quatre questions leur sont alors posées : « Comment améliorer la pratique sportive ? » ; « Comment rendre la ville plus écolo ? » ; « Comment rendre La Courneuve mixte ? » ; « Comment développer la culture dans la ville ? ».
Les jeunes, répartis dans de petits groupes en fonction du thème qui les intéresse, imaginent les mesures à mettre en oeuvre. « Vous avez des années devant vous et un budget illimité ! » indique la facilitatrice Radia Bakkouch pour lever tous les freins.
Ils et elles se mettent au travail et les idées fusent. Un groupe composé d’Arsath, Nadhoim, Warakhia, Rania et Kaiwei, méthodique, cherche à identifier les types de mixité : origines culturelles, genres et âges sont avancés. « On pourrait développer la danse indienne à l’école ! », propose Warakhia. « Pourquoi pas organiser une Gay Pride à La Courneuve ? » suggère Arsath. Une discussion s’ensuit, Nadhoim faisant remarquer que les LGBTQI+ sont parfois mal acceptés dans les banlieues. Arsath émet l’idée de lumières blanches partout dans la ville pour que les femmes soient plus à l’aise pour se déplacer. Warakhia propose quant à elle d’organiser des jeux en maison de retraite où les jeunes participeraient. Les groupes sont ensuite réunis et un-e de leurs représentant-e-s est invité à présenter le fruit de ces cogitations, à la suite de quoi le public peut poser des questions et commenter le travail, mais toujours positivement. La liste des propositions s’avère très riche, avec une dizaine de mesures avancées à chaque fois, et les interventions des un-e-s et des autres suscitent les applaudissements de leurs camarades.
Confrontation des idées
Mais la politique implique aussi la confrontation des idées et c’est sous cet angle que les participant-e-s se retrouvent une semaine plus tard. Trois questions issues des propositions du 7 juin ont été sorties du lot : « Faut-il légaliser le cannabis ? » ; « Faut-il privatiser certains lieux sportifs pour les femmes ? » et « Faut-il mettre en place un système de chèques culture ? ». Six groupes sont à nouveau formés pour développer des arguments à l’appui de ces mesures, dont trois pour et trois contre. Nora Hamadi donne le la : « C’est le moment des battles ! Essayez de bien projeter la voix pour être entendus, en travaillant sur la posture. » Sur chaque question, deux groupes se font face et on cherche à convaincre le groupe opposé, mais aussi le public, du bien-fondé ou du mal-fondé de la mesure. « Si on légalise, les ados vont avoir des problèmes au cerveau » ; « Non, il faut des distributeurs dans les pharmacies avec un maximum par personne » ; « Le chèque culture comprend le risque que les Courneuviens sortent sur Paris plus que sur la ville » ; « Non ce ne sera pas seulement pour aller à Paris » ; « Dans notre génération, on a grandi tous ensemble et pas de manière séparée » ; « Non, on peut juste aménager les heures des équipements pour être en short sans risquer les regards insistants ». Mise en scène, recherche de chiffres via les smartphones, décodage des arguments fallacieux… Les jeunes font feu de tout bois pour jouer au maire idéal. Cet exercice, mise en pratique de la citoyenneté, constitue une préparation pour les ateliers suivants. « Sur les sujets que vous allez traiter, allez chercher vos arguments ! » résume Nora Hamadi. L’aventure ne fait que commencer.
Textes : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours
Les Médias C'est Nous, deuxième édition
Dans le cadre du partenariat signé en décembre 2019 entre la Ville et l’Alliance des Civilisations des Nations unies, une seconde édition du projet « Les Médias C’est Nous » est lancée. La nouvelle promotion va travailler avec les mêmes facilitatrices : Radia Bakkouch, Claire-Hélène Frileux, Nora Hamadi et Latifa Oulkhouir. À l’image du but poursuivi lors de la première édition, la nouvelle action a pour objectif d’accompagner 20 à 30 jeunes Courneuvien-ne-s à s’exprimer et faire entendre leur voix, via les médias, autour de la lutte contre les stéréotypes et la promotion du dialogue interculturel. Un an avant les JOP 2024, un lien fort est établi avec la thématique du sport et ce dernier sera analysé en tant qu’outil de lutte contre les stéréotypes et de promotion du dialogue interculturel.