Le 2 décembre 1983, la Marche pour l'égalité et contre le racisme s'est arrêtée à La Courneuve, en hommage au jeune Toufik Ouanes, victime quelques mois plus tôt d'un tir fatal au coeur du quartier.
Un peu d'histoire
La Marche part le 15 octobre 1983 de Marseille, avec un groupe de huit personnes. Parmi elles et eux, Toumi Djaïdja, jeune habitant et militant antiraciste du quartier des Minguettes, à Vénissieux, rescapé miraculeux d’un tir policier le 20 juin 1983. Inspiré par la marche pacifique sur Washington lancée par Martin Luther King dans le cadre de la lutte pour les droits civiques en 1963 et par celle de Gandhi en 1930, ce groupe de militant-e-s antiracistes porte un ensemble de revendications pour faire reconnaître la place des immigré-e-s dans la société française. Les « Marcheurs » et « Marcheuses » dénoncent les nombreux meurtres racistes et les violences policières qui touchent les immigré-e-s, particulièrement les jeunes. Peu relayée par la presse, la Marche parcourt la France sur 1 200 kilomètres, mobilisant peu à peu sur son chemin un mouvement antiraciste inédit.
À Paris, 100 000 personnes entourent les participant-e-s et une délégation est reçue par le président de la République, François Mitterrand. La mobilisation aboutit à de réelles avancées pour le droit des immigré-e-s avec la création de la carte de séjour de dix ans. Par son caractère apolitique, cosmopolite, la Marche apparaît comme une action clé dans la reconnaissance et la célébration de la diversité culturelle de la France. Son héritage n’en demeure pas moins contrasté : les inégalités et discriminations frappant les immigré-e-s et étranger-ère-s se poursuivent dans les années 1980, le mouvement antiraciste se scinde en plusieurs groupes tandis que le Front national s’impose comme force politique.
©photo : Amadou Gaye
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