Le 9 février, la Ville a organisé une conférence en présence de plusieurs entreprises locales, qui ont épluché les CV envoyés par des habitant-e-s et commencé à recruter.
Jeux Olympiques et Paralympiques, Grand Paris Express, rénovation urbaine, implantation de nouvelles sociétés, la Seine-Saint-Denis est l’un des territoires accueillant le plus d’investissements en France… Pourtant, le taux de chômage y reste parmi les plus élevés ! Face à cette réalité, loin d’être une fatalité, la Ville a décidé de lancer une grande bataille pour l’emploi en faveur des habitant-e-s.
Le 29 novembre dernier, après avoir collecté sept cents CV, la municipalité avait ainsi réuni les acteurs de l’emploi et des représentant-e-s des demandeur-ses-s d’emploi. Les CV ont été diffusés aux recruteur-euse-s, avec un message sans ambiguïté : les Courneuvien-ne-s ont de la valeur, ils veulent travailler, recrutez-les ! Les représentant-e-s des demandeur-euse-s d’emploi ont eu l’occasion de le dire eux-mêmes aux entreprises et aux institutions présentes.
Le 9 février dernier, une deuxième étape a eu lieu, avec une conférence réunissant le maire et des représentant-e-s d’entreprises locales, afin de faire un premier bilan. L’événement s’est tenu dans les locaux de Paprec, installée à La Courneuve depuis une trentaine d’années et qui est le troisième acteur français du traitement des déchets. « Nous avons entamé une démarche au long cours, pour réconcilier notre ville avec les dynamiques économiques qui y sont présentes. Car il y a bien un paradoxe ici : nous sommes dans un territoire qui se développe, mais les habitants ont des difficultés à monter dans le train. La bataille pour l’emploi que nous menons est ainsi destinée à faire bouger les lignes, afin que tout le monde reprenne confiance et ose prendre des risques. Car il y a ici des talents, des compétences, des qualifications et des capacités à se former », a souligné Gilles Poux en introduction, rappelant que « lorsque le chômage baisse au niveau national, il baisse moins vite à La Courneuve et que lorsqu’il augmente au niveau national, il augmente encore plus fortement ici ».
Les entreprises ont commencé à contacter des candidat-e-s
Nadia Chahboune, l’adjointe déléguée à la reconquête de l’emploi, a remercié les entreprises présentes : « Vous avez accepté de prendre part à cette bataille, pour aller au-delà des préjugés et donner leur chance à celles et ceux qui veulent vivre dignement de leur travail. Grâce aux CV que nous avons récoltés, 20 % de demandeurs d’emploi ont été contactés par des entreprises et 70 % d’entre eux se sont dit intéressés par les propositions qui leur ont été faites. » Le tour de table effectué a montré que les entreprises avaient en effet déjà traité les CV reçus et commencé à contacter des candidat-e-s. « J’avais participé à la première réunion et le 16 janvier, nous avons organisé une visite de notre site, afin de montrer à tous que nous avons une belle usine et que l’on peut travailler pour cette belle marque », a fait remarquer Bruno Imbault, le responsable RH de l’usine Orangina, qui compte cent quinze employé-e-s et est installée à La Courneuve depuis 1970. L’entreprise a mis en place des sessions de recrutement et dix candidat-e-s ont pu être orientés vers l’agence d’intérim avec laquelle Orangina travaille. Audrey Ada, responsable RH de Veolia, a pour sa part indiqué que son entreprise allait recevoir prochainement une dizaine de candidat-e-s qui se verront proposer des missions d’intérim de dix-huit mois. Même bonne nouvelle du côté de Leroy-Merlin, qui annonce recruter toute l’année dans son magasin de Saint-Denis : une dizaine de CDI sont en effet à pourvoir, ainsi que quinze postes d’alternant-e-s. Et le groupe ADP (Aéroports de Paris) a rappelé son énorme besoin dans les domaines de la sûreté et de la sécurité. S’il existe des contraintes pour accéder à ces postes – avoir la nationalité d’un pays européen ainsi qu’un casier judiciaire vierge –, ces derniers ne requièrent en revanche aucune qualification particulière : la formation est assurée par l’entreprise. Enfin, Karim El Amchaoui, de Digital Reality, est revenu sur le très grand projet « Digital Park », qui sera composé, à terme, de quatre data centers et qui va proposer une cinquantaine de postes.
Textes : Daniel Georges ; photos : Nicolas Vieira
Des candidat-e-s qui ont de la valeur
L’étude des CV collectés par la municipalité brise les idées reçues. Le point en chiffres.
- 32 % de diplômé-e-s du supérieur (bac+2 et plus)
- 24 % de diplômé-e-s de niveau bac ou équivalent
- 11 % de diplômé-e-s de niveau CAP-BEP
- 29 % de personnes sans diplôme
- 80 % de personnes dotées d’une expérience
- 46 % de personnes dotées d’une expérience de cinq ans et plus
- 20 % de personnes parlant deux langues