Après le recueil des CV, la bataille pour l’emploi lancée par la municipalité entame sa phase de recrutement. Les premières entreprises rencontrent des candidat-e-s et certaines ont même déjà commencé à embaucher. Bilan d’étape.
Face à un taux de chômage élevé et alors que des centaines de milliers d’emplois seraient non pourvus, malgré de forts investissements sur le territoire (Jeux olympiques et paralympiques, Grand Paris Express, rénovation urbaine...), la municipalité a lancé la bataille pour l’emploi. Pendant un mois, dans une trentaine de points de rencontre, les CV des Courneuvien-ne-s ont été collectés, avec l’idée que « Vous avez de la valeur ». Une adresse mail a aussi été créée pour les recevoir par internet. Près de sept cents CV ont en tout été recueillis.
La recherche individuelle d’emploi est ainsi devenue une démarche collective d’interpellation. Le 17 novembre, près de quatre-vingt-dix chômeur-euse-s se sont réunis à la Maison de la citoyenneté James-Marson pour construire un « coupe-file » courneuvien pour l’accès à l’emploi. Puis, le 29 novembre, une conférence de l’emploi a réuni des demandeur-euse-s courneuviens, mais aussi le préfet, le Medef et des dirigeant-e-s d’entreprises présentes sur le territoire (Veolia, SNCF, RATP, Bouygues Immobilier, Interxion, Paris 2024, Cottrez, Orangina...).
Accompagner le devenir des candidatures
Un groupe de suivi a alors été constitué avec les acteurs de l’emploi et de l’insertion (Mission insertion, Mission locale, Pôle Emploi, Plan local d’insertion par l’emploi, Agence locale de l’insertion et Plaine Commune), l’ambition étant d’accompagner le devenir des candidatures. Ils et elles vont orienter les demandeur-euse-s vers l’interlocuteur compétent, afin que tous et toutes soient contactés. Des temps de recrutement sont organisés avec les employeurs importants (RATP, ADP, SNCF) afin de créer des passerelles. Déjà, Aéroport de Paris a adressé à des dizaines d’habitant-e-s le lien vers la plateforme Aerowork. Orangina sollicite la collectivité : douze postes sont à pourvoir à partir du 27 janvier. La RATP propose une collaboration pour présenter les métiers en tension au sein de l’entreprise. La Banque de France et Reekom ont réalisé des entretiens, la première pour recruter des alternant-e-s. (RE)paire s’apprête à le faire. Enedis a fait part de sa volonté de présenter les métiers de l’entreprise à des demandeur-se-s d’emploi. Des PME du territoire ont déjà embauché des Courneuvien-ne-s après avoir pris connaissance des 700 CV (Cottrez). Rendez-vous à la mi-février pour un bilan d’étape, public cette fois.
Textes : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours
Orangina Suntory recrute
La propreté et le bruit. Tels sont les deux éléments qui sautent aux yeux (et aux oreilles) quand on pénètre dans l’usine Orangina Suntory France Production de La Courneuve, un établissement du groupe japonais Suntory. Traitement de l’eau, stockage des matières premières, création du sirop, soufflage, remplissage, introduction des bulles, soutirage, sertissage, contrôle de la pression, séchage, mise en pack, enveloppement par un film... : chaque zone de l’usine a sa spécialité pour la fabrication des célèbres boissons. Les bouteilles et canettes défilent à vive allure sur la ligne de production (270 millions de canettes en sortent chaque année). À La Courneuve, 115 personnes travaillent en CDD, CDI et alternance, auxquelles s’ajoutent entre vingt et quarante intérimaires. Slim Merchaoui, le directeur du site, a participé à la réunion du 29 novembre et il a reçu les 700 CV. « L’objectif est un fort partenariat pour développer l’emploi local, explique-t-il. Cette bataille pour l’emploi est un premier levier. »
Si les profils propres aux lignes de production relèvent dans un premier temps de l’intérim, les embauches directes en CDI portent sur les technicien-ne-s de maintenance industrielle qui réparent les lignes de production, des postes qui ont toutefois du mal à être pourvus. Le travail s’effectue en « 3x8 », avec trois périodes de huit heures. Les employé-e-s tournent toutes les deux semaines sur ces postes. En retour, « nos rémunérations sont très bonnes avec treize mois de salaire et un intéressement qui peut monter jusqu’à deux mois. Le taux horaire d’entrée dans l’emploi de base est celui d’un chef d’équipe dans une autre industrie », se félicite le directeur.
Une session de recrutement aura lieu le 27 janvier prochain et la Mission insertion a déjà commencé à sélectionner les candidatures pour savoir quels sont les demandeur-euse-s intéressés.
Un parcours réussi
L’entreprise Cottrez a embauché un jeune courneuvien ayant déposé son CV dans le cadre de la bataille pour l’emploi.
Hocine Bouachour, préparateur de commandes
« Né en Algérie, j’y ai suivi des études de mathématiques. Je suis arrivé en France à 26 ans. Cela fait quatre ans que je réside rue Râteau. J’étais au chômage depuis un mois quand j’ai entendu parler de la bataille pour l’emploi à la gare du RER B. J’ai pris un prospectus, je suis rentré à la maison, j’ai regardé le site, et j’ai déposé tout de suite mon CV. Vingt jours plus tard, j’étais contacté par Pascal Peyroutas. Il m’a reçu et j’ai tout de suite signé un CDD d’un mois qui a été renouvelé, sur un poste de préparateur de commande. J’ai suivi une formation interne de quatre jours avec un collègue. Un CDI m’a été promis pour début 2023. Le travail se passe très bien et l’ambiance est bonne avec les collègues. Mon employeur envisage d’utiliser mes compétences en informatique pour de futurs projets. »
Pascal Peyroutas, directeur des opérations
« L’entreprise Cottrez est implantée à La Courneuve depuis 1986. Elle emploie vingt personnes. Nous sommes spécialisés dans la distribution de produits et accessoires de nettoyage. Notre politique de recrutement consiste à avoir un maximum d’employés en CDI. Nous recrutons des commerciaux et des assistants en administration des ventes, mais aussi dans la logistique. Nous ne sous-traitons aucune opération, disposant de nos propres camions et de nos propres chauffeurs. Ce qui m’a incité à recruter Hocine est sa personnalité plus que son expérience au poste car il n’en avait quasiment pas. Je salue l’initiative de la Ville, qui a impliqué beaucoup de monde et qui a montré que des entreprises ne jouaient pas toujours le jeu. »
« Je fais décoller ma carrière avec Aerowork »
Une dizaine de groupes d’entreprises présentes sur les plateformes aéroportuaires de Paris-Charles de Gaulle, Paris-Le Bourget et Paris-Orly se sont associées pour créer Aerowork. Cette démarche portée par ces entreprises comprend une plateforme de recrutement en ligne. Le ou la candidat-e se connecte sur le site, effectue un test de personnalité en vingt questions qui dure trois à quatre minutes. Un algorithme met en relief trois atouts du ou de la candidat-e et sort les fiches des métiers pour lesquels ces atouts sont essentiels, chaque fiche étant reliée à des offres d’emploi (2 500 disponibles actuellement). Le ou la candidat-e peut alors postuler en ligne. Cette mutualisation du « sourcing » part du constat qu’il était difficile de recruter une fois la crise du Covid passée, et ce malgré une reprise de l’activité dans le transport aérien. Pour le Groupe ADP, les postes en ligne sont ceux d’agent-e-s de service de sécurité incendie et d’assistance à personnes, de technicien-ne-s de maintenance électrotechnique, de technicien-ne-s de maintenance services automatisés. Les autres entreprises recherchent des agent-e-s de sûreté, de propreté, d’escale, d’accueil, de piste, des assistant-e-s contrôle frontière... Toutes les personnes ayant donné leur accord pour être contactées, Aerowork a envoyé un message aux demandeur-euse-s qui ont déposé leur CV.