Le dimanche 12 novembre, trois Courneuviens ont couru le Marathon d’Athènes parmi un groupe de dix-neuf jeunes venus de toute la France, dans le cadre d’une initiative prise par l’ultra-marathonien et anthropologue Malek Boukerchi à travers une association, Les 42.
Des amis. Thushanan Varathakumar, Bakary Sacko et Renugen Ravikumar habitent tous trois le quartier Paul-Verlaine, les deux premiers étant à l’université et le troisième en terminale générale. Rien ne les prédisposait à réaliser l’exploit de finir un marathon, soit 42,195 km. Quoique pratiquant le football et d’autres sports (Bakary courait déjà le 10 km), une telle distance paraissait au départ inatteignable. Et pourtant ils l’ont fait le 12 novembre dernier, à Athènes, l’un des marathons les plus difficiles en raison du fort dénivelé du parcours !
Les trois amis n'ont qu'une envie : courir à nouveau
Thushanan et Bakary faisaient partie de l’association Fête le Mur quand « l’une de nos référentes nous a dit que la mission locale recherchait des jeunes pour courir le marathon », raconte Bakary. Surmontant leur appréhension, ils intègrent l’entraînement imaginé par l’association de Malek Boukerchi, Les 42, rejoints par Renugen en septembre. Au programme : trois entraînements par semaine, deux de leur côté et une grande sortie avec tout le groupe le dimanche. Dans une « ambiance super » (Thushanan), un groupe de dix-neuf jeunes se forme. Ils viennent d’Alsace, du Creusot, de Lyon ou d’Aubervilliers, et sont bientôt accompagnés par des « mentors », des entrepreneurs qui financent le projet et dont certains ont décidé de participer à l’épreuve.
Tous atterrissent à Athènes le 10 novembre, visitent la ville, puis s’envolent pour Marathon, au nord-est de l’Attique, d’où la course doit partir le 12. Le jour J, lever à 5h, petit déjeuner, navette, une heure d’attente et les voici ensemble sur
la ligne de départ, de même que les élu-e-s Nadia Chahboune et Pascal Le Bris. Bakary : « Le début de la course a été facile, je profitais du paysage, je discutais avec les gens. Mais au 22e kilomètre, j’ai commencé à ressentir des crampes et je me suis dit : “Ça va devenir compliqué, je suis allé trop vite.” À un moment, j’ai décidé d’abandonner. Mais j’ai pensé à tous ceux qui étaient derrière moi et qui voulaient finir. Finalement, j’ai marché dix kilomètres, mais j’ai pu effectuer les
trois derniers en courant. »
Renugen : « Je courais avec le groupe le plus lent. On discutait, on se donnait des conseils. Mais les huit derniers kilomètres, je me suis détaché et j’ai décidé d’y aller seul pour finir avant les six heures. » Thushanan : « Je suis parti avec le groupe de Renugen et on a parcouru les vingt-sept premiers kilomètres ensemble. On se retenait de courir trop vite pour tout donner à la fin. Mais du 20e au 27e kilomètre, j’ai eu mal au genou car, en courant très doucement, j’avais placé dessus tout mon poids. À partir du 27e, je me suis détaché et jusqu’au 42e, j’ai couru le plus vite possible pour mettre un terme à ma douleur. » Résultats : Bakary finit en 5h27, Thushanan en 5h40 et Renugen en 5h57. Jeunes et mentors, tous sont allés jusqu’au bout.
De retour à La Courneuve, les trois amis n’ont qu’une envie : courir à nouveau. Est-ce que ce marathon les a changés ? « Oui, répond Bakary. Courir pendant cinq heures, c’est incroyable ! Qu’est-ce qui peut m’arrêter quand je peux courir quarante-deux kilomètres ? » Thushanan : « Je me disais que jamais je pourrais. Donc je ne peux plus me dire que quelque chose est impossible. » « Oui, c’est quoi, l’impossible ? » renchérit Renugen. Ils sont tous reconnaissants envers Malek Boukerchi, Renugen expliquant qu’« il nous poussait vers le haut avec la phrase : “Tout le monde va le finir.” » « Un grand merci à tout le monde, à Malek, à La Courneuve ! » conclut Bakary.
Texte : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours