Passionnée de VTT, Laura Dias multiplie les randonnées en forêt quand son travail dans un atelier de réparation de vélos lui en laisse le loisir. Elle fait aussi partie de la jeune Association cycliste courneuvienne.
Sa grand-mère est remontée du sud du Portugal jusqu’à Paris à pied avec son père âgé de 3 ans sur le dos pour échapper à la dictature de Salazar et rejoindre son grand-père. Pas étonnant qu’avec un tel arbre généalogique, Laura Dias fasse preuve d’une énergie et d’une détermination sans faille. « Je n’ai pas été élevée dans la facilité et pour moi, c’est important de travailler », confirme la jeune Courneuvienne.
Née en 2000, c’est au collège Georges-Politzer, à l’époque où les classes sport existaient encore, qu’elle se découvre une passion pour la petite reine. « Nous avions cinq heures de sport au lieu des deux heures habituelles, dont trois consacrées tour à tour au canoë-kayak, au vélo, à l’escalade », évoque-t-elle. Cette année-là, 2015, sa classe gagne un prix dans le cadre d’un dispositif appelé « Défi collégiens ». Le projet de Politzer, Vélocités, joue sur les mots mais préfère la découverte à la rapidité. Avant de partir, les élèves ont étudié les origines de la construction européenne et son lien avec la Première Guerre mondiale. Durant les cinq jours de leur voyage, ils et elles ont jalonné leur parcours de haltes dans des lieux emblématiques comme Verdun, et visité des musées. Laura ne s’en cache pas : les années ont passé mais la fierté d’être allée au bout du parcours et d’avoir gagné reste intacte.
« Je suis passionnée de mécanique. J’ai besoin de comprendre comment ça fonctionne. »
Après le lycée, Laura s’engage dans l’infanterie. Elle y restera deux ans, caressant le rêve de partir à l’étranger. Une blessure la contraindra à quitter l’armée. « Ça reste une belle expérience, positive-t-elle. Dans ma section, on était quarante-quatre soldats, il y avait quatre filles et... beaucoup d’entraide. »
Elle retourne à La Courneuve. Le Covid est là. Après des semaines d’hésitation, elle choisit d’entrer dans le monde du travail, postule pour une grande enseigne dédiée au sport. Elle est embauchée : « Je savais changer une chambre à air, faire des petits réglages, mais je n’avais pas beaucoup d’expérience. Là, j’ai découvert l’atelier de réparation. J’ai fait trois mois de CDD, puis j’ai enchaîné sur une formation pour devenir technicienne dans le vélo. J’ai ensuite travaillé dans une boutique qui vendait des vélos très haut de gamme à 3 000, 5 000 voire 10 000 euros, mais ça ne m’a pas beaucoup plu. Ce n’était pas du tout la même classe sociale et moi, je viens de La Courneuve... »
Elle retourne travailler dans la grande enseigne dédiée au sport. Sur les dix employé-e-s de l’équipe, six sont des filles. « On répare tout et ça étonne parfois, précise-t-elle. C’est arrivé qu’un client dise : “Je ne veux pas que ce soit la fille qui répare mon vélo”. Mon collègue a répondu : “Bah, moi, je n’y toucherai pas”. »
Laura est une sage, elle sait que le bonheur ne réside pas dans la facilité
Très motivée, Laura se forme en hydraulique, en électrique. Le soir, rentrée chez elle, elle regarde des vidéos. « J’adore apprendre, je n’aime pas la routine et je n’aime pas rester sur mes acquis, résume-t-elle. Et puis je suis passionnée de mécanique. J’ai besoin de comprendre comment ça fonctionne. »
Son métier laisse peu de place au temps libre, mais quand l’occasion se présente, elle la saisit pour rouler au parc de La Courneuve ou dans la forêt de Fontainebleau. Membre de l’Association cycliste courneuvienne, elle insiste sur l’importance de respecter le code de la route. « Vous pouvez vous faire verbaliser et vous faire retirer des points si vous êtes titulaire du permis auto et que vous avez commis une infraction sur un vélo ! » avertit-elle.
Des projets, elle en a bien sûr, qui concernent... le vélo. « Je souhaite entrer dans un cursus de moniteurs pour former les futurs techniciens et techniciennes de l’entreprise. » Laura est une sage, elle sait que le bonheur ne réside pas dans la facilité, que l’effort est source de motivation. De joie même. « J’ai l’opportunité de devenir formatrice dans le métier que j’aime, j’arrive tout à mélanger : ma passion et mon métier. Je suis très contente. » Une satisfaction qui la pousse plus avant encore. Elle sonde l’avenir et pose sous forme de question ce qui pourrait fort bien devenir le socle d’un futur proche : et pourquoi ne pas participer à la conception des VTT de demain ?
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Léa Desjours