La bourse du travail de La Courneuve fournit un appui précieux pour les salarié-e-s et les habitant-e-s, que ce soit dans le cadre des mobilisations ou pour résoudre des difficultés individuelles. Reportage.
Une antique pompe à essence, siglée CGT, accueille le visiteur au rez-de-chaussée de la bourse du travail, située dans un immeuble discret du 26, avenue Gabriel-Péri. Remonte-t-elle à 1968, date de la fondation de cette « maison du peuple » ? Personne ne s’en souvient, pas même Gérard Cador-Monnet, que certains appellent « la Bible », en hommage à sa longévité dans le monde syndical et à sa connaissance du lieu. Mais point de nostalgie chez ce retraité du bâtiment, qui participe aux assemblées générales, comme chez aucun de celles et ceux qui y agissent, la plupart bénévolement. En témoigne l’occupation à flux tendu des trois étages où se croisent salariés, associatifs et locataires.
Si notre visiteur pénètre plus avant dans le hall, il aperçoit différents panneaux syndicaux sur un mur ainsi qu’une petite bibliothèque garnie de fauteuils, mise à la disposition des usager-ère-s pour des lectures plaisir mais aussi pour consulter un code du travail ou un manuel de révision. L’éducation populaire n’est pas ici un vain mot. Il découvre surtout une vaste salle de réunion, qui peut contenir une soixantaine de personnes, cœur du réacteur de la bourse dont l’utilisation témoigne de son ouverture sur la ville. Cet espace sert en effet pour les assemblées générales des salarié-e-s et les congrès syndicaux, mais aussi pour les associations culturelles, les amicales de locataires et plus généralement les activités citoyennes. Salle municipale, sa réservation s’effectue par l’intermédiaire du service Événements et protocole de la Ville.
Un lieu méconnu du grand public
Parvenu au premier étage, on débouche sur l’accueil, tenu par Isabelle Belaid, agente mise à disposition par la Ville. Kamel Radji, le président de la bourse bénévole, prend le temps de nous décrire le fonctionnement très particulier de la bourse, méconnu du grand public. « Une seule union locale y est représentée, celle de la CGT, mais la mairie devant, comme employeur, héberger les organisations syndicales propres aux salariés de la commune, les sections du Snuter-FSU (la FSU des territoriaux) et de la CFDT des communaux y ont des bureaux. Comme syndicats, Force ouvrière et le Syndicat autonome des salariés de la distribution (SASD) sont aussi présents. On y trouve enfin les retraités CGT, l’Indecosa (une association de consommateurs), les Amis que GEM pour la promotion de l’emploi auprès des personnes handicapées, ou encore Addeva 93 qui accompagne les malades de l’amiante.»
Beaucoup de bourses du travail disparaissent ou changent de vocation. Gérard Cador-Monnet témoigne : « Les gens devraient être là, tout feu tout flammes. On essaie de motiver les collègues. On valorise tous les syndicats, même quand ils ne viennent pas aux assemblées générales. Ce qui compte, ce sont les combats syndicaux. » « De fait, beaucoup de syndicats de grosses boîtes, comme Eurocopter, Rateau ou Alstom, ont disparu avec elles, si bien qu’on se retrouve avec une part des syndiqués entre secteur public et privé de l’ordre de 60 % / 40 % », concède Kamel Radji. Mais, pour lui, « avec les nouvelles zones industrielles, on est plus dans des démarches individuelles car le syndicalisme n’y est pas trop développé ». La bourse joue alors un rôle crucial, se mettant à la disposition des salarié-e-s pour la constitution de syndicats, l’organisation d’AG, les négociations annuelles, ou encore les formations syndicales.
Accompagner les salarié-e-s
Au-delà des mobilisations, comme celle contre la réforme des retraites (réunions de l’intersyndicale, départs en manif, marche aux flambeaux...), l’accompagnement prend une grande place dans les missions. Salarié de la bourse, Moussa Diakhaté, par ailleurs secrétaire général de l’union locale CGT de La Courneuve, assure des permanences juridiques en droit du travail. Au premier étage, un bureau est affecté aux défenseur-euse-s syndicaux et aux conseiller-ère-s de salarié-e-s en cas de procédure de licenciement. Mais les difficultés de logement, judiciaires, de relations avec la CAF, de régularisation administrative font aussi l’objet d’un soutien. Il suffit pour cela de se rendre à l’accueil du premier étage pour demander un rendez-vous. Dans ce cadre, des partenariats avec les associations de la ville, comme Femmes Relais, Africa, le Secours populaire ou la Maison de la justice et du droit, ont été conclus. Un espace informatique va être bientôt aménagé pour lutter contre la fracture numérique et l’activité d’alphabétisation va être développée. Le peuple a bien ici sa maison.
Informations pratiques :
Bourse du travail : 26, avenue Gabriel-Péri. Téléphone : 01 49 92 62 95. Ouverture de 8h30 à 12h30 de 13h30 à 17h30, du lundi au vendredi.
- permanence juridique tous les mercredis de 14h30 à 19h (sur rdv)
- UL CGT, permanence des défenseurs syndicaux et des conseillers du salarié (sur rdv)
- syndicats CGT des communaux (sur rdv)
- syndicat des retraités multi-pro (sur rdv)
- UFAS : action sociale (sur rdv)
- sections syndicales des communaux (CFDT / Snuter) (sur rdv)
- syndicat SASD (sur rdv)
- Indecosa (1er et 3e jeudis du mois)
- ADDEVA 93 (horaires de la BT)
- Les amis que GEM (les jeudis de 9h à 12h)
Texte : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours