Une expérience à la fois professionnelle et sociale. C’est ce qu’ont vécu les douze jeunes de l’École de la deuxième chance de Seine-Saint-Denis (E2C93) partis en stage d’immersion dans la Région de Bruxelles-Capitale du 26 novembre au 9 décembre, grâce au programme Erasmus +.
Dans leur élément. En moins de deux semaines dans une nouvelle entreprise d’accueil, dans une nouvelle ville et dans un nouveau pays, Hichem, Selma et Massandjé n’ont pas seulement acquis de l’expérience, ils ont aussi acquis des habitudes. « On rentre dans une routine, on doit prendre les transports, on doit se faire à manger, on doit entretenir notre chambre d’hôtel tous les jours… Ce n’est pas négatif du tout et c’est bien pour ceux qui ne sont pas déjà autonomes », sourit Hichem ce 8 décembre dans les locaux de la Mission locale de Schaerbeek (MilocS), une commune de la Région de Bruxelles-Capitale, où il finit son stage « un peu d’observation et un peu de pratique » comme conseiller d’insertion professionnelle. « J’ai testé plusieurs métiers avant de penser à ceux du social, j’ai bien aimé accompagner et aider les gens, je pense que ça pourrait être mon projet définitif. »
Le jeune homme de 19 ans, stagiaire sur le site de l’E2C93 de Rosny-sous-Bois, fait partie des douze jeunes (six filles et six garçons, quatre stagiaires par site) partis en immersion professionnelle en Belgique dans le cadre du programme de l’Union européenne Erasmus +. C’est la seconde année consécutive que l’E2C93 organise ce séjour, en partenariat avec l’Institut Européen Recherche et Formation (un centre de formation continue spécialisé dans les actions de mobilité internationale) et la MilocS (qui trouve les entreprises d’accueil sur place). Voyage, hébergement, transport et nourriture : tout est pris en charge par l’Union européenne, sauf cette année où l’E2C93 et la MilocS ont participé aux frais de déplacement. « Notre objectif pédagogique, c’est de sortir les stagiaires de leur quotidien tout en valorisant et en renforçant leurs compétences socio-professionnelles », explique Cheikh Fassa, formateur référent sur le site de l’E2C93 de La Courneuve qui coordonne le projet.
Une chance pour les jeunes sans qualification
Objectif atteint pour Selma, 20 ans, stagiaire sur le même site, accueillie dans l’organisme de formation aux métiers des technologies de l’information BeCode Bruxelles. « Je me suis vraiment attachée à ce pays, j’ai vraiment aimé les gens et le lifestyle. Et je ne me serais jamais imaginé lancer des événements sur un site internet, créer des publicités sur les réseaux sociaux ou faire du codage… J’ai appris beaucoup de choses ici. Il n’y a pas ce côté “c’est moi le patron et c’est toi la stagiaire”. Si c’était faisable, je voudrais revenir faire un stage ici », insiste la jeune femme, qui veut travailler dans le marketing digital. Même enthousiasme chez Massandjé, 21 ans, en stage d’assistante dentaire dans un cabinet de la commune de Woluwe-Saint-Lambert. « Il y a une bonne ambiance. Je ne sais pas si je trouverais un cabinet comme celui-ci en France. »
Si ce stage est, comme tous ceux proposés à l’E2C93, une occasion pour des jeunes sortis du système scolaire sans qualification ou sans emploi de mieux définir leur projet professionnel, il leur permet aussi de se familiariser avec un nouvel environnement de travail. « Il y a beaucoup de choses qui changent par rapport à mon premier stage : les assistantes dentaires font aussi du secrétariat, c’est très polyvalent, précise Massandjé. Et les transports sont très fluides par rapport à ceux de Paris. On arrive à l’heure du coup ! » C’est enfin une occasion de nouer des liens entre elles et eux. « On est dans le même hôtel, on passe des moments ensemble, on joue à des jeux de cartes et on est allés visiter le musée de la BD », raconte Hichem. « La dynamique de groupe, c’est important pour la vie professionnelle », souligne Cheikh Fassa. Une corde supplémentaire à l’arc des jeunes qui pouvaient se sentir comme Selma « un peu perdus » avant de rejoindre l’E2C93. « Deuxième chance, ça fait dernier espoir, alors que c’est tout le contraire », note Massandjé.
Textes : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours
Pour en savoir plus sur l’E2C93, rendez-vous ici sur ou sur place à La Courneuve, 6, mail Maurice-de-Fontenay, 01 48 36 51 50, yamina.smail@e2c93.fr.