La mobilisation engagée par la Ville pour faire réduire de 90 à 70 km/h la vitesse maximale de circulation sur l’A1 et l’A86 en zone urbaine dense porte ses fruits : une expérimentation d’abaissement va être lancée sur le secteur courneuvien traversé par l’A86.
Cette vitesse-là est bienvenue. Le 26 septembre, la municipalité menait une opération coup de poing, avec le déploiement d’une banderole géante et la tenue d’une conférence de presse sur le pont Palmers, et lançait une pétition pour réclamer une réduction de la vitesse de 90 à 70 km/h sur les tronçons des autoroutes A1 et A86 passant à travers La Courneuve. Un mois seulement après, le préfet de la région d’Île-de-France a annoncé par retour de courrier que « ce secteur de l’autoroute A86 était retenu pour faire partie d’une expérimentation portant sur l’abaissement de la vitesse maximale autorisée ». Une réunion de concertation aura bientôt lieu avec les élu-e-s et acteur-trice-s locaux et le préfet du département de la Seine-Saint-Denis, chargé d’organiser cette expérimentation.
L’enjeu pour la Ville ? Réduire la pollution atmosphérique à laquelle les habitant-e-s sont exposés et donc les risques pour leur santé. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), la majorité des études montre en effet un impact positif de l’abaissement de la vitesse sur les voies rapides de type route/autoroute — de 130-120 km/h à 110-90 km/h ou de 90-80 km/h à 80/70 km/h — sur les émissions et les concentrations de polluants dans l’air. Oxydes d’azote, particules fines, composés organiques volatiles… Ces polluants émis par le trafic routier peuvent provoquer, à court terme, des difficultés respiratoires (toux, gêne et asthme) et, à long terme, des maladies respiratoires et cardiovasculaires ainsi que des cancers (poumon et vessie). La réduction de la vitesse permet aussi de diminuer le bruit de la circulation et donc les nuisances sonores subies par la population.
Au-delà de cette première victoire, il s’agit aussi pour la municipalité de susciter un débat public sur le poids de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme dans les inégalités environnementales et sur la gestion de la pollution automobile dans les zones urbaines denses de la banlieue parisienne. 65 % des Courneuvien-ne-s habitent dans un « point noir environnemental », une zone géographique qui cumule au moins trois des cinq types de pollutions et nuisances retenus (air, bruit, sols, eau, activités industrielles), contre 13 % des Francilien-ne-s en moyenne selon les derniers chiffres calculés par l’Institut Paris Région. Or la ville de Paris a obtenu un abaissement de la vitesse de 80 à 70 km/h sur son périphérique dès 2014, de 50 à 30 km/h dans la majorité de ses rues en 2021 et va encore réduire la vitesse sur son périphérique à 50 km/h en 2024. Respirer un meilleur air doit être un droit pour tout-e-s.
Texte : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours