Quarante-quatre élèves de CM2 de l’école Joséphine-Baker ont passé une semaine en immersion au centre culturel Jean-Houdremont. L’occasion pour elles et eux de monter un spectacle de A à Z et de s’approprier l’équipement.
Ce ne sont plus des élèves qui sourient sous les applaudissements, ce samedi 11 février dans l’arrière-salle d’Houdremont. Ce sont des acteur-rice-s, les acteur-rice-s d’un projet à la fois intense et audacieux : le Parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC) « Classe transplantée théâtre », construit par la direction des Affaires culturelles de la Ville et l’équipe du centre culturel. « C’est vraiment leur spectacle : ils ont été aidés par des adultes mais ils ont tout fait », souligne Gaëlle Barouillet, professeure de CM2 à l’école Joséphine-Baker. Avec sa collègue Aude Gérard, elle a accompagné les élèves de leur double classe tout au long de cette semaine faite de rencontres, de travail acharné et de découvertes.
Découvrir la pratique théâtrale
L’un des objectifs du parcours est de préparer une petite forme autour du conte et de la figure de l’ogre, en écho et en amont du spectacle jeune public de la compagnie Bob théâtre Rencontre avec Michel B., programmé le 11 février. Répartis en deux groupes (« mise en jeu théâtral » et « scénographie »), les enfants sont épaulés par le comédien Raphaël Hornung et la metteure en scène Sylviane Fortuny, de la compagnie Pour ainsi dire. Ces dernier-ère-s sont venus les voir plusieurs fois en classe depuis décembre et leur ont présenté le texte qu’elles et ils vont jouer, Orpheline. « On l’a appris pendant la classe de neige, c’était facile », raconte l’un des comédien-ne-s, Amine. Quant aux scénographes, elles et ils ont profité de ce séjour à la montagne pour prendre des photos du village et de la forêt, qui seront projetées pendant la représentation.
Si elles et ils ne partent pas de zéro, les élèves ont seulement deux jours et demi pour concevoir et mettre en place le décor, le son et la lumière, pour mémoriser les mouvements et les enchaînements des scènes, pour apprendre à porter la voix et à regarder le public... « Le spectacle va être très court, mais on voudrait qu’il soit professionnel », insiste Sylviane Fortuny en les accueillant dans le studio de danse n° 2 au premier jour. « Pour y arriver, c’est super important de s’écouter les uns les autres », renchérit Raphaël Hornung. Une aubaine pour les enseignantes, qui s’emploient à développer l’autonomie et l’entraide en classe. « Les enfants vont aussi appliquer dans des métiers ce qu’ils apprennent à l’école : le théâtre, c’est du français et la scénographie, des sciences », se réjouit Gaëlle Barouillet.
Découvrir le lieu
L’immersion à Houdremont commence dès 8h56 le lundi 6 février. « Ça s’appelle un centre culturel parce qu’il n’y a pas que du théâtre, il y a aussi du cirque, de la danse, de la musique... », explique la chargée de la communication et de l’action culturelle Zoé de Tournemire. Les enfants sont déjà venus voir des spectacles ici avec l’école, mais ce matin, elles et ils découvrent la salle de spectacles et l’arrière-salle « dans leur vie de tous les jours ». Les élèves font un tour dans les loges, habituellement fermées au public, dans l’espace famille, dans la salle d’arts plastiques qui sert aussi d’espace de travail aux étudiant-e-s... Et elles et ils apprennent des expressions et des superstitions du milieu théâtral, superstitions souvent héritées du milieu maritime. Pas question par exemple de prononcer le mot « corde » : sur un bateau, à une époque, la corde était destinée aux pendaisons... Cette découverte des coulisses et des rouages du centre culturel se double d’explications sur ses missions. « Faire cette expérience dans un milieu où ils n’ont pas l’habitude d’aller, entre autres raisons parce qu’ils ne s’en donnent pas le droit, leur montre qu’ils peuvent le faire. Et si les enfants viennent, des parents viendront », commente Gaëlle Barouillet. « C’est tout l’enjeu pour nous de permettre aux élèves de La Courneuve et à leurs familles de mieux appréhender cet équipement, qui est le leur », confirme la directrice des affaires culturelles Claire Andrieu. Objectif atteint pour Lina, qui voudrait revenir à Houdremont dès les vacances de février pour faire un stage de théâtre.
Découvrir les métiers
« Administratrice, administratrice, administratrice. » Installés dans le bureau de Nathalie Clérault, responsable de l’administration et de la billetterie, Soumaya et Samy répètent le mot en rigolant pour s’y habituer. Répartis en groupes, les enfants rencontrent plusieurs membres de l’équipe le jeudi 9 février pour recueillir des informations sur les différents métiers d’un centre culturel : l’administration et la billetterie donc, mais aussi la direction, la programmation, la communication, la relation avec les publics et l’action culturelle. Après ces présentations, c’est le temps de la restitution. Alors, en quoi consiste le métier de la directrice, Pauline Simon ? « Elle doit vérifier que tout le monde fait bien son travail », répond Bilal, sous les acquiescements et sourires des adultes présents.
Ensuite, les enfants vont découvrir les métiers de la création et de la technique grâce à un échange avec le directeur technique d’Houdremont Olivier Horn et deux membres de la compagnie Bob théâtre. Et le vendredi 10 février, à l’occasion d’une représentation de Rencontre avec Michel B. destinée aux scolaires, certain-e-s d’entre eux ont pour mission d’accueillir le public, de dessoucher les billets et de faire le placement en salle. « Vous savez ce que c’est, un centre culturel ? demande Dina aux écolier-ère-s qui patientent dans l’entrée d’Houdremont. C’est un endroit où on peut voir des spectacles et faire plein d’activités. » La preuve.
Texte : Olivia Moulin ; photos : Meyer