Un écran sur le monde

Publiée le 1 avr. 2022

Un écran sur le monde

L'Etoile

Ateliers, moments conviviaux, débats, action culturelle et artistique… Le cinéma municipal L’Étoile ne se contente pas de projeter des films, il joue un rôle de proximité et s’emploie à élargir l’horizon des petit-e-s et des grand-e-s.

À l’affiche de L’Étoile du 16 au 22 mars ? Un film indépendant américain, un documentaire sur la banlieue, un film social et un grand classique français, un film d’animation fantastique chinois pour les (grands) enfants et des courts métrages pour les tout-petits. Comme chaque semaine, le cinéma déroule une programmation variée pour plaire à tous les publics. Et, comme chaque semaine aussi, il propose de nombreuses activités. Tour d’horizon.

Un lieu de vie

Un, puis deux, puis trois et puis quatre : Sabrina teste plusieurs fauteuils avant de s’installer face à l’écran pour voir le programme Mes 4 saisons, diffusé dans le cadre de la Fête du court métrage ce 20 mars. À bientôt 7 ans, c’est une habituée des séances spéciales programmées plusieurs dimanches par mois pour les enfants : le ciné petit-déj, à partir de 3 ans, et le ciné-goûter, à partir de 6 ans. « On vient tout le temps, sauf quand on est malades ! s’amuse son père, Guillaume. On a une box, alors on regarde pas mal de films à la maison, mais c’est une autre expérience au cinéma. Et la petite aime bien faire les ateliers. »

En plus de la collation offerte avant ou après la séance, des activités manuelles et créatives sont proposées : découverte du fond vert, coloriage, création d’un film en pixilation... « L’idée, c’est d’organiser quelque chose de ludique pour que les enfants n’aient pas l’impression d’être à l’école », insiste Marie Roch, l’assistante Jeune public de L’Étoile.

Le cinéma met aussi en place des rendez-vous destinés aux autres générations : le ciné-thé, préparé avec la Maison Marcel-Paul, le ciné-déj pour les gens qui travaillent à proximité de la salle, et les ciné-pop-corn et ciné-pizza pour les adolescent-e-s et les jeunes adultes. « C’est important pour nous de créer des événements réguliers, sur lesquels les gens peuvent compter », précise Nicolas Revel, son directeur. L’Étoile travaille aussi en lien avec le Pôle Sup’93 et le CRR 93 pour programmer des ciné-concerts ou des concerts liés à une oeuvre.

L'Etoile

Un lieu de participation et d’échange citoyen

Parmi les événements réguliers, il y a des temps de discussion et de réflexion autour de sujets de société, créés avec les acteurs institutionnels et associatifs du territoire. C’est la condition des agentes d’entretien qui fait réagir la salle lors des projections-débats autour du film Ouistreham montées avec les associations Africa et Femmes solidaires les 16 et 19 mars, dans le sillage de la Journée internationale des droits des femmes. Tiziri Kandi, animatrice syndicale de la CGT-Hôtels de prestige et économiques, insiste ainsi sur « l’importance des luttes pour rendre visibles des femmes dont les activités ne sont connues que quand le lit n’est pas fait ». La question sociale est aussi au coeur du film coréen Parasite, choisi par le Conseil local de la jeunesse pour la cinquième édition de son cinédébat le 18 mars. L’occasion pour la trentaine de jeunes présents de parler des relations entre riches et pauvres, d’ascension sociale, des différentes formes de « parasitisme »…

Et le 20 mars, la projection du film Le Vieux Fusil, dans le cadre du festival La Résistance au cinéma en Seine-Saint-Denis, initie un échange sur le thème de la vengeance personnelle et sur le massacre d’Oradour-sur-Glane, commis le 10 juin 1944 par des SS. « J’avais 10 ans et je vivais en Corrèze, raconte une spectatrice aux intervenant-e-s de l’Association des amis du musée de la Résistance nationale. Je me souviens quand ça a brûlé, c’était en fin d’après-midi, c’était tout rouge… » Pour favoriser au maximum cette rencontre entre le public et les oeuvres et pour toucher un maximum d’habitant-e-s, le cinéma veut développer le travail partenarial avec les Maisons pour tous et les Espaces jeunesse.

Un lieu d’éducation à l’image

Il prépare aussi les spectateur-trice-s du futur, avec un recentrage sur le jeune public depuis quelques années. L’Étoile participe ainsi aux dispositifs nationaux et départementaux qui permettent aux enfants et adolescent-e-s de se forger une culture cinématographique : Ma première séance, École et Cinéma, Collège au cinéma et Lycéens et apprentis au cinéma. « On ne se contente pas de présenter les films, on fait un débat avec les enfants et les jeunes après la séance, on parle de l’objet artistique en tant que tel ou du sujet de l’oeuvre », indique Nicolas Revel. Ce 22 mars, il accueille justement des collégien-ne-s de Georges-Politzer pour une projection du film Moonrise Kingdom de Wes Anderson. « Chaque plan, chaque cadre, le moindre détail est pensé », leur explique-t-il.

Surtout, le cinéma mène une politique ambitieuse en direction des écolier-ère-s, à travers le Plan d’éducation culturelle et artistique (PEAC) engagé par la municipalité et les séances organisées sur les temps scolaire et périscolaire. Pour le parcours « Les émotions dans le cinéma muet », coordonné et animé par Marie Roch, les treize élèves de la grande section A de Joséphine-Baker et leur enseignante vont par exemple concevoir et tourner des courts métrages inspirés de l’univers de Laurel et Hardy. Ce 22 mars, elles et ils réfléchissent dans leur classe aux gags à faire. « On pourrait se mettre des gants de boxe sur les pieds », propose Maya en rigolant. Scénario retenu !

Cette éducation à l’image commence dès le plus jeune âge : le 24 mars, douze enfants de crèches viennent voir le programme de courts métrages d’animation en volume Pat et Mat. Après la séance, elles et ils se pressent aux côtés de l’assistante Jeune public, qui sort de la mallette pédagogique prêtée par le distributeur les marionnettes originales, sous trois formes : squelettes, squelettes recouverts de mousse avec la tête moulée et marionnettes complètes. « Ce n’est pas une mallette aux trésors, mais presque », sourit Marie Roch devant l’excitation des petit-e-s. Le cinéma en est une.

Textes : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours

Un cinéma Art et Essai

Projectionniste de L'Etoile
Texte

Si la salle accorde une place aux blockbusters américains et aux comédies grand public dans sa programmation, pour satisfaire tous les goûts, elle cherche aussi à soutenir des films et des cinéastes exigeants, tous les cinémas du monde et des oeuvres qui portent des valeurs en phase avec celles de la Ville. Les films étrangers sont ainsi proposés en version française et en version originale sous-titrée. « On a projeté White
Snake
en mandarin pour les enfants des centres de loisirs et plusieurs d’entre eux étaient contents d’avoir tout compris ! » raconte Marie Roch, l’assistante Jeune public. Parce qu’il expose beaucoup d’oeuvres soucieuses du fond et de la forme et les rend accessibles à travers sa politique d’animation, le cinéma L’Étoile est classé « Art et Essai » pour les trois catégories qui composent ce label : « Recherche et Découverte », « Jeune public » et « Patrimoine et Répertoire ». À ce titre, il reçoit des subventions de l’État.

L'Étoile en chiffres

  • 1 salle
  • 199 places, dont 4 pour les personnes à mobilité réduite (PMR)
  • 23 803 entrées en 2019
  • 270 films en 2019
  • 3 parcours d’éducation artistique et culturelle
  • 4 dispositifs d’éducation à l’image
  • 1 association de spectateur-trice-s, Les amis de L’Étoile