Entre sa formation en alternance et son activité sur les réseaux sociaux, l'étudiante en école de commerce et créatrice de contenus web de 22 ans enchaîne les journées bien remplies avec une détermination joyeuse et un but précis : monter son entreprise.
C’est tout son visage qui sourit quand elle évoque sa ville, ses cours, le digital, ses expériences en entreprise ou sa famille. « On me dit souvent que ça se voit quand je parle de quelque chose que j’aime ! » confirme Thiziri Behtani. Née en Algérie, elle est arrivée à 9 ans à La Courneuve et ne l’a pas quittée depuis. « Ça m’a beaucoup aidée à avoir une bonne personnalité et ça m’a préparée à travailler plus que les autres. Il y a un aspect famille ici, il y a plein d’activités que le service Jeunesse et le service des Sports organisent pour nous. Et nos professeurs avaient à coeur qu’on réussisse, ils étaient là pour nous aussi. » Élève à l’école élémentaire Charlie-Chaplin puis au collège Jean-Vilar, elle va ensuite dans un lycée d’Aubervilliers pour préparer un bac S option Sciences de l’ingénieur. « Comme j’aimais bien bidouiller des trucs et que j’étais très scientifique, je pensais que je voulais devenir ingénieure, mais c’était une erreur », rigole-t-elle.
« Les réseaux sociaux, ça ouvre plein de portes quand tu sais t’en servir et quand tu représentes de bonnes valeurs »
Après son bac, elle se tourne vers un DUT Métiers du multimédia et de l’Internet et fait son stage dans une agence de communication qu’elle connaît, grâce à son expérience dans les réseaux sociaux. C’est que la « bidouilleuse de trucs » filme, monte et met en ligne des vidéos depuis le lycée. « Au début, c’était pour m’amuser, parce que je n’avais pas forcément besoin de réviser tout le temps, ensuite je me suis découvert une passion pour les réseaux sociaux et pour leur fonctionnement. » Elle se documente beaucoup, observe ce qui marche aux États-Unis, fait évoluer ses contenus en même temps que ses abonné-e-s et prend toujours le temps de poster des vidéos. « Les réseaux sociaux, c’est une course-poursuite aujourd’hui, mais ça ouvre plein de portes quand tu sais t’en servir et quand tu représentes de bonnes valeurs. » Son travail assidu et son authenticité paient. Thiziri rassemble une communauté importante (260 000 abonné-e-s
sur YouTube, 372 000 sur TikTok et 95 000 sur Instagram) et collabore avec plusieurs marques grâce à son statut d’autoentrepreneuse. Sans se détourner des études pour autant.
Après le DUT, elle décide de suivre en alternance un bachelor Responsable de projet en communication. Aidée par l’association Jade, elle décroche un contrat dans l’agence de marketing digital courneuvienne 3 Goats, installée à la pépinière d’entreprises. « Là-bas, j’ai appris tout ce qui est en rapport avec la publicité : on achète des placements et on définit une stratégie pour accompagner ces achats. J’ai vraiment apprécié cet apprentissage, mais je voulais avoir d’autres expériences, même s’ils proposaient de me garder. Je n’aime pas trop rester dans ma zone de confort ! »
« Je ne veux pas que mes parents soient venus ici pour rien »
Pour apprendre, encore, de nouvelles choses, Thiziri Behtani fait donc depuis septembre une école de commerce, l’ISC Paris, toujours en alternance. « Je découvre de nouvelles matières, comme la fiscalité ou la finance, raconte-t-elle. Je me suis rendu compte que j’avais un profil marketing, mais j’ai déjà plein de connaissances dans ce domaine et je ne sais pas si ça m’intéressera encore dans dix ans. Un diplôme un peu plus large m’offrira d’autres opportunités. C’est un rythme chargé, avec les trajets, les cours, le taf, la salle de sport et les réseaux sociaux… mais j’aime bien occuper mes journées ! »
L’importance qu’elle accorde aux études a aussi à voir avec son histoire familiale. « Je ne veux pas que mes parents soient venus ici pour rien et je donne l’exemple à ma petite soeur et à mon petit frère. Dans ma famille, je suis la première à avoir eu le bac. » Très soutenue par ses parents et les autres membres de sa famille, elle partage aussi avec eux sa fibre entrepreneuriale. « Ils sont tous entrepreneurs ! J’ai envie de créer ma boîte dans le digital depuis longtemps, d’où mon intérêt pour l’alternance, pour voir ce qui se fait en entreprise. C’est important de se fixer des objectifs, sinon tu ne vis pas, tu survis », dit-elle, en souriant évidemment.
Texte : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours