Fin octobre, Tiakola (4KEUS) tournait le clip de son nouveau titre, « La Clé ». Reportage au cœur de La Courneuve, la ville qui a vu grandir le rappeur et qui l’imagine déjà au sommet.
Jeudi 28 octobre, 20h. La nuit est tombée sur le terrain vague de l’ancienne barre Robespierre, aux 4 000 Nord. Dans un coin derrière les grilles, une vieille Peugeot 408 attend patiemment de se faire brûler : ce soir, elle sera figurante sur le tournage d’un clip. Juste avant de filmer la scène, une technicienne fait un dernier check up : « Ok, tout le monde a son cocktail Molotov ? On peut y aller ! ». Une bouteille, puis deux, puis trois. La voiture prend feu tout de suite. Derrière les camions de matériels, les petits du quartier ne rateraient cela pour rien au monde. Même les mamans sont là pour assister au spectacle. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir la star à la maison.
La star, c’est Tiakola. Issu du groupe 4KEUS, le talent brut de 21 ans brille de plus en plus intensément. Avec son style mélodique, il séduit tant le public que les caméras avec son sourire toujours en coin et ses petits pas de danse reconnaissables entre mille. Sa gestuelle, son talent, son sérieux… Tiakola semble être né pour réussir. S’il touche déjà son rêve du bout des doigts depuis quelques mois, ce nouveau son est, comme il le décrit lui-même, « le grain de sel » qui devrait faire décoller sa carrière pour de bon. C’est ainsi dans sa ville natale que la pépite montante a décidé de tourner le clip de « La Clé ». Un titre évocateur au message fort, que Tiakola a pris soin de chercher des semaines : « C’est la clé de la réussite, la clé pour s’en sortir. Il faut donner de la lumière aux jeunes qui vont écouter ce morceau et qui n’osent pas se lancer dans la musique, c’est rare de pouvoir réussir dans ce milieu ! ».
« La musique est devenue un combat »
Parmi les lieux choisis pour le tournage figure également la salle de boxe du gymnase Jean-Guimier. Les technicien·ne·s lumière ajoute de la fumée et corrigent l’éclairage du ring. Les gestes sont précis et tout le monde s’active pour que le rendu soit parfait. Devant les miroirs, un grand type à la doudoune bleu foncé sourit. C’est Harouna, le manager de Tiakola. Il est heureux que l’équipe soit à l’heure, ce qui est peu fréquent sur les tournages de clip. « Je suis hyper content », dit-il. « La production est très carrée, ça va vite, je suis tranquille. » Harouna connaît bien Tiakola. Les 4KEUS, il les suit depuis 2017, l’année où le groupe a signé chez Wati B, label notamment connu pour avoir sorti le premier album de Sexion d’assaut, L’École des points vitaux (2010). Le rappeur est occupé à tourner, alors Harouna raconte l’histoire du morceau très introspectif : « Il devient responsable de la maison, il écoute les conseils de son grand frère qui lui disait de ne pas choisir la mauvaise voie. Il veut montrer que ce choix a payé dans un monde où la musique est devenue un combat. On compte beaucoup sur ce titre, on espère qu’il va propulser sa carrière ».
À moins d’un mètre, la maquilleuse doit se mettre sur la pointe des pieds pour poudrer le visage de Dinos. Le grand rappeur est venu spécialement pour tourner un plan sur le ring. Quand le clip est sorti, les fans les plus aguerris ont sans doute su que sa présence fait référence à son album Stamina, paru en 2020. Pour Tiakola, son apparition dans le clip est une grande preuve de reconnaissance : « Dinos, c’est une référence, ça fait des années qu’il est là, il est validé. Nous [les 4Keus], on a 21 ans, on est encore jeunes malgré le succès et on a beaucoup à apprendre de lui. C’est un honneur de l’avoir ici », se réjouit-t-il.
Toute cette effervescence n’est que la partie émergée de l’iceberg. Si le titre sort sous forme de single en décembre, il annonce surtout la sortie d’un album en 2022. Tiakola trépigne d’impatience et savoure sa réussite : « Ça fait des mois que je travaille sur les morceaux, il faut que ça sorte maintenant. Comme ça je peux passer à autre chose. Tant pis si les chiffres ne sont pas là. L’important, c’est que ça continue. »
Texte : Cécile Giraud ; photos : Léa Desjours