Sara Hamadou : Conjuguer études, sport et santé

Publiée le 31 mars 2022

Sara Hamadou : Conjuguer études, sport et santé

Sara Hamadou

Sara Hamadou, 25 ans, est karatéka et spécialisée en physiologie des activités physiques adaptées, santé, nutrition. En septembre dernier, elle a rejoint l’association Unis-Vers, où le sport matche avec la santé et une nouvelle façon de consommer.

« C’est un pur hasard », considère Sara Hamidou en évoquant sa rencontre avec l’association Unis-Vers. Se qualifiant elle-même de « personne hyperactive », la jeune femme pensait déjà devenir bénévole après l’achèvement de ses deux ans de master. Or, la crise sanitaire avait rendu difficile de trouver un point de chute associatif. Mais, en septembre dernier, en se baladant, elle aperçoit les chapiteaux du Forum des associations, s’y promène et lit une pancarte « sport-santé » sur le stand de l’association Unis-Vers. Ni une ni deux, elle discute avec Farid Djema, président de l’association, qui tient le stand, et lui annonce : « Écoutez, je suis fraîchement diplômée, mais j’ai zéro expérience, est-ce que c’est possible de voir comment ça se passe ? Il m’a expliqué le concept de l’association axée sur le sport et la santé, la nutrition saine, j’ai adoré et, depuis, je suis bénévole ! »

Un hasard vraiment ? Le parcours de Sara Hamadou révèle une vraie cohérence. Née en 1996 à Alger, elle y suit un master en biologie. Mais très vite, elle pense venir en France, souhaitant travailler dans la recherche en biochimie, un domaine peu développé dans son pays natal. À 22 ans, elle traverse donc la mer Méditerranée, mais préfère s’inscrire alors en master Staps à l’Université de Paris, se spécialisant en physiologie des activités physiques adaptées, santé, nutrition. En effet, déjà athlète en karaté en Algérie, elle voudrait allier dans la recherche les domaines de la biologie et du sport. Elle réussit son master 2 en juin dernier. La boucle est bouclée : le sport-santé sera sa vocation.

« On n’est pas des coachs pour obtenir des abdos bien dessinés. »

D’où vient une telle ténacité ? « Pour ma famille, les études sont primordiales », explique-t-elle. Son père, commerçant, et sa mère, alors enseignante en arabe, imposent une forte exigence en ce qui concerne l’école : « Quand ma moyenne baissait à 13 sur 20, on m’arrêtait le sport ! Avec le recul, je vois ça comme du chantage (rires) ! » Autre rencontre décisive : sa professeure de sport au collège qu’elle prend comme modèle. Enfin, beaucoup de membres de sa famille habitent déjà à l’étranger, ce qui alimente depuis toute petite son idée de quitter l’Algérie. C’est précisément une tante qu’elle va venir rejoindre à La Courneuve, près de la gare RER, dès son arrivée. Visant actuellement un diplôme universitaire à l’université Paris 13 sur le thème « Cancer et sport », elle s’implique fortement dans l’association Unis-Vers dès qu’elle a du temps libre. « L’association, créée en 2017, propose du sport-santé aux personnes âgées qui souffrent notamment de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension, mais pas seulement », indique Sara Hamadou. Mais l’objectif est aussi de les sortir de leur isolement social, de leur redonner confiance. « On n’est pas des coachs pour obtenir des abdos bien dessinés », insiste-t-elle. Ainsi, au stade Géo-André, trois fois par semaine (lundi, mercredi et vendredi), la séance, d’une heure environ, voit se succéder échauffement, renforcement musculaire, travail sur l’équilibre et relaxation.

« Les personnes viennent passer ici du bon temps, mais on veut aussi qu’elles partent avec de bonnes pratiques. »

L’originalité de ces activités est de mêler sport et nutrition. « Quand on a le temps à la fin de la séance, on prépare tous ensemble un jus avec des extracteurs et, en même temps, on sensibilise à propos de l’assiette. L’un ne va pas sans l’autre », ajoute la jeune femme. Ainsi, à une personne en surpoids, les bénévoles ne proposent pas du cardio ou des activités difficiles, mais une alimentation équilibrée. Les conseils en nutrition sont donnés dans une ambiance détendue, en ouvrant le débat. « Avant tout, les personnes viennent passer ici du bon temps, mais on veut aussi qu’elles partent avec de bonnes pratiques. »

Dans l’association, Sara Hamadou intervient avec Djabel Attoumani, en formation BPJEPS sport collectif, pour proposer des exercices et échanger. Mais elle participe aussi aux événements, comme l’opération de sensibilisation au diabète au Centre municipal de santé et la journée « femmes et sports » à Béatrice-Hess à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes où l’association avait préparé un « repas healthy ». En parallèle, la jeune femme donne des cours de karaté, de kung-fu et de renforcement musculaire et elle a repris elle-même le karaté. Ayant noué de fortes attaches avec La Courneuve, elle en estime les points positifs : « beaucoup de jeunes et beaucoup de potentiel ». Elle conclut : « Vous voyez le combo des deux ? Il va y avoir des idées magnifiques. Il faut juste de l’encouragement. »


Texte : Nicolas Liébault ; photo : Léa Desjours