Le lien indéfectible entre Salima Bitout et La Courneuve passe par la pratique de la danse, du fitness, du TaeBo et du FullDancing. Élève, puis professeure à l’association Tempo, elle transmet depuis vingt ans sa passion du sport et les vertus qu’il véhicule.
Quand, à l’âge de 9 ans, Salima Bitout intègre la salle de danse de Nadiège Guitteaud à La Courneuve, elle ne sait pas qu’elle va à la rencontre d’une passion qui ne se démentira jamais plus. Elle est encore dans l’enfance, une enfance heureuse au sein d’une famille unie qui réside dans l’immeuble Claude-Debussy, dernière d’une fratrie de huit enfants. «On a déménagé au mail après la destruction de la barre, puis ma mère s’est installée rue Beaufils, résume-t-elle. Je suis allée à l’école Joliot-Curie, au collège Jean-Vilar puis au lycée Henri-Wallon à Aubervilliers, où j’ai passé un bac littéraire. »
À l’association Tempo, elle pratique tour à tour la danse moderne et le modern jazz. « Dans le club, je partageais la passion du sport avec les autres filles et garçons, mais il y avait aussi une dimension sociale. Grâce à des spectacles ou des championnats en province, nous avions la possibilité de sortir souvent de la cité, de voir d’autres choses, d’autres personnes », explique-t- elle, avant de commenter : « C’est aussi ça le sport, ce n’est pas seulement du bien-être ou le dépassement de soi, c’est tout ce qu’il y a autour. » Elle suit ensuite les cours de danse de Carl Portal, qui demande parfois à quelques-unes de ses élèves de prendre le relais pour faire faire des abdos à leurs camarades. « Je me suis laissée prendre au jeu, raconte Salima. On m’a demandé par la suite si je voulais bien être l’assistante du professeur de fitness. J’ai dit oui. »
« Au-delà du bien-être qu’il procure, le sport permet de créer des liens, des opportunités. »
La transition faite, le hasard des circonstances s’invite dans son projet artistique. Lors d’un séjour à New York, elle achète à un vendeur à la sauvette la cassette vidéo d’un programme de remise en forme appelé « TaeBo », une technique de fitness basée sur des mouvements d’arts martiaux qui se pratique sur une musique très rythmée. « Ainsi, le lever de jambe devient coup de pied, le lever de bras coup de poing, etc. », précise- t-elle. Elle décide de se former avec celui qui a inventé cette technique, le champion de taekwondo Billy Blanks, se rend à Los Angeles (Californie) pour le rencontrer et... ramène la discipline à La Courneuve. « C’était en 2001, j’ai commencé à donner des cours à Tempo, il y a tout juste vingt ans. En m’inspirant du TaeBo, j’ai créé le FullDancing, mélange de danse et d’arts martiaux. »
Bien qu’elle s’en défende, sa vie quotidienne ressemble à s’y méprendre à un entraînement sportif où s’entremêlent énergie, plaisir, efforts, exigences, discipline. Elle est mère de famille, travaille à temps plein dans le marketing et... écrit des comédies romantiques publiées chez Prisma et Harper Collins. « Je ne me pose pas la question de l’organisation de mes journées, note-t-elle. Du temps, j’en trouve. Quand j’ai envie de raconter une histoire, tant pis si je ne dors que trois heures par nuit pendant plusieurs semaines. J’ai connu des réussites, des échecs aussi, mais ce qui est important pour moi, c’est d’essayer de faire ce que j’ai envie de faire. Je pense que dans la vie, il vaut mieux avoir des remords que des regrets... »
Aujourd’hui, elle ne vit plus à La Courneuve mais elle continue d’y transmettre sa passion. Elle donne des cours de fitness et de TaeBo le lundi soir au centre culturel Jean-Houdremont, et monte des tableaux chorégraphiques le mercredi avec une classe d’élèves confirmées. « Je me suis toujours dit que si un jour j’étais amenée à travailler dans l’associatif, ce serait ici, à La Courneuve, une façon de rendre ce qu’on m’a donné, commente-t-elle. Et je suis heureuse de l’avoir fait, d’avoir emmené mes élèves ailleurs, et même à l’étranger, pour des championnats de chorégraphies, et d’avoir avec ces superbes femmes ramené des trophées à la maison. »
Avant que l’entretien ne s’achève, elle a une pensée pour tous les jeunes qui ont beaucoup souffert de la pandémie. « J’ai envie de leur dire qu’ils ne doivent pas renoncer, que le sport peut les aider. Au-delà du bien-être qu’il procure, il permet vraiment de créer des liens, des opportunités. C’est aussi un message que j’aimerais adresser aux femmes...»
Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Léa Desjours