Quand les jeunes investissent Roland-Garros

Publiée le 25 mai 2022

Quand les jeunes investissent Roland-Garros

Fête le mur à Roland-Garros

Le samedi 21 mai, de jeunes Courneuvien-ne-s ont eu la possibilité d’assister à une journée du tournoi de Roland-Garros par l’entremise de Fête le Mur, l’association fondée par Yannick Noah, dans le cadre de laquelle elles et ils pratiquent le tennis. Reportage.

« Le meilleur sur terre battue, c’est Nadal ! » Dans la rame de la ligne 10 en direction de la porte d’Auteuil, les conversations de passionné-e-s entre enfants et animateur-rice-s battent déjà leur plein. Inauguré en 2000, le site Fête le Mur de La Courneuve permet aux jeunes de la ville de venir du mardi au samedi pour pratiquer le tennis, de quoi former des connaisseurs et connaisseuses aguerris en la matière. L’association leur permet par ailleurs de bénéficier d’aide aux devoirs et de s’investir dans divers programmes (culturels, éducatifs, sportifs, insertion professionnelle etc.).

Midi passé, le convoi courneuvien est arrivé à bon port. Après la distribution de T-shirts et la photo de groupe devant le stand de l’association, les « fêtelemuriens » se répartissent par équipes avec un animateur : direction les matchs d’exhibition ! Si certain-e-s se rendaient pour la première fois sur les lieux du tournoi du Grand Chelem, animateur-rice-s compris, d’autres sont des habitué-e-s de l’événement. « Il y a des enfants qui sont déjà venus plusieurs fois à Roland-Garros avec Fête le Mur, explique Nima, animatrice. Moi je viens depuis que j’ai 11 ans. »

« Quand on assiste au tennis en vrai, il y a plus d’émotions ! »

« C’est la troisième fois que je viens à Roland-Garros », confie Nassroudine. Confortablement installé dans les gradins du court Philippe-Chatrier, le jeune homme de 14 ans jubile devant le match d’entraînement de Novak Djokovic, qui fait partie de son « top trois ». Le soleil tape et l’adolescent supporte mal la chaleur caniculaire, mais les coups droits, amorties et autres effets spectaculaires du numéro un mondial font passer cette préoccupation au second plan. « Je suivais déjà un peu le tennis avant d’assister à Roland-Garros avec l’association, mais maintenant je suis encore plus. » Le rendez-vous annuel a permis à ce jeune « fêtelemurien »

de découvrir des joueurs, devenus des idoles. « La première fois que j’ai vu Rafael Nadal, ça m’a vraiment marqué. C’est en le voyant jouer en vrai que j’ai découvert à quel point il était incroyable », raconte-t-il entre deux exclamations devant les exploits du tennisman serbe. « Et j’ai pu découvrir d’autres joueurs comme Medvedev ou Djokovic. » Pour lui, avoir l’occasion de se déplacer pour voir les matchs depuis les tribunes est une expérience unique : « Quand on assiste au tennis en vrai, il y a plus d’émotions ! »

« Nous, c’est la première fois qu’on vient ». Laëtitia, 10 ans et Zora, 12 ans, ont rejoint l’association Fête le Mur cette année. « C’est exceptionnel de pouvoir venir à Roland-Garros, on a de la chance. Tout le monde ne peut pas assister à ce genre d’événement et on n’y serait pas allées de nous-mêmes », estime Zora. « C’est l’occasion pour nous de découvrir des joueurs, des joueuses et d’apprendre sur le tennis », affirme Kashena, 14 ans. « On passe un bon moment en groupe et il y a une bonne ambiance ! » complète son amie Jasmini, 15 ans.

Roland-Garros

« Le tennis, ça met les filles et les garçons sur le même terrain »

« Avec Fête le Mur, on est associés avec la Journée des enfants de Roland-Garros depuis 2006, donc ça commence à faire ! » raconte Séverine Thieffry, directrice générale de l’association fondée en 1996 par Yannick Noah. « Certains y participent depuis le début, se souvient-elle. Je discutais à l’instant avec l’un des animateurs de l’association de La Courneuve, qui a commencé tout petit. » Vingt-cinq ans après la création de l’association, la directrice générale se félicite du chemin parcouru. « Au départ, il s’agit d’amener le tennis dans les quartiers dits prioritaires. C’est un sport qui n’était pas du tout pratiqué dans ces quartiers-là pour des raisons d’images et de coût, explique-t-elle. Ils avaient très peu d’offres à part le foot, le basket ou la boxe, et surtout très peu de choses pour les filles ! L’intérêt du tennis c’est que c’est un sport mixte. Ça met les filles et les garçons sur le même terrain. »

Aujourd’hui, l’association est implantée dans 76 villes, 136 quartiers prioritaires, y compris en outre-mer. « En trois ans, on a doublé nos implantations, on a eu plus de moyens, on a pu recruter beaucoup de jeunes hyper performants », se réjouit Séverine Thieffry. Les futures stars du tennis ?

Texte : Hadrien Akanati : photos : Thierry Ardouin

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