Superactif, l’ancien Courneuvien, président de la société L’Éclair colombophile, réussit toujours à ménager du temps pour la passion qui l’anime depuis sa toute petite enfance : les pigeons voyageurs.
Il est venu avec deux de ses « sportifs de haut niveau », retraités de la compétition : un pigeon femelle sans nom et un pigeon mâle appelé Dédé. « Il a obtenu un très bon résultat à Toulouse, une ville où habite un ami de la famille qu’on surnomme Dédé ! » Olivier Duchêne est colombophile : dans son jardin au Blanc-Mesnil, où il a déménagé en 1999 après trente ans passés à La Courneuve, il élève une centaine de pigeons voyageurs pour les faire participer à des concours. Le principe ? Les oiseaux sont emmenés jusqu’à un site de lâcher d’où ils vont, grâce à un sens de l’orientation exceptionnel, revenir au colombier où ils ont été élevés, en volant de 60 à 120 km/h. Trois types d’épreuves existent : vitesse (jusqu’à 300 km de distance), demi-fond (de 300 à 500 km) et fond (de 500 à 1000 km). C’est, à chaque fois, la vitesse moyenne qui détermine le classement.
Cela fera bientôt quarante ans qu’Olivier Duchêne pratique ce sport, d’abord comme adhérent de la société courneuvienne L’Éclair colombophile puis comme dirigeant. « On était une dizaine quand j’ai démarré, on est encore une dizaine aujourd’hui, mais on a été plus nombreux à une époque. » Ici comme dans toute la France, la discipline connaît une désaffection croissante : la Fédération colombophile française (FCF) ne compte plus que 10 000 adhérent-e-s, contre 100 000 dans les années 1950. La faute notamment aux contraintes qu’elle impose : il faut s’occuper des pigeons tous les jours, les entraîner, veiller à leur régime alimentaire et à leur santé, se rendre disponible le week-end lors de la saison des concours, qui s’étend d’avril à septembre. « Ça demande du temps si on veut obtenir des résultats, c’est très compliqué de concilier ça avec une vie familiale et professionnelle, confirme Olivier, qui a une compagne et deux garçons, et travaille comme chauffeur de taxi, après avoir été responsable de vente, commercial, mécanicien poids lourds... Mais je suis un passionné ! J’essaie d’aller voir mes pigeons matin et soir, et j’attends la retraite pour faire ça à plein temps, enfin presque. »
A 14 ans, il devient le plus jeune licencié de L’Éclair
Né à Aubervilliers en 1968, il a développé cette passion dès son plus jeune âge. « Quand j’avais 3-4 ans, j’allais souvent à Paris avec mes parents et j’apportais toujours du pain ou du riz pour nourrir les pigeons. J’aimais bien qu’ils viennent manger dans ma main. » Sur le balcon de leur appartement rue de la Gare, il s’occupe de tourterelles, puis d’une palombe. L’enfant devient le (petit) Monsieur Pigeons de la ville, accueillant et soignant les volatiles blessés qu’on lui amène. Et il ressent très vite l’envie d’avoir des pigeons voyageurs, qu’il a découverts lors de vacances dans le Pas-de-Calais natal de sa famille. « Mais comme j’étais jeune, mes parents m’ont dit d’attendre.» Alors, à 14 ans, il se renseigne de son côté, fait la connaissance d’un colombophile et devient le plus jeune licencié de L’Éclair. Dès l’année suivante, en 1983, il participe au concours national du meilleur jeune colombophile.
Très impliqué, Olivier Duchêne a pris des responsabilités au sein de la FCF, en tant que vice-président du groupement Secteur Est de Paris et vice-président de la Fédération régionale Paris Île-de-France. Avec toujours l’envie de partager le savoir acquis au fil des années. « Ça ne sert à rien de garder ça pour moi. J’essaie toujours d’aider les autres colombophiles du club quand ils ont des difficultés, de leur donner des conseils, même si je n’ai pas beaucoup de temps. » C’est qu’en plus du travail et de la colombophilie, Olivier Duchêne a longtemps multiplié les activités sportives dans les clubs de La Courneuve : gymnastique, football, judo et handball. « Dormir, c’est déjà un peu mourir », sourit-il. Son goût pour le sport imprègne la façon dont il s’occupe des pigeons : «Je les manage comme des sportifs, avec un principe : ne pas leur faire subir ce que je n’aimerais pas subir pendant une compétition.» Pour l’homme qui a aussi un chien, une poule et un coq, le bien-être animal compte énormément. « C’est vraiment fusionnel, ma relation avec les animaux. »
Texte : Olivia Moulin ; photo : Meyer