Noor-Eddine Hadj-Rabah, 26 ans, travaille à la piscine Béatrice-Hess. Grâce aux formations de la Ville, le jeune homme a pu gravir les échelons jusqu’au diplôme de maître-nageur sauveteur. Le Courneuvien offre un bel exemple de persévérance malgré les épreuves rencontrées.
Il nous accueille dans le petit bureau des maîtres-nageurs qui jouxte le bassin de la piscine Béatrice-Hess. Avec calme et précision dans l’expression, il nous décrit un parcours qui témoigne d’une volonté de maîtriser son destin, de ne pas se laisser dépasser par un échec. La discipline, Noor-Eddine Hadj-Rabah se l’est vue inculquer par sa famille, composée de sa mère, femme au foyer, et de son père, employé au consulat d’Algérie à Bobigny, à laquelle s’ajoute un petit frère. S’il se souvient avec bonheur de la vie de quartier, habitant d’abord aux 4 000 puis allée du Vercors, il avoue : « Mes parents ont toujours veillé à ce que je ne traîne pas dehors, préférant que je fréquente l’école, mais aussi le service Jeunesse ou le centre aéré. »
La pratique du sport fait partie de l’hygiène de vie familiale. « Depuis que j’ai 3 ans, ma mère nous a toujours inscrits à un sport, pas toujours le même d’ailleurs ! » explique-t-il. Après les premières années à l’École municipale d’éducation physique et sportive (Emeps), sa mère a puisé dans le guide des clubs pour proposer des disciplines au petit Noor-Eddine : football, tennis, football américain (avec le Flash), boxe, natation, judo... Le sport est déjà pratiqué à haut niveau par certains membres de la famille. Ainsi, son oncle est ceinture noire de judo et a participé aux Jeux olympiques avec l’Algérie.
Pour autant, au départ, Noor-Eddine Hadj-Rabah ne souhaite pas faire du sport sa profession. À l’école Romain-Rolland, à l’école Louise-Michel puis au collège Georges-Politzer, « la scolarité était simple : jamais le premier, jamais le dernier non plus ». De cette période, il ne conserve que des bons souvenirs, aimant bien l’école. Scientifique, ce parcours le conduit jusqu’en terminale S au lycée Jacques-Brel et il vise les grandes écoles pour devenir ingénieur automobile. « Mais comme j’ai échoué au bac, les portes se sont fermées. Et la seconde fois que je l’ai tenté, j’ai décidé de suivre une voie sportive professionnellement ! »
C’est apprendre à nager aux enfants et aux adultes qu’il préfère
Le jeune homme obtient alors son diplôme de surveillant de baignade (SB) avec la Ville, ce qui lui permet de travailler dans des piscines et donc de « développer un réseau spécifique au monde de la natation ». Une de ces expériences : La Courneuve Plage, grâce à l’entremise de Claude Verdier, éducateur sportif. Pourquoi ce virage ? En fait, cette attirance lui est venue très tôt. « Ma mère voulait qu’on sache nager pour avoir la tête reposée quand on se rendait à la piscine avec les copains ou à la mer en vacances en Algérie », se rappelle-t-il. Et d’ajouter : « Même quand on pratiquait un sport, la natation, c’était d’office, et elle m’a inscrit chez les bébés nageurs. » Après une coupure entre 12 ans et 17 ans, il reprend cette pratique.
Diplôme de SB en poche, il tente le Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA), toujours organisé par la Ville, échoue, mais réussit à sa seconde tentative. Tout s’enchaîne alors pour lui, avec une formation pour devenir maître-nageur sauveteur grâce à laquelle il peut passer le Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) qu’il obtient en 2019. Contrairement au SB, le BNSSA lui « permet de tout faire: enseigner, surveiller et intervenir en cas de souci ».
Depuis qu’il détient ce diplôme, il travaille à la piscine Béatrice-Hess où il apprécie les différentes facettes du métier : surveillance et enseignement, activités physiques comme l’aquagym, événements sportifs... Parmi ces activités, c’est apprendre à nager aux enfants et aux adultes qu’il préfère.
De cette piscine, il aime l’ambiance où « quand on a un problème, on se le dit tout de suite » et où les quatre maîtres-nageurs surveillent ensemble la plupart du temps. « J’aimerais y rester le plus longtemps possible », confie-t-il. Son équilibre, en dehors de ce métier, il le trouve dans le sport, boxe thaïe, ju-jitsu, lutte et aussi... natation. Il continue par ailleurs à suivre la Formule 1.
La première pierre du Centre aquatique olympique a été posée à Marville sur le territoire de La Courneuve. Noor-Eddine Hadj-Rabah s’en réjouit, anticipant les vocations qui vont éclore de cette proximité avec les champion-ne-s. « Un élève en CM2 qui habite près de la piscine sera plus tenté d’aller nager : cela agrandit le monde de la natation. »
Texte : Nicolas Liébault ; photo : Léa Desjours