Les enfants affirment leurs droits

Publiée le 21 juin 2022

Les enfants affirment leurs droits

CCE

À l’occasion d’une rencontre avec des élu-e-s et le Défenseur des enfants, des membres du Conseil communal des enfants ont fait entendre leurs idées et leurs réclamations.

Elle n’en démord pas. « Mais ce n’est pas censé être interdit, les devoirs ? » demande Manel au micro pour la troisième fois, ce mercredi 15 juin dans la Maison de la citoyenneté James-Marson. Comme seize autres membres du Conseil communal des enfants (CCE), elle échange avec le maire Gilles Poux, les adjoint-e-s Oumarou Doucouré, délégué aux Droits de l’enfance et de la petite enfance, Betty Saint-Ubert, déléguée à la Vie associative, à la politique de la Ville et à la lutte contre les discriminations et Moudou Saadi, délégué aux Pratiques de démocratie participative et de citoyenneté, et le Défenseur des enfants, Éric Delemar. « C’est une question qu’il faudrait poser au ministre de l’Éducation nationale, glisse ce dernier. Mais il y a tout un débat en France sur l’école, sur les rythmes scolaires, sur le poids des cartables… »

Chargé de défendre les droits des enfants aux côtés de la Défenseure des droits, Éric Delemar est venu dans le cadre de la consultation nationale « J’ai des droits, entends-moi », destinée à recueillir les propositions des moins de 18 ans pour garantir l’effectivité de leurs droits en France et consacrée cette année à la vie privée. Une consultation à laquelle les membres du CCE ont participé en menant plusieurs ateliers et en rédigeant un texte qu’elles et ils lisent aux élu-e-s et au Défenseur des enfants. « Personne ne doit fouiller notre vie, nos affaires, sans notre autorisation. C’est interdit de lire notre courrier, notre journal intime, de chercher à savoir si on est amoureux. Des adultes peuvent parfois avoir le droit de ne pas respecter si c’est pour notre bien. » Éric Delemar acquiesce, prend des notes et récapitule : « Vous avez le droit d’avoir des secrets, sauf quand votre protection ou celle de quelqu’un d’autre est en jeu. »

Faire connaître leurs droits, principale recommandation formulée par les membres du CCE

Accès à une nourriture de qualité et en quantité suffisante, maltraitance, conditions de logement, droit aux vacances, accès des enfants en situation de handicap à l’école et aux activités… Cette rencontre est aussi l’occasion pour les membres du CCE de faire un état des lieux de leurs préoccupations en matière de droits de l’enfant. Si la gratuité de la cantine qu’elles et ils défendent n’est pas l’option retenue par la Ville, Oumarou Doucouré rappelle la détermination de l’équipe municipale à n’exclure aucun élève de la restauration scolaire via des tarifs adaptés aux revenus des familles. Sur la question de la maltraitance, Gilles Poux rappelle quant à lui le rôle de détection joué par la médecine scolaire, absente du territoire. Heureusement, des professionnel-le-s du Centre municipal de santé suivent désormais les élèves dans le cadre d’une convention avec l’Éducation nationale. « Vous êtes la première génération à connaître la loi du 10 juillet 2019 qui interdit les violences éducatives ordinaires », ajoute le Défenseur des enfants.

Faire connaître leurs droits, c’est justement la principale recommandation formulée par les membres du CCE, qui proposent par exemple d’organiser des débats dans les écoles, les centres de loisirs, les médiathèques, les maisons pour tous… « Comme ils sont plus grands que nous, les adultes ne prennent pas toujours en compte ce qu’on dit », regrette Khadija. Les adultes présents lèvent vite son inquiétude. « On va se nourrir de vos interpellations », insiste le maire. « Votre travail va enrichir notre rapport au président de la République et au gouvernement. La société irait mieux si on s’était mieux occupés de certains adultes quand ils étaient enfants », précise Éric Delemar. Pour les élu-e-s comme pour le Défenseur des enfants, il n’y a pas de petites paroles ni de petits droits.

Textes : Olivia Moulin ; photo : Silina Syan

Une école de la démocratie

Élus en novembre dernier pour deux ans de mandat par leurs camarades de CM1 et de CM2, les 26 filles et 26 garçons membres du Conseil communal des enfants (CCE) planchent sur des thèmes qui leur tiennent à cœur, comme l’environnement et l’inclusion des élèves en situation de handicap, via des rencontres, des visites de terrain et des ateliers de travail. Elles et ils apprennent ainsi à s’écouter, à débattre, à formuler des arguments dans le but de faire ensuite des recommandations aux élu-e-s, au cours de séances plénières organisées plusieurs fois dans l’année. « On a plein d’idées, lance Fatoumata, conseillère de l’école Henri-Wallon, c’est bien qu’on nous laisse nous exprimer ! »