Une dizaine d’organisations syndicales enseignantes, mais aussi de jeunesse et de parents d'élèves, appelaient à se mettre en grève le jeudi 13 janvier contre les mesures sanitaires concernant les écoles. A La Courneuve, le mot d’ordre a été massivement suivi. A Paris, une manifestation s’est rendue dans l’après-midi du Luxembourg au Ministère de l’éducation nationale.
Ils ont répondu présents. « Onze écoles sur 25 étaient fermées à La Courneuve ce jeudi 13 janvier, et même dans les écoles ouvertes, très peu de classes étaient maintenues », rapporte Jean-Baptiste Lefèvre, le directeur des affaires scolaires de la Ville. Si l’on ajoute le personnel de restauration, les animateurs et une grande partie du personnel technique, l’appel à la grève a été massivement suivi, impliquant les écoles, mais aussi les collèges et lycées. Lors des défilés partout en France, ce sont 80 000 personnes qui ont manifesté. Parmi ceux-ci ils étaient 8 000 à Paris selon le ministère de l’Intérieur, dont le maire Gilles Poux qui s’y est rendu accompagné d’autres élus. A l’origine du mécontentement, la volonté du gouvernement de garder les écoles ouvertes et d’alléger les mesures de tests et d’isolement, cela malgré une contagiosité accrue du variant Omicron, en particulier chez les 6 à 10 ans, et la fermeture en France au 6 janvier de 9 200 classes, avec 47 453 cas d’élèves.
Le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire chez les professeurs des écoles, pointe des dysfonctionnements dans la gestion de la crise. Selon lui, l’approvisionnement en autotests gratuits en pharmacie n’a pas été anticipé, entraînant une pénurie. La fourniture de masques chirurgicaux aux personnels, en particulier de masques FFP2 plus protecteurs, tarde aussi à se mettre en place, de même que celle de capteurs de CO2 dans les classes. Plus généralement, « les enseignants et les directeurs subissent un alourdissement des tâches : vérification des attestations sur l’honneur des parents, suivi logistique des isolements, tout en veillant à une forme de continuité scolaire », alerte le syndicat.
Revoir les règles de fonctionnement
Une revendication est aussi d’élargir le vivier de remplaçants propres à pallier les absences, en abondant les listes complémentaires ainsi qu’en recrutant des titulaires. La Courneuve est concernée, car, comme le précise Jean-Baptiste Lefèvre, « le taux de remplacement des enseignants absents est déjà plus faible dans les territoires populaires ». En période COVID, cette difficulté comporte un effet multiplicateur, des classes fermant non à cause de « clusters » mais parce que l’enseignant est malade et qu’il n’y a personne pour le remplacer. « Comme on ne peut pas brasser les groupes, les enfants ne sont pas forcément répartis dans d’autres classes à cause de la situation sanitaire ou en raison du nombre », explique-t-il.
Outre les équipements en masques et capteurs, il est donc urgent, selon le SNUipp-FSU, de « revoir les règles de fonctionnement avec le retour à la règle protectrice « 1 cas positif = fermeture de la classe », l’isolement des cas contacts intra-familiaux et une politique de tests
préventifs hebdomadaires salivaires systématiques avec une campagne de conviction à mener auprès des familles ». Mais au-delà de ces revendications, la demande est aussi d’être tout bonnement respectés. Ainsi, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été l’application de nouvelles règles lors de la rentrée de janvier, dont la teneur a été connue… la veille dans les médias, sans que l’inspection et le corps académique ait pu être informés à temps pour faire redescendre l’information. La mobilisation semble avoir été en partie porté ses fruits, Jean-Michel Blanquer ayant annoncé le lendemain de la grève le recrutement de « 3300 contractuels » et la distribution de « 5 millions de masques FFP2 dans le système scolaire ».
Texte : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours