Le sport, c’est mon genre

Publiée le 3 mars 2022

Le sport, c’est mon genre

droits des femmes

Les femmes dans le sport, ce ne sont pas seulement les athlètes ! Elles jouent aussi un rôle majeur dans le fonctionnement des clubs. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous leur donnons la parole.

Elles sont quatre Courneuviennes et une Drancéenne qui ont comme point commun de participer activement à la vie de leur club. Trois d’entre elles sont devenues bénévoles par le biais de l’activité de leurs enfants alors même qu’elles ne pratiquaient pas. Il en est ainsi de Sakina Chamma, dont tous les fils et petits-enfants ont intégré l’Association sportive de La Courneuve (ASC), club de football où elle est bénévole depuis 1987. De même, Virginie Bara, présidente du Cercle des nageurs courneuviens (CNC) et secrétaire du Derek Boxing, a rejoint le club de natation du fait de l’activité de sa fille. Quant à Malika Kertoubi, elle a intégré le Basket Club Courneuvien (BCC) car son fils s’est mis au basket. Mais Régine Morel, nouvelle responsable d’exploitation du centre équestre, était déjà cavalière, gravissant tous les échelons du bénévolat jusqu’à en faire son métier. Enfin, Gobika Tharmagulasingam a commencé le karaté en sixième et est aujourd’hui, au Tenchi Budokan, présidente de la section karaté.

Ces femmes ne comptent pas leurs heures, souvent présentes au club du lundi au dimanche, comme bénévoles et parfois comme « mamans » qui soutiennent leurs enfants. Le rôle de Sakina Chamma consiste ainsi à préparer les maillots pour les pratiquant-e-s, mais aussi à accueillir les enfants et à tenir la buvette. Pour les autres, les tâches sont surtout administratives. Virginie Bara a même intégré le comité directeur de l’Office municipal des sports (OMS). Mais Régine Morel admet que son activité est difficile pour la vie de famille. « En tant que femmes, il faut montrer qu’on est plus fortes que les hommes, qu’on ne se démonte pas devant un cheval », précise-t-elle par ailleurs. Gobika Tharmagulasingam s’occupe également des inscriptions, prend les licences ou encore gèrent les professeur-e-s, une activité prenante...

La place des femmes en progression

La place des sportives a progressé et la recherche d’adhérentes est une politique affirmée des clubs, même si, d’après Régine Morel, « ça s’inverse lorsque le niveau monte ». Depuis quatre ou cinq ans, les filles sont davantage mises en valeur, « voulant aller plus loin », mais les garçons restent les plus nombreux, constate Sakina Chamma. Selon Virginie Bara, des freins existent encore, par exemple « pour la natation où l’on rencontre des difficultés liées au fait d’être en maillot de bain ». Gobika Tharmagulasingam n’est pas favorable pour autant à des activités séparées, « le sport étant universel ». Toujours est-il que la féminisation peut s’appuyer sur une identification à des athlètes connues. Régine Morel constate ainsi que « le grand prix et l’aspect international de l’équitation font vibrer les jeunes filles ». Parfois ce sont des championnes issues des clubs qui constituent des références. Il en est ainsi de Chiara Zenati pour l’équitation, de Diandra Tchatchouang pour le basket ou d’Alexandra Recchia pour le karaté.

Le sexisme toujours présent

Elles constatent aussi la présence de plus en plus de femmes à tous les niveaux des clubs. Même si les postes d’éducateur sportif restent encore trop souvent occupés par des hommes, pour l’équitation, par exemple, il n’y a que deux hommes sur dix moniteur-rice-s. Les bureaux du club se sont, eux, beaucoup féminisés. Sakina Chamma explique ainsi que les deux secrétaires de l’ASC sont des femmes. Le plus spectaculaire est le BCC où, explique Malika Kertoubi, la direction ne comprend que des femmes ! De même au CNC, les trois dirigeantes le sont. Seules exceptions parmi les clubs mentionnés, le Derek Boxing, où Virginie Bara demeure la seule femme du bureau, et la section de karaté, où Gobika Tharmagulasingam est dans la même situation.

Les Courneuviennes interrogées ont- elles été confrontées au sexisme ou témoins de tels comportements ? Si, pour Sakina Chamma, « il n’y a pas de problème de sexisme surtout chez les grands ni de comportement macho », Malika Kertoubi constate que les femmes savent se faire respecter par les garçons adhérents. De même, si Virginie Bara n’a pas subi de sexisme en tant que bénévole, en natation à la dernière rentrée, elle a entendu un homme dire : « Toi, la femme reste chez toi !» Régine Morel, qui a connu quant à elle du sexisme, précise qu’« il est plus facile d’insulter une femme que d’affronter un homme frontalement ». On peut encore entendre : «Tu ne peux pas faire du sport », etc. Gobika Tharmagulasingam constate aussi que certains parents disent préférer « parler à un homme ». Elle conclut que le sport, et notamment les arts martiaux, donnent une confiance en soi et la « capacité d’accomplir les choses seules ». Le chemin de l’égalité est pris.

Texte : Nicolas Liébault : photo : Léa Desjours