Lors des vacances scolaires, sept groupes d’enfants des centres de loisirs de La Courneuve ont participé le temps d’une semaine au dispositif culturel « Louvre à jouer ». Ils et elles ont monté une exposition fictive et joué des rôles pour comprendre les métiers du musée. Une expérience inédite !
Mardi 26 avril, au gymnase El-Ouafi, douze enfants du centre de loisirs Rosenberg arrivent. Ils et elles s’installent au centre du périmètre défini pour l’activité. On y voit plusieurs caisses en bois sur lesquelles apparait le logotype Musée du Louvre. Assez mystérieux tout ça… Romain Couteau, animateur de la ludothèque municipale (ancien espace jeux), leur explique la mission d’envergure que la directrice du Louvre leur a confié. Tout est expliqué dans une lettre que Romain décachette et lit à son équipe. La directrice y explique qu’elle ne peut pas être présente aujourd’hui pour mener le projet, mais qu’il faut « coûte que coûte » que cette exposition ouvre aujourd’hui. « Je suis certaine de pouvoir compter sur vous. Je vous remercie pour votre aide si précieuse, » conclut-elle. Les enfants acceptent.
Première étape : mettre en place le sol et les murs. Romain ouvre une première malle. Il en sort les dalles de linoleum et des cloisons murales aux couleurs du Musée parisien. Les apprenti-e-s constructeurs enfilent leur gilet fluo de chantier et se divisent en deux équipes organisées. Arthur, Djomana, Lina et leurs équipier-ère-s observent, analysent, tentent, puis retentent une installation jusqu’à trouver la meilleure configuration pour le sol. Bingo ! Interviennent ensuite Khaoula, Coly, Mariam et les autres pour disposer au mieux les murs dans la salle d’exposition.
Une expérimentation qui devrait aboutir à un partenariat plus large
Deuxième étape : la disposition des œuvres. On ouvre d’autres caisses. Toujours en équipe, les enfants installent les socles, les pieds, accrochent les peintures, agencent les sculptures. Parfois le résultat plait immédiatement, mais d’autres fois, il questionne. « Les couleurs, ça ne va pas. Il faudrait changer non ? » demande Hadjar. Alors, tout ce petit monde entre à nouveau en ébullition et quelques minutes plus tard : « Là c’est bien, le contraste et les différents objets, ça va bien ensemble ! » Pendant ce temps-là, un autre groupe s’occupait de la restauration d’une amphore.
Dernière étape : la visite. Les adultes présents ce jour-là ont eu le droit à une visite exclusive de l’exposition. A l’entrée, Khaoula nous accueille à la billetterie, Arthur nous confie le plan de l’expo, Lina nous fait la visite. « Ici, un tableau de Léonard de Vinci, c’est un grand peintre », « Par ici, vous trouverez le vase le plus rare du musée » ou encore « Sur cette toile, voici l’ancêtre d’Ariana Grande ! » Un peu plus loin, Wail veille (non sans fierté) à la sécurité, Hadjar éteint un incendie naissant, Mariam s’occupe d’une visiteuse victime d’un malaise.
Françoise Féger a imaginé ce jeu pour que les enfants s’amusent avant tout. Et ça marche ! « C’était important pour moi qu’un animateur prenne le rôle du meneur plutôt qu’un professionnel de la culture pour que l’appropriation du projet et l’immersion soient majeures. Mon autre but était que les participants aient plaisir à faire ensemble, se sentent valorisés et responsabilisés. Et il ne faut pas oublier qu’un bénéfice collatéral apparait : ils ont appris des choses et surtout se rappellent que le patrimoine leur appartient. »
Texte : Isabelle Meurisse ; photos : Léa Desjours