Élu-e-s, militant-e-s associatifs et demandeur-euse-s de logement social ont manifesté devant le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires le 6 décembre pour réclamer des actions urgentes face à la crise du logement.
Ça fait sept ans que Salim attend un logement social. « J’ai quatre enfants, dont une fille asthmatique qui ne devrait pas vivre dans un appartement humide comme le nôtre, et on a refusé ma demande de Dalo plusieurs fois », fulmine ce Courneuvien, qui souhaite continuer à habiter ici car son épouse y travaille. L’attente est d’autant plus insupportable que son propriétaire actuel lui a donné congé pour reprise en février. Dossiers et situations indignes qui s’éternisent : la pénurie de logements sociaux atteint un niveau dramatique en Île-de-France, avec 750 000 demandeur-se-s pour moins de 70 000 logements qui se libèrent chaque année.
Afin de dénoncer cette situation, Salim, d’autres demandeurs de logement social et plusieurs élu-e-s de la commune ont répondu à l’appel à manifester ce mardi 6 décembre, lancé par le maire de Nanterre Patrick Jarry. À leurs côtés, devant le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires sont présents une centaine d’autres locataires, maires et élu-e-s de la région, ainsi que des membres des associations Droit au logement (DAL) et Confédération nationale du logement (CNL).
Leurs revendications ? L’obligation de construire au moins 30 % de logements sociaux dans les nouvelles opérations immobilières ; la mise en place de l’encadrement des loyers du parc privé (un dispositif déjà en vigueur à Plaine Commune et donc à La Courneuve) dans toutes les villes franciliennes et le renforcement des sanctions contre les villes « carencées » en logements sociaux. Certain-e-s maires préfèrent payer des amendes plutôt que de respecter la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU), qui impose un seuil minimal de logements sociaux de 20 ou 25 %.
Amplifier la lutte
« Il faut condamner les villes qui ne jouent pas le jeu et encourager celles qui le font, comme La Courneuve : on a 52 % de logements sociaux, indique Corinne Cadays-Delhome, adjointe déléguée au Droit au logement. Le logement social, ce n’est pas un logement de pauvres ou de délinquants ! Pour nous, c’est du logement public, c’est une conception très différente. » En théorie, près de 70 % des Français-e-s ont effectivement droit à un logement social dit PLUS (Prêt locatif à usage social), le plus répandu.
Après avoir été reçue par des collaborateurs d’Olivier Klein, le ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, la délégation composée de Patrick Jarry, du maire de Noisy-le-Sec Olivier Sarrabeyrouse, d’un représentant du DAL, d’un représentant de la CNL et de Corinne Cadays-Delhome ne mâche pas sa colère. « On vit l’une des plus graves crises du logement de notre histoire et on s’étonne que ce soit un non-sujet, on s’étonne qu’Olivier Klein, qui connaît bien la situation en tant qu’ancien maire de Clichy-sous-Bois, ne dise pas un mot là-dessus. » Face à ce silence assourdissant, le combat pour permettre à tout-e-s d’accéder à un logement abordable et décent doit continuer. Et s’amplifier. « On ne gagnera pas tout seuls, on a besoin que les habitants se mobilisent à nos côtés, insiste l’adjointe au maire déléguée au Droit au logement. Les grandes victoires sur le logement se gagnent collectivement.»
Texte : Olivia Moulin : photo : Silina Syan
Le logement social à La Courneuve
28 000 personnes y ont demandé un logement social en 2021, dont 3 907 Courneuvien-ne-s, alors que 300 logements sociaux seulement se sont libérés.