Plusieurs enfants ont suivi avec intérêt le stage de théâtre organisé à La Comète — Maison des pratiques artistiques amateurs pendant ces vacances.
Le trac ? Alexia, 7 ans, ne connaît pas. « Moi, j’ai déjà fait deux spectacles, j’ai joué une princesse dans Le Soldat rose au centre culturel Houdremont l’année dernière et j’ai joué Pinocchio dans Abracadabra ! » Il n’empêche : comme les autres enfants réunis ce matin du mardi 25 octobre dans la « boîte noire » de La Comète, la grande salle dédiée aux répétitions et aux représentations, Alexia ne sait pas toujours trop quoi faire de son corps sur scène. Elles et ils mettent les mains dans les poches, croisent les bras, balancent les pieds… « Essayez de ne pas gigoter et de vous tenir bien droit, la tête haute », leur demandent les metteurs en scène et comédiens Géraldine Szajman et Vincent Marguet, tous deux membres de la compagnie Les Enfants du paradis.
En résidence dans l’ancien cinéma, cette dernière propose régulièrement des stages de théâtre pour les enfants en accès gratuit. Pour ces congés scolaires, deux groupes ont été constitués : des 6-9 ans et des 9-12 ans. « Le but, c’est de créer un spectacle en cinq jours, d’avoir un objet qu’ils puissent montrer à leur famille, à leurs copains, à leurs voisins, explique Géraldine Szajman. On n’est pas juste des intervenants, on travaille avec eux pour raconter une histoire. » Une occasion que n’a pas voulu manquer Saïdat, venue déposer sa fille Janelle. « Quand j’ai vu qu’il y avait ce stage à La Courneuve, j’ai trouvé ça super. Janelle a déjà fait du théâtre quand on habitait dans le 19e arrondissement et ça lui a beaucoup appris. Ça permet de développer le vocabulaire et l’expression orale, de gagner en confiance, d’apprendre à vivre en groupe et à être attentif aux autres. Il y a toute une énergie qui se dégage de cette activité ! »
On a le droit de montrer ses émotions au théâtre !
Pour commencer la séance, les 12 filles et garçons revoient le lexique et les règles du théâtre appris la veille. « Côté jardin », « côté cour », « coulisses », « avant-scène », « fond de scène », « milieu de scène » : ces termes n’ont plus de secrets pour elles et eux. « Est-ce que le spectateur a le droit de pleurer s’il est triste ? » interroge Vincent Marguet. « Ben non », fait mine de penser Janelle. « Mais si ! On a le droit de montrer ses émotions au théâtre ! » corrige Salman. Ensuite vient l’échauffement, du corps et de la voix. Entre autres exercices, les enfants se prêtent soigneusement au jeu du miroir, où l’un joue l’original et l’autre le reflet qui doit imiter les gestes et expressions du premier, et au jeu de la statue, où l’un manipule les membres et le visage de l’autre comme de la glaise.
9 h 59 : c’est l’heure de s’attaquer au texte, inspiré du Petit Chaperon rouge, que les enfants doivent apprendre par cœur pour le lendemain. Evy est la première à investir la scène. D’abord, elle ne parle pas assez fort. « Fais comme s’il y avait 200 spectateurs », lui suggère le metteur en scène et comédien. Alors elle réussit à élever un peu la voix, sous les encouragements. Pour la scène du village qui suit, ce sont les enfants qui ont proposé les personnages à jouer : « une vieille dame », « un chasseur », « une riche », « deux hommes costauds », « une femme aveugle et sa guide », « deux enfants qui jouent au chat », « un policier »… « Vous avez vu comme Djeynab réussit à ne pas sourire ? On dirait vraiment une vieille dame aigrie, note Vincent Marguet. C’est exactement ça : au théâtre, on fait semblant. » Et ces enfants le font très sérieusement.
Texte : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours