Pour bâtir son premier Schéma Directeur d’Aménagement Lumière (SDAL), Plaine Commune recueille jusqu’au 31 mars les ressentis et les attentes des habitant-e-s du territoire.
Pas assez d’éclairages » dans le quartier Debussy, de la « lumière trop agressive » sur le carrefour du pont Palmers, un « trottoir pas éclairé » rue Robespierre… Depuis février, les habitant-e-s et les usager-ère-s de La Courneuve et des huit autres villes de Plaine Commune peuvent faire ce type de contributions sur la cartographie participative en ligne mise en place par l’établissement public territorial. Elles et ils peuvent aussi donner leurs impressions et suggestions sur un trajet précis qu’elles et ils effectuent de nuit, grâce au guide de balade nocturne et dans certains lieux publics.
Repenser les ambiances nocturnes
L’objectif de cette concertation, engagée jusqu’au 31 mars ? Repenser l’éclairage public et les ambiances nocturnes sur le territoire. « Il s’agit de sortir de l’approche purement technique adoptée historiquement – on crée des rues et on y met des lampadaires qui éclairent de façon uniforme, quel que soit l’endroit – pour prendre en compte plusieurs aspects : la sécurité, les mobilités, l’environnement, l’inclusivité et le patrimoine, explique Laurent Monnet, conseiller territorial en charge du plan Lumières à Plaine Commune. Une fois le diagnostic établi grâce aux habitants et aux usagers, on en tirera des orientations stratégiques et des règles opérationnelles en matière d’éclairage et d’ambiance lumineuse sous la forme d’un Schéma Directeur d’Aménagement Lumière. »
Cette démarche de concertation donne l’occasion de mettre à plat certaines difficultés, certaines contradictions. Ainsi, si l’éclairage nocturne semble être une condition nécessaire au sentiment de sécurité ou à la (ré)appropriation des espaces publics par certaines catégories d’habitants (filles et femmes, personnes âgées, enfants et familles…), il n’est pas forcément une condition suffisante. « On peut se sentir mal à l’aise dans un endroit très éclairé s’il est très peu fréquenté », note Laurent Monnet. L’intensité lumineuse revêt alors moins d’importance que le nombre, le placement, l’orientation ou la tonalité des éclairages pour rendre un endroit plus rassurant.
De nombreuses études montrent que la pollution lumineuse contribue à l’effondrement des populations d'insectes et de la biodiversité
D’autant que l’excès de lumière artificielle nuit au sommeil et à la santé des citoyen-ne-s, mais aussi à l’équilibre de la faune et de la flore. Perturbation des migrations et des cycles de reproduction, modification du système proie-prédateur, dégradation et fragmentation des habitats naturels… De nombreuses études montrent que la pollution lumineuse contribue à l’effondrement des populations d’insectes et de la biodiversité dans son ensemble. Plaine Commune songe donc à développer une « trame noire », c’est-à-dire des zones organisées en réseau où aucune lumière artificielle ne vient perturber le cycle jour-nuit, à partir des parcs et des jardins du territoire. Le SDAL, qui s’imposera dès 2023 au gré des programmes d’aménagement de la voirie et des espaces publics menés par Plaine Commune et les autres acteurs, permettra de construire le territoire de demain. Un territoire qui favorise les
mobilités douces, alors que l’éclairage public a longtemps été pensé en fonction de la voiture individuelle. « Il y a des ajustements à faire, pour permettre aux gens de marcher plus facilement, de rouler à vélo plus facilement », indique le conseiller territorial en charge du plan Lumières. Et un territoire qui valorise ses monuments, mais aussi son patrimoine industriel, ses logements sociaux et son patrimoine naturel, par leur mise en lumière.
Il s’agit enfin de répondre à des enjeux de performance et de sobriété énergétique. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’éclairage public représente 37 % de la facture d’électricité des collectivités territoriales. En plus de son impact favorable sur l’environnement, le passage prévu de 90 % du parc en sources LED (contre 15 % à Plaine Commune et 18 % à La Courneuve actuellement), représente ainsi une source d’économie substantielle.
Texte : Olivia Moulin ; photo : Léa Desjours