Le jeune rappeur courneuvien HoussBad a participé à l’émission Nouvelle École diffusée fin juin sur Netflix, atteignant la demi-finale du concours. Baigné dans une culture de rue au carrefour d’influences multiples, l’artiste est le fruit d’un mélange heureux entre technique musicale, détermination à réussir et désir de rassembler.
Une personne se résume-t-elle à sa bio ? On pourrait dire de HoussBad qu’il est né en 1993 à Asnières-sur-Seine et qu’il est venu très tôt à La Courneuve ; qu’il est fils unique, élevé par sa mère ; qu’il a déménagé pas moins de sept fois, habitant notamment dans les quartiers Rateau, Danton, puis Robespierre où il a résidé longtemps ; qu’il a obtenu un bac technologique au lycée Jacques-Brel ; qu’après ce bac, il a suivi une année en BTS Communication dans ce même établissement mais n’a pas continué par la suite. Ce serait beaucoup dire...et pourtant pas assez si l’on veut comprendre les influences diverses qui ont construit la personnalité et le parcours de ce rappeur talentueux.
« C’est dans mon tempérament de rassembler les gens. »
« La rue fait partie de notre personne. » : quand on écoute HoussBad, tout en clairvoyance et en douceur, sa vie se dévoile. « Comme tout habitant de banlieue, on a un rapport particulier avec la rue car on y est tout le temps », souligne-t-il d’emblée. Ce rapport se caractérise par des cultures diverses, car « que ce soit à l’école ou dans notre milieu familial, on n’est pas tous de la même origine et ça nous enrichit. Donc quand on arrive à l’âge adulte, on a des connaissances que ne possèdent pas ceux qui ne vivent pas dans le quartier ». La culture de la rue est fruit de la rencontre des gens qui y vivent. Voir la banlieue en positif est typique de HoussBad.
Alors que l’adolescent fait de la danse, un ami d’enfance, Apo, lui propose de pratiquer la musique à l’Espace jeunesse Guy-Môquet. Le rap s’impose à lui, « ce qui ne m’empêchait pas d’écouter de la variété française, de la musique orientale ou des US », précise-t-il. Dans le rap, il apprécie la technique consistant à « faire des allitérations, à utiliser les syllabes pour créer une sorte de mélodie ou provoquer une émotion chez quelqu’un avec les mots ». « Grâce à ces techniques, je peux exprimer que “Je ne suis pas content” d’une façon percutante. » Il caractérise son style d’« ego trip plutôt que mélancolique ou cloudy ». Il s’inspire de tout : pop culture, quotidien, histoires...
HoussBad fait d’abord partie d’un groupe constitué de quatre amis, puis intègre le collectif Eddie Hyde. « Avec ce collectif auquel j’appartiens toujours, j’ai pu faire pas mal de scènes à Paris et en France. » Mais sa première scène a été à Géo-André lors de la Fête de la musique. Il écrit lui-même ses textes et cocompose la musique avec Guillaume, un ami d’enfance également courneuvien. Le jeune rappeur tire notamment sa motivation de l’exemple de Dinos qui a commencé comme lui à l’Espace jeunesse, de Tiakola et des 4Keus. « J’ai suivi leur ascension avec fierté car c’était des Courneuviens, et ça m’a fait dire : s’ils ont pu réussir, je le peux aussi ! » Mickaël Jackson est une autre inspiration « au sens où c’est parfait ». Il tire même son nom de scène des paroles d’une de ses chansons : « Who’s Bad ? »
Le rappeur passe alors à Planète Rap sur Skyrock avec les 4Keus qui l’ont invité, figure sur une cover d’Imany de Dinos, en bas de chez lui à Robespierre, et aussi aux côtés de Mister V. « C’est une histoire d’aura, insiste-t-il. Si on émet des ondes positives, on en reçoit aussi. » Il est alors approché par Netflix en vue d’une participation à la première saison de l’émission Nouvelle École. Des castings se déroulent sur les réseaux sociaux et différentes étapes permettent de voir s’il est apte à faire l’émission. Il est retenu et le tournage a lieu en septembre et octobre 2021. Il admet : « Avec la pression, au début, je voulais partir. Mais un ami courneuvien, Cruz, m’a dit que tout allait bien se passer. » Il trouve la solution contre le stress : s’amuser, profiter de chaque moment.
« Fais ce que tu as à faire et un jour ou l’autre ça va marcher. »
Les épreuves sont diffusées en juin dernier. HoussBad échoue en demi-finale face à trois autres rappeurs. Le jury, composé de SCH, Niska et Shay donnera sa préférence à Fresh La Peufra qui gagne le concours. Le courant passe bien entre les deux hommes : des vidéos évoquent entre eux une « bromance Freshbad » (brothers + romance). Il confie : « Je me suis bien entendu avec tous les candidats. C’est dans mon tempérament de rassembler les gens. » Sa notoriété explose alors, passant sur Instagram de 3 000 followers à 142 000. « On me reconnaît beaucoup plus dans la rue, ce qui est agréable dans le sens où j’ai touché les gens par ma musique et ma personnalité. » Il conclut : « C’est une leçon : ne pas lâcher. Montre-toi et fais ce que tu as à faire et, un jour ou l’autre, ça va marcher. » Ses projets : « Continuer à faire de la musique. »
Texte : Nicolas Liébault ; photo : Léa Desjours