C’était un homme de combats. Symbole de la lutte contre l’amiante, mais aussi militant CGT, Henri Boumandil est décédé dans la nuit du mercredi 31 août au jeudi 1er septembre à l’âge de 91 ans. Un hommage lui sera rendu lors d’une réunion publique à la bourse du travail de La Courneuve, située au 26, avenue Gabriel-Péri, le 27 septembre à 17h30.
C’est au hasard d’une radiographie que l’électricien a découvert, en 1987, qu’il était atteint de plaques pleurales, une affection contractée en inhalant des fibres d’amiante au cours de son activité à Alstom. Il a alors décidé de faire reconnaître cette maladie comme maladie professionnelle et d’attaquer l’entreprise en justice. Une bataille de quinze ans, ponctuée d’embûches, de vices de procédure, de calomnies, qu’il a gagnée en obtenant la condamnation d’Alstom pour faute inexcusable. Quatre ans plus tard, en 2006, il a appris qu’il souffrait d’une seconde pathologie liée à l’amiante, l’asbestose. Et il a attaqué de nouveau l’entreprise en justice. Un combat encore plus difficile, qu’il a gagné aussi. « Je ne me bats pas pour moi, mais pour toutes les victimes de l’amiante. Pour qu’elles puissent être indemnisées pour chacune de leurs pathologies », expliquait-il dans le journal Regards (page 16) en 2015. Henri Boumandil était en effet l’un des pères fondateurs et le secrétaire général de l’Association départementale de défense des victimes de l’amiante de la Seine-Saint-Denis (Addeva 93). Des victimes qu’il accompagnait dans leurs procédures, avec une qualité d’écoute formidable, et régalait de jeux de mots et de mises en boîte. Il menait aussi un travail de sensibilisation sur les dangers de l’amiante dans les établissements scolaires. Depuis 2016, il était placé sous oxygène 24 heures sur 24. Son état médical s’était détérioré, mais pas sa combativité. « Il a encore dû livrer une bataille en 2020 contre la Caisse d’assurance maladie du 93, qui a osé contester son taux d’incapacité permanente à 100 % fixé par un tribunal, raconte Alain Bobbio, le président de l’Addeva 93. Il n’y a qu’un militant en acier trempé pour faire ça. »
Photo : Virginie Salot