Ce 29 novembre, la Ville a réuni autour de la table pouvoirs publics, entreprises, chambres consulaires et services publics de l’emploi pour réclamer des actions collectives en faveur de la formation et de l’embauche locales.
Il y a Aziz, titulaire d’un bac +4 qui enchaîne les missions courtes dans l’enseignement et se demande quand il va « sortir de la précarité ». Il y a Charlise, 58 ans, qui s’inquiète de ne pas trouver de travail comme auxiliaire de vie à son âge. Il y a Rahim, qui n’arrive pas à trouver de poste d’électricien avec un salaire décent malgré son bac pro et son expérience. Il y a Marina, formée en secrétariat bureautique et assistanat, qui ne veut pas « être un cas social » et aspire juste à « travailler et vivre normalement ». Aziz, Charlise, Rahim et Marina font partie des chercheur-euse-s d’emploi que la municipalité a rencontrés depuis un mois, dans les quartiers ou à la Maison de la citoyenneté James-Marson, pour recueillir leurs témoignages et leurs CV dans le cadre de sa Bataille pour l’emploi. Des témoignages et des CV qu’elle a partagés lors de la grande conférence pour l’emploi organisée ce 29 novembre à l’hôtel de ville, en présence de plusieurs chômeur-euse-s dont deux ont pris la parole au nom de tous les autres.
Le but ? « Montrer que les Courneuviens et les Courneuviennes sont disponibles, prêts à s’engager et qu’elles et ils ont des savoirs », explique le maire Gilles Poux aux participant-e-s. De nombreux employeurs ont répondu à l’appel : la Solideo, Paris 2024, la Société du Grand Paris Express, Enedis, la RATP, la SNCF, La Poste, le Groupe ADP, Paprec, Interxion, Veolia... Les préfet et sous-préfet du département Jacques Witkowski et Vincent Lagoguey, le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, la présidente de la Chambre de commerce et d’industrie du 93 Danielle Dubrac et plusieurs acteurs de l’emploi, de la formation de l’insertion professionnelle sont aussi présents. « On vit un moment assez paradoxal : on nous annonce des offres d’emploi non pourvues, on est sur un territoire en plein boom économique et on a un nombre de chômeurs qui reste particulièrement élevé, poursuit le maire Gilles Poux. C’est à nous, entreprises, institutions et collectivités, d’agir collectivement pour inverser cette logique. Vous devez oser changer de regard sur les habitantes et les habitants de nos quartiers. »
Faire plus et faire mieux
Tous les intervenant-e-s saluent l’initiative de la Ville et disent leur volonté de faire plus et faire mieux pour développer la formation et l’embauche locales. Le Groupe ADP, qui gère les aéroports de Roissy et d’Orly, a ainsi mis en place un nouveau processus de recrutement pour toucher les personnes éloignées des canaux traditionnels. « Tout le monde a une chance de travailler dans l’aéroportuaire, insiste Jean-Philippe Conegero, responsable du pôle Emploi Formation Insertion ESS Grand Roissy-Le Bourget. Nous voulons que les retombées économiques de notre activité profitent aux habitants et nous travaillons à l’amélioration des conditions de travail. » Quant au Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, il s’engage à « mettre en connexion » les candidat-e-s et les offres d’emploi des entreprises attributaires des marchés. Les quelque 700 CV apportés par la municipalité vont donc circuler chez les employeurs et acteurs de l’emploi présents et chez leurs partenaires.
Si « l’emploi n’est pas quelque chose qui se décrète » pour le préfet de Seine-Saint-Denis, ce dernier veut croire que cette mobilisation portera ses fruits. « Je propose qu’on se retrouve fin janvier début février pour faire les comptes, conclut le maire Gilles Poux. Si on a 200 ou 300 chercheurs et chercheuses d’emploi qui ont trouvé une solution d’ici là, ça va rallumer des lumières dans la tête des gens. » Pour Maïssan, étudiante en recherche d’une alternance comme technicienne réseaux, systèmes et sécurité qui a témoigné devant les participant-e-s, la lumière brille déjà. « L’un des problèmes dans ma situation, c’est le manque d’informations. J’ai appris ce que faisaient certaines entreprises aujourd’hui, je ne savais pas que La Poste avait son propre CFA ! » lance-t-elle avant d’aller distribuer son CV au directeur départemental du groupe et aux autres employeurs qui l’intéressent. Comme le font Jean, Rahim et Thélène, qui ont assisté elles et eux aussi à la conférence. Non seulement les Courneuvien-ne-s sont prêts, disponibles et ont des savoirs, mais elles et ils ont aussi de l’audace.
Textes : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours
Des secteurs qui forment et qui embauchent
Parmi les entreprises présentes à la conférence, certaines ont évoqué de gros besoins de recrutement.
VEOLIA recherche, en particulier dans le 93, des contrôleur-euse-s de conformité, chargés de vérifier le bon déversement des eaux usées et des eaux fluviales chez les particulier-ère-s et les commerçant-e-s. Un métier accessible en trois à six mois aux personnes non qualifiées via le dispositif Action de formation en situation de travail : https://jobs_veolia.beekome.com/
LE GROUPE ADP recherche en priorité des technicien-ne-s de maintenance, des agent-e-s de sûreté et des agent-e-s d’accueil, mais aussi des employé-e-s dans les métiers de la sûreté, du commerce et de la distribution, de la restauration... Comme d’autres entreprises de l’aéroportuaire partenaires, ADP recrute sur la plateforme Aerowork, ouverte à tous les chercheur-euse-s d’emploi, quels que soient leur qualification, leur bagage technique et leur expérience. Pas besoin de CV ni de photo, il suffit de répondre à un questionnaire de personnalité qui les oriente vers les offres auxquelles elles et ils peuvent postuler. Les candidat-e-s non retenus sont accompagnés vers une offre de conseil et d’orientation auprès des services publics de l’emploi du territoire.
LA SNCF recherche des conducteur-trice-s, des chargé-e-s de relation client, des agent-e-s de gare pour les lignes H et K du Transilien et B du RER, notamment sur le tronçon nord : https://www.emploi.sncf.com/nos-offres/
LA POSTE recherche des conseiller-ère-s client, des distributeur-trice-s de colis ou de prospectus, des facteur-trice-s... Et elle propose plus d’une quinzaine de formations en alternance dans son centre dédié à Saint-Denis, Formaposte Île-de-France : https://www.laposterecrute.fr/
Des candidat-e-s qui ont de la valeur
L’étude des CV collectés par la municipalité brise les idées reçues. Le point en chiffres.
- 32 % de diplômés-e-s du supérieur (bac+2 et plus)
- 24 % de diplômé-e-s de niveau bac ou équivalent
- 11 % de diplômé-e-s de niveau CAP-BEP
- 29 % de personnes sans diplôme
- 80 % de personnes dotées d’une expérience
- 46 % de personnes dotées d’une expérience de 5 ans et plus
- 20 % de personnes parlant deux langues