Habitant-e-s et élu-e-s ont peaufiné, samedi 29 janvier, des pistes d’action pour relever le défi de la transition climatique et sociale.
Plus le temps de tergiverser. Dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville, les participant-e-s à la première Conférence courneuvienne pour la transition climatique et sociale insistent sur la nécessité d’agir vite, et fort. « C’était bien de sensibiliser, c’était la première étape, maintenant il faut faire, déclare Danielle, habitante du centre-ville. Et il faut s’unir, parce que ce ne sont pas nos petites initiatives individuelles qui vont suffire ! » C’est justement pour franchir un cap supplémentaire que la municipalité a lancé fin 2021 cette démarche participative. « On avait déjà mené des actions, mais c’étaient des one-shot, là on a décidé que le développement durable allait nourrir toutes nos politiques publiques », annonce le maire Gilles Poux. En prenant toujours en compte les réalités économiques et sociales vécues par les Courneuvien-ne-s. « Ce ne sont pas les couches populaires qui polluent le plus, mais ce sont les personnes les plus fragiles qui sont les plus pénalisées par les aléas climatiques. »
Il faut déconstruire, enlever du béton
Premier thème de travail, sur les quatre qui ont émergé lors des ateliers réceptacles tenus à l’automne dernier : la nature. Alors que la Ville a engagé un programme ambitieux de plantation d’arbres, des habitant-e-s s’inquiètent des différents projets de construction et de la « densification » qu’ils impliquent. « Il faut déconstruire, enlever du béton. C’est invivable aujourd’hui ! » lance Christophe, qui réside dans le quartier de la Gare. « La région parisienne manque des logements et il y a des gens dans des situations dramatiques : ils vivent dans des studios à cinq ou six ou dans des appartements insalubres, rappelle Pascal Le Bris, adjoint au maire délégué au développement durable. Alors on construit et on va construire encore. Mais notre Plan local d’urbanisme prévoit d’aménager 25 % de la surface totale en jeux d’enfants et en espaces verts de pleine terre. » La municipalité compte aussi verdir le parc de La Liberté, sans nuire à sa vocation d’espace de loisirs avec La Courneuve-Plage.
En matière de mobilités, plusieurs Courneuvien-ne-s déplorent ensuite un usage éprouvant des transports en commun : surfréquentation aux heures de pointe, multiplication des retards et des incidents... « Je ne suis pas très vieille, j’ai 50 ans, mais c’est difficile pour moi d’utiliser le RER B et le T1 », souligne Elizabeth. L’agrandissement et la modernisation des quais du T1 et la mise en service de la gare du Grand Paris Express aux Six-Routes devraient soulager le trafic. Par ailleurs, la Ville va mettre en place une centrale de mobilités pour accompagner celles et ceux qui veulent passer aux transports doux et celles et ceux qui ne peuvent pas se passer de voiture. Malgré les aides pour renouveler son véhicule dans le cadre du déploiement de la Zone à faibles émissions (ZFE), le reste à charge est encore trop élevé pour de nombreux Courneuvien-ne-s.
Manger bien, ça coûte plus cher
Cette question du pouvoir d’achat domine l’échange suivant, consacré à l’alimentation. « Manger bien, ça coûte plus cher », répond le maire à Christophe, qui regrette l’absence de magasins bios et de commerces de bouche. Pour obtenir des tarifs plus avantageux, les Engagé-e-s de la Maison pour tous Cesária-Évora ont instauré un système de commande groupée de produits bio. « Tout le monde peut venir », précise Annette, l’une d’entre elles. Quant à la municipalité, elle va investir pour proposer de plus en plus de produits locaux et bios dans les cantines scolaires. « C’est bien de faire en sorte que les enfants aient une bonne alimentation, parce qu’ils sont des vecteurs d’information pour leurs parents », commente Danielle.
Dernier thème de travail : les déchets et le tri sélectif, qui posent toujours problème dans la commune. Si certains habitant-e-s suggèrent de sanctionner les mauvais trieur-euse-s, les élu-e-s ne veulent pas d’une écologie punitive. « Il faut accompagner les habitants pour que ça devienne un automatisme et travailler avec les bailleurs pour mettre en place des espaces collectifs dédiés au tri dans les nouvelles constructions », indique la conseillère municipale Sonia Tendron. Et pourquoi pas organiser un marathon des déchets ? C’est l’une des propositions faites par les membres du Conseil communal des enfants (CCE). Comme les membres du Conseil local de la jeunesse (CLJ), elles et ils sont venus dire leurs engagements et leurs attentes. Des attentes que l’équipe municipale note soigneusement en vue de la rédaction d’ici juin de son Agenda 2030, qui déclinera les actions à mener localement pour un développement durable. Pour les enfants et les jeunes, il faut agir vite, et fort.
Textes : Olivia Moulin ; photos : Jeanne Frank et Léa Desjours
Faire plus de place à la nature en ville
Dans le cadre du plan de reboisement lancé par la municipalité, les jardinier-ère-s de Plaine Commune ont planté une forêt urbaine à côté de la gare RER.
Ce n’est pas un nouveau jardin, mais une forêt qui est en train de pousser sur le talus Lecœur, rue Parmentier. Précisément, une microforêt comme celles déployées depuis quarante ans par le botaniste japonais Akira Miyawaki dans son pays et dans le monde. Le principe ? Restaurer un écosystème forestier en plantant de façon très serrée, sur un sol ameubli et enrichi, diverses espèces locales. Par un phénomène de compétition naturel, ces dernières vont se concurrencer pour accéder à l’eau et à la lumière et pousser ainsi plus vite et plus haut. En trois ou quatre ans, la plantation va devenir autonome : plus besoin de l’entretenir ni de l’arroser.
Sur les presque 500 m2 du site, les jardinier-ère-s de l’unité territoriale Parcs et jardins de Plaine Commune ont donc décaissé, décompacté et amendé le sol avec du compost et du paillage avant de faire la plantation. « C’était une pelouse assez pauvre en biodiversité végétale, alors on a reconstitué un sol optimal pour la croissance des arbres », explique Philippe Garnier, responsable du patrimoine hydraulique, travaux neufs et espaces verts pour La Courneuve. Ensuite, l’équipe a reconstitué les strates d’une forêt primaire en plantant une prairie fleurie, des vivaces couvre-sol, des arbustes et des baliveaux (jeunes arbres de 1 à 1,5 mètre). Chênes, sorbiers, pruniers, érables… Au total, 380 arbres ont été plantés.
La création de cette forêt urbaine s’inscrit dans l’engagement de la municipalité de planter 2024 arbres d’ici 2024 pour purifier et rafraîchir l’air ambiant, favoriser la biodiversité, apporter de l’ombre et aussi embellir le cadre de vie des habitant-e-s. Un engagement d’autant plus ambitieux que La Courneuve est un milieu urbain très dense. « On cherche toujours de nouveaux espaces à végétaliser, en travaillant en collaboration avec tous les acteurs : aménageurs, bailleurs sociaux, Département… », rappelle Philippe Garnier. Végétaliser, c’est l’affaire de tout-e-s.