À l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la municipalité organise un débat le mercredi 23 novembre à 18h30 sur le thème "La fin des violences faites aux femmes commence par le changement de nos sociétés", en présence de Soumya Bourouaha, députée de la 4e circonscription de la Seine-Saint-Denis,Toktam Tajafari, artiste visuelle et le collectif #NousToutes.
Maison de la citoyenneté James-Marson, 33 avenue Gabriel-Péri.
Ce corps que l’on nous prend !
Rencontre avec Toktam Tajafari, artiste iranienne.
« Dans cette révolution, les femmes sont devant ! C’est notre façon de nous battre pour récupérer le corps que l’on nous a pris. Lorsqu’en Iran j’étais encore étudiante en arts, les modèles ne posaient pas nus en public. Mais avec les étudiants et certains professeurs, il y avait parfois moyen de trouver de petites ouvertures. Tout cela correspond à mon éducation. Pourtant, je suis convaincue qu’au fond de moi je n’ai jamais accepté cela, je voulais m’en libérer. Pour moi, la nudité est naturelle, elle est spirituelle aussi. Et puis comment penser l’art sans le corps ? » Pour Toktam Tajafari, 37 ans, créer est une nécessité. Aujourd’hui, la jeune femme vit au rythme du combat que livrent les Iraniennes, en Iran et partout ailleurs. Établie en France depuis 2012, l’artiste plasticienne s’est vue confier par la Ville de La Courneuve la création de l’affiche illustrant la Journée internationale pour l’élimination de la violence envers les femmes, le 25 novembre prochain. En quelques coups de crayon, elle esquisse une femme nue, les yeux clos, qui serre un oiseau dans ses bras. Une manière peut-être d’adoucir les âmes : « J’ai souhaité mettre de la distance entre moi et les images violentes que l’on a beaucoup vues. La femme a toujours été présente dans mon travail, l’humain de façon générale. Et puis j’avais envie d’une image intemporelle que chacun peut interpréter librement. C’est important pour moi. L’imaginaire et le rêve, c’est ce qui nous sauve. » Quant à cet oiseau bleu, Toktam Tajafari avoue qu’il s’invite souvent dans ses créations ces temps-ci : « Je ne sais pas pourquoi mais je le laisse faire. Qui sait ? Il est peut-être le signe d’une liberté à venir pour l’Iran. »
Texte : Mariam Diop