Une nouvelle émission du LC Mag’ a été enregistrée, mardi 27 avril, à l’espace jeunesse Guy-Môquet autour de la question de l’esclavage, une initiative trouvant place dans le Mois des Mémoires, proposé par l’association Kreyol et le service Jeunesse.
Nouvel opus ! Un véritable studio était aménagé le mardi 27 avril au soir à l’espace jeunesse Guy-Môquet, investi par le LC Mag’ afin d’enregistrer son émission. Le thème : la mémoire de l’abolition de l’esclavage à l’occasion des 20 ans de la loi du 21 mai 2001 qu’avait fait adopter la députée Christiane Taubira, loi reconnaissant l’esclavage et la traite négrière comme un crime contre l’humanité. Jacques Chirac avait ensuite décidé en 2006 de consacrer le 10 mai comme Journée commémorative de l’abolition de l’esclavage en métropole, s’ajoutant à celle du 27 mai, anniversaire de l’abolition de 1848. Cette conjonction de dates a amené le service Jeunesse et l’association Kreyol à consacrer à ce thème le Mois des Mémoires du 27 avril au 10 juin.
La sensibilisation du grand public reste lente
Les jeunes du LC Mag’ sont bien rodés et l’ambiance est détendue, quoique sérieuse. On retrouve la composition habituelle : un sketch, le Gossip News par Hana et Doriane, un grand reportage sous la forme d’un micro-trottoir par Tricha, Apolline et Sheineze, et une chronique, Ve Show, par Jimmy. Ces vidéos sont entrecoupées par un débat en plateau où ces dernières et les présentateurs Malika et Loyce interrogent Aïssata Seck, présidente de l’Association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais, qui travaille à la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, et Marcel Dorigny, un historien à la retraite, membre du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage. Les questions posées ont fait l’objet d’une préparation avec notre collaboratrice du service Communication, Cécile Giraud.
Les personnes interrogées à l’occasion du micro-trottoir, si la loi Taubira leur est plutôt inconnue, témoignent d’une conscience vive de l’importance de ce crime perpétré pendant plusieurs siècles. « Cela touche une grande partie de la population noire », juge un jeune homme, une femme notant qu’« on ne parle pas assez de l’histoire de l’Afrique ». Des enseignant-e-s questionnés expliquent que le sujet est abordé au CM2, en quatrième et en seconde mais « pendant une demi-heure » ou dans le cadre de l’enseignement moral et civique. En plateau, Aïssata Seck et Marcel Dorigny confirment que, si les programmes intègrent l’esclavage, la sensibilisation du grand public reste lente.
Le thème est abordé de l’impact de l’esclavage sur le monde d’aujourd’hui. Marcel Dorigny souligne les effets de la saignée de populations déportées (15 millions) sur les sociétés africaines : perte des forces vives (les personnes avaient entre 15 et 30 ans), déficit d’activités du fait de l’introduction de produits lors des achats d’esclaves, développement du préjugé racial... Aïssata Seck ajoute une conséquence : la diversité qui a façonné la société française. « La France a de la difficulté à regarder son passé », ajoute la spécialiste. Afin de faire connaître cette histoire, l’un et l’autre préconisent l’apposition au pied des statues de plaques explicatives sur les figures esclavagistes et l’appellation de rues et de places du nom de personnalités abolitionnistes. « La reconnaissance comme crime contre l’humanité n’a qu’une valeur symbolique, les criminels ayant tous disparu », déplore Marcel Dorigny. Et les symboles, ça compte. Diffusion de l’émission le 10 mai prochain.
Textes : Nicolas Liébault ; photos : Léa Desjours
Dates clés de l'abolition de l'esclavage
- 1793 : Le commissaire de la République Sonthonax abolit l’esclavage dans la possession française de Saint-Domingue.
- 1794 : La Convention vote le décret d’abolition de l’esclavage qui étend l’abolition de Sonthonax aux autres colonies françaises.
- 1802 : Napoléon Bonaparte rétablit la traite et l’esclavage conformément à la législation en vigueur avant 1789.
- 1817 : Une loi française abolit la traite des Noirs.
- 27 avril 1848 : Un décret abolit définitivement l’esclavage dans les colonies françaises.