Prendre l’air

Publiée le 24 juin 2021

Prendre l’air

sortie plage enfants

De juin à juillet, les élèves de maternelle et d’élémentaire peuvent profiter d’une journée en extérieur grâce à des moyens financiers et humains mobilisés par la Ville. Reportage lors d’une sortie dans la baie de Somme, jeudi 17 juin.

Le challenge proposé par Izyan à ses camarades à peine installés dans le car, à 6h30 ? « On ne doit pas s’endormir ! » Les dix-huit élèves de CM1 de l’élémentaire Joséphine-Baker ont pourtant dû se lever aux aurores et ont près de trois heures de route à faire pour se rendre dans la baie de Somme. Lecture de Tom-Tom et l’impossible Nana, bavardages, parties de Dobble et d’Action ou vérité, chahutage, manipulation du jeu de logique antistress Pop it ! – un carton dans les cours de récréation —, dessins… Les enfants n’ont aucune difficulté à ne pas sombrer dans le sommeil pendant le trajet. « Ils sont surexcités ! » sourit leur enseignante, Ornella Frère.


En plus de la baignade et du pique-nique à Quend-Plage et de la balade sur la plage du Crotoy prévus depuis quelque temps, elle a ajouté au programme une séance d’Accrobranche grâce au financement accordé par la municipalité. « Ils ne sont pas au courant, c’est une grosse surprise que je leur annoncerai au tout dernier moment. » Pour encadrer cette grosse sortie, l’enseignante s’est entourée de deux mamans et d’une animatrice stagiaire en centre de loisirs. « On n’a pas de chance, de la pluie est annoncée », regrette-t-elle.

S’initier à l’arbo-escalade


Si le sommeil ne vient pas, l’impatience monte vite dans les rangées du véhicule : les « Maîtresse, quand est-ce qu’on arrive ? » ou « Maîtresse, c’est encore loin ? » fusent moins d’une heure après le départ. Certain-e-s élèves n’ont encore jamais vu la mer. « Je m’en suis rendu compte un jour où on parlait de pollution à l’école, quand je leur ai montré des photos de marées noires et de l’océan de plastique », explique Ornella Frère. Pour détourner leur attention du trajet, elle en fait un cours de géographie, en présentant les types de paysages qui défilent, en détaillant les départements et les régions qui se suivent.

À 9h32, les écolier-ère-s sortent enfin du car et découvrent, dans un mélange d’émerveillement et d’incrédulité, la surprise réservée par leur enseignante. Deux employées du parc Arbre & Aventure – Côte picarde, situé à quelques centaines de mètres de la plage de Quend, les équipent de baudriers avec longes, mousquetons et poulie avant de les initier à l’« arboescalade ». « Il faut bien vous attacher avec les deux mousquetons, c’est vous qui allez gérer votre sécurité », insiste l’une des surveillantes. « Moi, je n’ai pas
peur, je suis un homme ! » fanfaronne Elouan, avant de s’élancer dans la forêt où ont lieu les activités.


Passerelles suspendues, tyroliennes, ponts ciseaux, tonneaux, poutres d’équilibre… Pendant deux heures, marquées par seulement quelques gouttes de pluie, les enfants effectuent avec plus ou moins de courage les trois parcours aventure qui leur sont destinés : le « Kid rouge », le « Kid vert » et le « Kid bleu ». « Le plus difficile, c’est le rouge », assure Harouna, qui a pourtant fait, et refait, tous ces parcours avec une vitesse et une aisance déconcertantes et veut absolument tester l’un de ceux destinés aux plus de 11
ans. « On l’appelle Kirikou, parce qu’il est vaillant », tiennent à préciser plusieurs de ses camarades. « Tout m’a fait peur ici, c’était grave dur », glisse quant à elle Jerencini à la fin de la séance, tout en affichant une mine réjouie.

Piquer une tête


Dans l’avenue qui les mène ensuite à la mer de la Manche, sous un temps radieux, les enfants marchent, bondissent et courraient si elles et ils ne devaient pas s’arrêter aux passages piétons. À l’arrivée sur la plage, l’excitation est totale. « C’est trop bien ici ! » s’exclame Isra avant de construire un château de sable. « On va le décorer avec des coquillages et après on va l’entourer avec de l’eau », propose Chifa. Pressés de se baigner, les enfants doivent d’abord manger avant d’aller, en petits groupes, piquer une tête et se rouler dans les vagues. « Moi, si je pouvais rester une semaine dans l’eau, je le ferais ! » s’écrie Zouina. « On a de l’eau salée qui entre dans le nez et on a plein de sable sur le visage », rigole Mahmoud.


Après un bref passage par la plage du Crotoy, où la marée basse découvre son lot de coquillages à contempler et à récolter, pour le plus grand plaisir de Yuhan, c’est l’heure du retour. Dans le car, échauffés par le soleil et par les réjouissances de la journée, beaucoup d’élèves continuent de bavarder et de s’amuser, mais Mahmoud et quelques autres s’endorment dare-dare. Challenge
raté, mais sortie réussie.

Textes : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours