L’inclusion par le sport

Publiée le 26 mai 2021

L’inclusion par le sport

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Rassembler des personnes porteuses de handicap et des personnes valides autour des mêmes activités physiques et sportives. C’est l’objectif du Festival départemental des pratiques partagées organisé le 20 mai au stade Géo-André par la Fédération sportive et gymnique du travail 93, avec l’appui de la Ville.

Il y a des jours comme des symboles. Des jours où la météo, maussade et pluvieuse depuis longtemps, réserve par surprise des rayons de soleil. Des jours où Sarah et ses copines de 5e du collège L’Espérance d’Aulnay-sous-Bois jouent au ballon avec Erwin et d’autres personnes avec une déficience intellectuelle de l’établissement et service d’aide par le travail (ESAT) Vivre autrement de Saint-Denis, sans la moindre gêne : « On s’amuse bien, lance l’adolescente. C’est dommage qu’on ne normalise pas plus les handicapés ! » Le jeudi 20 mai dernier était l’un de ces jours, où quelque 400 personnes ont participé à la septième édition du Festival départemental des pratiques partagées au stade Géo-André. Un festival organisé dans un format allégé et selon un protocole sanitaire strict cette année à cause du contexte sanitaire.

Portée depuis 2014 par le comité départemental de Seine-Saint-Denis de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT 93), avec le soutien du Département, cette initiative permet à des personnes en situation de handicap, jeunes et adultes, venues de structures spécialisées — ESAT, instituts médico-éducatifs (IME), dispositifs Unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS)… — et à des collégien-ne-s de faire du sport ensemble. « On n’est pas dans une conception figée du sport, on adapte les espaces, les consignes et les règles pour que chacun puisse utiliser ses propres capacités. C’est l’enjeu de la pratique partagée : montrer que l’inclusion par le sport est possible dans toutes les disciplines pour changer le regard sur le handicap », insiste Clément Rémond, coprésident de la FSGT 93. La pratique partagée entre personnes valides et personnes porteuses de handicap se présente donc comme une démarche complémentaire à la pratique handisport et au sport adapté.

Prendre confiance en soi-même

Danse, basket, tchoukball, capoeira, flag football… Lors du festival, les membres de la FSGT et des comités et clubs sportifs partenaires, comme Le Flash de La Courneuve, proposent un large éventail d’activités. « Ici, les élèves ont accès à des sports auxquels ils n’ont pas forcément accès d’habitude ou qu’ils ne se seraient pas pensés capables de faire, confirme Fatiha Kernissi, coordonnatrice de l’ULIS du collège Jean-Vilar à Villetaneuse. Ça les aide à ne plus se considérer comme inférieurs aux autres et à prendre confiance en eux-mêmes. » Parmi les douze jeunes en train de faire de l’escalade qu’elle accompagne avec sa collègue professeure d’EPS, certains souffrent de dyspraxie, un trouble de la coordination motrice.

Saluée par tous les participant-e-s, l’initiative s’inscrit dans une démarche plus globale destinée à créer un lien durable entre un collège et une structure spécialisée et à sensibiliser le mouvement associatif local à l’inclusion. « On organise plusieurs rencontres, sportives ou non, dans l’année entre des groupes de collégiens et des groupes de personnes en situation de handicap pour qu’ils apprennent à se connaître avant l’événement, explique Yohan Massot, chargé de développement à la FSGT 93. Et on propose aux comités et aux clubs sportifs du département des formations autour des spécificités des publics en situation de handicap et des contenus d’activités adaptés. » Objectif ? Favoriser la création, dans chaque commune, d’« espaces de proximité pour la pratique sportive partagée » pour permettre aux personnes porteuses de handicap de participer pleinement et entièrement à la vie de la cité.

Pour la Ville, engagée dans la lutte contre toutes les formes de discrimination, la démarche de la FSGT 93 est une démarche à suivre. En plus de l’appui administratif et technique apporté à l’organisation du festival, le service des Sports et l’Office municipal des sports (OMS) vont ainsi lancer une action de formation à l’accueil et à l’accompagnement des personnes en situation de handicap en direction des clubs sportifs courneuviens. C’est que, comme le souffle Erwin, « quand on fait du sport, on se sent bien ». Olivia Moulin

En chiffres

12 millions, c’est le nombre de personnes porteuses de handicap recensées en France

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« Accompagner dans le quotidien et dans les démarches administratives »

Le mot de l’élu, Nacim Kharkhache, conseiller municipal délégué aux droits des personnes porteuses de handicap et de leurs familles.

« Le sport est l’un des leviers les plus efficaces pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap. Les associations sportives, à l’instar des écoles, sont des espaces où se forment la citoyenneté et le vivre-ensemble et, dans notre ville, elles sont fréquentées essentiellement par des enfants et des adolescents, qui sont les adultes de demain. C’est la raison pour laquelle la municipalité mène une politique volontariste pour mettre à disposition de toutes les associations sportives courneuviennes les outils nécessaires à l’accueil et à l’accompagnement des jeunes en situation de handicap, quel que soit leur handicap. Il s’agit de travailler en partenariat avec elles pour former leurs éducateurs. Les dirigeants d’associations avec lesquels j’ai pu échanger y sont tous favorables ! C’est d’ailleurs notre leitmotiv de manière générale : élaborer nos stratégies en partenariat avec tous les acteurs concernés par la thématique du handicap.  

En plus du sport, la municipalité s’engage sur tous les aspects contenus dans la charte Ville-Handicap qu’elle a signée : l’emploi, l’éducation, l’accessibilité des lieux publics et des logements… Nous venons ainsi de relancer le recrutement de candidats pour la formation d’Accompagnants des élèves en situation de handicap dans le cadre du label Cités éducatives et nous avons déployé l’application I Wheel Chair, qui recense tous les lieux, services et événements accessibles à La Courneuve.  

Pour accompagner les personnes en situation de handicap et leurs familles dans leur quotidien et dans leurs démarches administratives, qui peuvent être très compliquées, la municipalité va aussi mettre en place dans le courant de l’année un point d’information au pôle Mécano. Elles y trouveront toutes les ressources dont elles ont besoin pour accéder à leurs droits, à des activités. Enfin, nous envisageons de mettre en place un café des aidants. L’objectif étant d’offrir aux aidants un lieu dédié, pour échanger avec un psychologue, un travailleur social et rencontrer d’autres aidants dans un cadre convivial. »  

Quésaco ?

Connaissez-vous la boccia ?

Jeu de boule proche de la pétanque, la boccia (« boule » en italien) est un sport mixte conçu pour les personnes atteintes d’un handicap physique ou moteur lourd en fauteuil roulant, comme les tétraplégiques, les myopathes ou les infirmes moteurs cérébraux. Elle se pratique en intérieur, sur une surface lisse de la taille d’un terrain de badminton (12,5 m x 6 m), individuellement, en double, en triplette. Chaque joueur ou équipe possède six balles en cuir, soit rouges soit bleues, à lancer le plus près possible d’un cochonnet blanc appelé « jack ». Les sportifs-ive-s qui ne peuvent pas lancer la balle avec leur main peuvent le faire avec une rampe, une sorte de bras articulé, et utiliser une tige (tenue à la main, à la bouche ou accrochée à un casque selon leurs capacités fonctionnelles) comme système de déclenchement. Elles et ils se font aider par un-e assistant-e sportif, dos au jeu pendant toute la durée des manches, pour exécuter leurs instructions.

Pratiqué dans plus de 75 pays à travers le monde, ce sport de précision, d’adresse et de stratégie est devenu une discipline paralympique en 1984. Championne d’Europe, l’équipe de France s’est qualifiée pour les Jeux paralympiques de Tokyo qui auront lieu du 24 août au 5 septembre prochains.

Textes : Olivia Moulin ; photos : Thierry Ardouin

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