Cette année, la Ville s’associe avec l’Alliance des civilisations de l’ONU (UNAOC) pour lutter contre les discriminations, les fake news et les discours de haine. L’objectif ? Promouvoir la bienveillance entre les cultures et les religions en s’appropriant les médias.
Quel rôle les médias peuvent-ils jouer dans la lutte contre les discriminations ? C’est la question que s’est posée la Ville en montant le projet « Les Médias C’est Nous », en partenariat avec l’UNAOC. De février à juin 2021, des ateliers chapeautés par quatre facilitatrices – Nora Hamadi, Latifa Oulkhouir, Radia Bakkouch et Claire-Hélène Frileux – permettront aux jeunes qui le souhaitent de peser dans le débat public, apprendre à déconstruire les préjugés et identifier la « mal-information ». Pour ce faire, la Ville propose de s’emparer des médias en allant à la rencontre de l’autre et lutter contre les stéréotypes ainsi que les fausses représentations. Une première série d’ateliers se consacrera à la discussion autour de ces sujets. Ce sera l’occasion, pour tout le monde, de faire connaissance, prendre la parole en public et inclure chacun-e au récit de cette aventure. La seconde série d’ateliers, plus techniques, plus concrets, proposera aux plus curieux-euses de s’approprier les différents médias. À travers le Web, les podcasts, la vidéo…, les facilitatrices inviteront des intervenant-e-s pour inculquer les bonnes pratiques du journalisme.
Un LC Mag’ spécial en juin
Tout au long du projet, un film sera réalisé et diffusé à La Courneuve, puis dans d’autres villes françaises et une instance de l’ONU, en fin d’année prochaine, en présence de participant-e-s courneuvien-ne-s. Dès le mois de juin, une émission du LC Mag’ lui sera entièrement consacrée pour clore ce projet. Tu souhaites devenir journaliste ? Ou tu es simplement curieux-euse ? Tu veux partir à la rencontre des habitant-e-s de La Courneuve et raconter leur histoire ? Pour participer, rien de plus simple. Il suffit de t’abonner au compte Instagram LesMediasCestNous et d’envoyer un DM. Si tu préfères, tu peux aussi écrire un e-mail à l’adresse lesmediascestnous@ville-la-courneuve.fr ou appeler Maëva au 06 09 53 01 69. On compte sur toi !
Texte : Cécile Giraud
RADIA BAKKOUCH
Née d’un père marocain et d’une mère libano-palestienne, Radia Bakkouch a vécu jusqu’à ses 14 ans au Maroc. Diplômée en Relations internationales, spécialisée sur la paix et le Moyen-Orient, celle qui préside aujourd’hui le plaidoyer de Coexister a toujours été passionnée par les questions de paix. Mouvement interconvictionnel* de jeunesse et d’éducation populaire, l’association s’adresse à des jeunes de 15 à 35 ans pour favoriser les espaces, la pédagogie, la rencontre et la cohésion sociale. Le but ? Que les jeunes apprennent à mieux vivre ensemble. Petite déjà, Radia voit autour d’elle des personnes se déchirer et rompre des amitiés à cause du conflit israélo- palestinien, qui a toujours joué un grand rôle dans sa vie. Pendant ses études, elle passe un an en Terre sainte pour essayer de mieux comprendre cette situation.
Elle y découvre une multitude d’initiatives de paix entre les jeunes. De retour en France, c’est la révélation. Elle tape sur Google les mots clés « inter-religieux », « France », « Jeune » et découvre Coexister. Radia décide alors, à côté de ses cours à la faculté, de s’engager bénévolement dans l’association. Quelques années plus tard, elle en prendra la tête pour en servir pleinement la cause à l’âge de 23 ans. Développer son empathie, sa curiosité, la communication non violente… En plus de son expérience, ce sont les maîtres mots que Radia Bakkouch partagera en tant que facilitatrice. « Je souhaite que les jeunes sortent de ces ateliers avec une expérience positive. Il n’est jamais trop tôt pour s’engager et être un élément essentiel de la diversité. »
* Mouvement qui rassemble plusieurs religions et croyances.
CLAIRE-HÉLÈNE FRILEUX
Le voyage et les rencontres. Voilà ce qui a motivé toute la vie de Claire-Hélène, formatrice auto-entrepreneuse passionnée. En ce moment, elle anime des ateliers dans le 93 sur la communication et les codes de langage pour l’association Citoyenneté Possible. Pour Enactus, elle travaille autour de l’économie sociale et solidaire avec des lycéen-ne-s en insertion. Et pour l’association Peuple & Culture, elle aide à monter des projets dans le cadre du Fonds citoyen franco-allemand. Ah oui, et quand elle a le temps, elle facilite des rencontres interculturelles et accompagne les jeunes dans des programmes de mentorat. Deux voyages à 10 ans et 15 ans, un Bafa à 17 ans, une licence en langues, un semestre en Erasmus et un master en Études européennes et Relations internationales... Les choix de Claire-Hélène ont souvent été faits en fonction de la découverte du monde qui l’entoure. Son mémoire portera sur la révolution tunisienne en 2011 et elle enseignera, à Malte, le français et l’anglais à des réfugié- e-s. En 2015, elle dirige une structure pour faire partir des jeunes à l’étranger, et c’est en 2018 qu’elle se met à son compte. Le vivre-ensemble, la citoyenneté, l’interculturalité, la démocratie… Ce sont les thèmes qui ont toujours accompagné Claire-Hélène. « “Les Médias c’est nous” va permettre d’apprendre sur soi et d’ouvrir des portes que l’on n’aurait jamais pensé ouvrir. Ce projet peut avoir un réel impact sur la vie future ! »
NORA HAMADI
Nora Hamadi a plusieurs casquettes. Notamment journaliste pour Arte, elle est aussi éditorialiste politique pour France Info et BFMTV. Militante dans les quartiers populaires, elle anime des ateliers d’éducation aux médias et d’écriture en milieux scolaires, en centres sociaux et prisons depuis une quinzaine d’années. Par ailleurs, via le magazine engagé Fumigène, dont elle est co-rédactrice en chef, elle fait entendre les voix et récits de celles et ceux à qui on donne peu la parole. Avec son collectif, de Tourcoing à Stains ou Montreuil, celle qui a gravi les échelons avec son talent et sa ténacité tente aujourd’hui d’ouvrir la voie aux jeunes qui, comme elle, sont partis de rien. Depuis le début de sa carrière, Nora est spécialisée sur les questions européennes. Mais son engagement est ailleurs : dans les banlieues, pour faire émerger la parole des jeunesses populaires. Originaire de l’Essonne, elle est un « pur produit de banlieue et de méritocratie républicaine ». « Faire du journalisme citoyen, créer des médias de proximité, c’est primordial, explique-t-elle. Il ne faut pas attendre qu’on vous donne la parole pour la prendre. Quand on vous refuse le droit à la parole, on vous dénie le droit d’exister. Alors prenez-la ! Parlez, écrivez ! »
LATIFA OULKHOUIR
Si Latifa Oulkhouir avait écouté tous les détracteur-rice-s de notre société, elle n’aurait jamais pu être l’une des quatre facilitatrices du projet « Les Médias C’est Nous ». À 31 ans, la directrice du Bondy Blog se targue de représenter une nouvelle génération de journalistes engagés, jeunes, et furieusement doués. Lorsqu’elle entame sa carrière de journaliste, Latifa ne connaît personne dans le milieu. Elle n’a pas fait d’école et n’a aucun réseau. Pendant ses études, alors qu’elle est bénévole dans une association de quartier à Nanterre, elle consulte régulièrement le Bondy Blog. Très animée par les sujets qu’il couvre, Latifa rejoint l’équipe en 2013, des sujets plein la tête. Alors qu’elle entame un cursus de droit, elle trouve néanmoins sa vocation au sein de la rédaction. « J’ai toujours eu envie d’écrire, de devenir journaliste. J’ai longtemps pensé que ce métier ne m’était pas accessible, mais ils m’ont prise et c’est comme ça que j’ai progressé », raconte-t-elle. Si bien qu’elle gravit les échelons, petit à petit, article après article. Aujourd’hui, par son expérience, elle sait à quel point il est important de restaurer la confiance entre les médias et les jeunes publics : « S’inscrire aux ateliers de l’UNAOC est une occasion de déconstruire les préjugés à la fois au niveau de la société mais aussi entre les jeunes. En intégrant des structures qui nous accompagnent, on apprend beaucoup. »
Photos : Léa Desjours